Domaine | Compilations, linguistique historico-comparative, linguistique générale, phonétique et phonologie |
Secteur | Linguistique historico-comparative [5212] |
Auteur(s) | Leskien, August |
Datation: 8 juillet 1840 - 20 septembre 1916 Linguiste allemand, né à Kiel, mort à Leipzig. Disciple de Curtius et de Schleicher, successeur de ce dernier (mort en 1868) à Iena (1869), Leskien fut professeur (chaire de slavistique) à Leipzig de 1870 jusqu'à la fin de sa carrière. Il est l'aîné du groupe des néo-grammairiens qui s'est constitué à Leipzig en 1875 et comprend aussi K. Brugmann, H. Osthoff, B. Delbrück, W. Braune, H. Paul, E. Sievers, sans parler de H. Hübschmann, K. Verner et F. de Saussure, qui, sans adhérer proprement à ce cercle, travaillaient à Leipzig à la même époque et ont été en relation avec lui. Le renom et l'influence de Leskien ont été immenses dans le domaine des études baltiques et slaves, où son enseignement a été suivi par Fortunatov, Saussure, L. Bloomfield, Troubetzkoy et Tesnière. Leskien est le découvreur d'une loi phonétique en lituanien (voir Collinge 1985); son œuvre, considérable, comprend notamment deux grands classiques de la slavistique, à savoir son Manuel (1871) et sa Grammaire (1909) du vieux slave, qui ont fait l'objet de plusieurs éditions et dont on se sert encore aujourd'hui. Sa place dans l'histoire de la linguistique est moins celle d'un théoricien du courant néo-grammairien que celle d'un homme de science qui recourt aux théories lorsqu'elles lui fournissent une aide dans sa spécialité. Leskien s'est intéressé aussi à la linguistique générale; c'est à lui que l'on doit la traduction allemande (1876) de l'ouvrage de Whitney, The Life and Growth of Language, un an après la parution de l'original (1875). | |
Titre de l'ouvrage | Die Declination im Slavisch-litauischen und Germanischen |
Titre traduit | La déclinaison en balto-slave et en germanique |
Titre court | Declination im Slavisch-litauischen und Germanischen |
Remarques sur le titre | |
Période | |19e s.| |
Type de l'ouvrage | Livre écrit pour répondre à un concours ouvert par une société savante de Leipzig sur le thème suivant: "Eine eingehende Erforschung des besonderen Verhältnisses, in welchem innerhalb der indogermanischen Gemeinschaft die Sprachen der litauisch-slavischen Gruppe zu den germanischen stehen" [Une étude minutieuse des relations particulières qu'entretiennent les langues du groupe balto-slave avec les langues germaniques à l'intérieur de la famille indo-européenne] (p. IV). Leskien a remporté le prix en mars 1876. |
Type indexé | Linguistique historico-comparative | Traité de morphologie |
Édition originale | 1876, Leipzig, Hirzel. |
Édition utilisée | 1876, Leipzig, Hirzel. |
Volumétrie | In-4°; nombre de pages: xxix + 158; 44 lignes de 12 cm par page; env. 3000 signes par page. |
Nombre de signes | 561000 |
Reproduction moderne | |
Diffusion | |
Langues cibles | Balto-slave et germanique, avec mention d'autres langues indo-européennes |
Métalangue | Allemand |
Langue des exemples | |
Sommaire de l'ouvrage | [P. v-xxix] Introduction (sans subdivisions). [1-106] A. Noms. [3-77] I. Les cas du singulier (avec subdivisions selon les différents cas et les thèmes flexionnels). [77-106] II. Les cas du pluriel (mêmes subdivisions). [106-107] III. Les cas du duel. [108-157] B. Pronoms. [108-130] I. Les pronoms non personnels (avec différentes subdivisions). [130-138] II. La déclinaison pronominale des adjectifs (id.). [138-157] III. Déclinaison des pronoms personnels (id.). [157-158] Conclusion (sans titre). |
Objectif de l'auteur | Le sujet mis au concours montre que la question des relations de parenté entre les langues indo-européennes préoccupait les esprits. Schleicher avait tenté de la résoudre en recourant au modèle de l'arbre généalogique (Stammbaum), et J. Schmidt venait d'y consacrer un opuscule (1872) pour réfuter ces vues. Leskien récuse les deux approches: il montre que, à en juger du moins par l'exemple de la déclinaison, l'étroite relation de parenté qu'admettait Schleicher entre le balto-slave et le germanique n'est pas justifiée par l'analyse des faits de langue, et contre Schmidt il fait valoir que la situation géographique actuelle des langues indo-européennes n'enseigne rien sur le passé, c'est-à-dire sur ce que pouvaient avoir été les lignes d'isoglosses à une époque ancienne. |
Intérêt général | L'ouvrage est resté célèbre pour être le premier où est affirmé le principe néo-grammairien de la régularité absolue (Aufnahmlosigkeit) des lois phonétiques, deux ans avant le manifeste de Osthoff et Brugmann dans le même sens (préface aux Morphologische Untersuchungen, 1878; texte repris dans Christmann 1977 et, en version anglaise, dans Lehmann 1967). La formulation de Leskien est la suivante: "Dans la recherche, je suis parti du principe (Grundsatz) que la forme qui nous est transmise d'un cas ne repose jamais sur une exception aux lois phonétiques suivies par ailleurs (auf einer Ausnahme von den sonst gefolgten Lautgesetzen)… Admettre des déviations arbitraires (beliebige… Abweichungen), fortuites, impossibles à coordonner, c'est dire au fond que l'objet de la recherche, la langue, est inaccessible (nicht zugänglich) à la science." (Einleitung, p. xxviii; trad. fr. de Meillet 1937, p. 469-470). |
Parties du discours | |
Innovations term. | Les concepts essentiels des néo-grammairiens, avant tout la régularité des changements phonétiques et l'analogie. |
Corpus illustratif | |
Indications compl. | Le principe de la constance des lois phonétiques a une valeur essentiellement heuristique; c'est la condition pour qu'une science du langage (au sens de l'époque, c'est-à-dire une approche diachronique) soit possible. On est loin ici de l'image caricaturale à laquelle trop d'historiens de la linguistique réduisent le mouvement néo-grammairien. |
Influence subie | |
Influence exercée | Le grand mérite du courant néo-grammairien – quelles qu'en soient par ailleurs les limites – a été d'introduire une exigence de rigueur en matière de phonétique historique; on ne peut plus désormais admettre des déviations arbitraires, sauf à se satisfaire d'une capitulation de l'esprit humain devant les faits dont il doit rendre compte. C'est une rupture épistémologique avec le romantisme; Meillet parle, avec raison, d'une "scission définitive" par rapport aux manières de faire antérieures, qui est à mettre au crédit du "mouvement de 1875" (1937, p. 468-469). |
Renvois bibliographiques | Einhauser E. 1989; Hammel R. 2009; Jankowsky K. R. 1972; Meillet A. 1937; Morpurgo Davies A. 1975; Morpurgo Davies A. 1994; Morpurgo Davies A. 1996; Normand C., Caussat P., Chiss J.-L. & Médina J. 1978; Schneider G. 1973 |
Rédacteur | Lamberterie, Charles de |
Création ou mise à jour | 2000 |