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Prākṛtaprakāśa

Vararuci

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurSanskrit, prakrits et pali: écoles non paninéennes [4331]
Auteur(s)

Vararuci

Datation: Entre le 3e et le 5e s.

Vararuci, seul nom courant connu, parfois confondu avec Kātyāyana. Personnalité de la grammaire indienne créditée d'un immense prestige, mais entourée de mystère. On ne dispose d'aucune donnée biographique. Il est raisonnable de penser qu'il a travaillé entre les 3e et 5e s.

Titre de l'ouvragePrākṛtaprakāśa
Titre traduitÉclaircissement du prakrit
Titre courtPrākṛtaprakāśa
Remarques sur le titre
Période|3e s.|4e s.|5e s.|
Type de l'ouvrageForme de type purement aphoristique (sūtra). Règles phonétiques et morphologiques de formation des mots appartenant au dialecte prakrit de base, la māhārāṣṭrī littéraire, à partir de la norme sanskrite (formulation de type "au lieu de … on a …"); Nitti-Dolci 1938a, p. 50.
Type indexéRègles grammaticales | Traité de morphologie | Traité de phonétique
Édition originaleÉdition princeps partielle in Christian Lassen, Institutiones Linguae Pracriticae, Bonn, 1837 (éd. des chap. I-IV, IX, XI, XII) et in Nicolaus Delius, Radices Pracriticae, Bonn, 1839 (éd. du chap. VIII).
Édition utiliséeThe Prākṛita Prakāśa of Vararuci. With the Sañjīvanī-Subodhinī-Manoramā and Prākṛtamañjarī Commentaries and Hindi Translation. Ed. by ācāryaśrī Baladeva Upādhyāya. Foreword by Dr. Mandan Mishra, Varanasi, 1996 (Sarasvatībhavana Granthamālā, vol. 102).
Volumétrie44 + 288 pages.
Nombre de signes340800
Reproduction moderne
DiffusionNombreux manuscrits dans toutes les bibliothèques indiennes. L'ouvrage de Vararuci a été la plus commentée des grammaires du prakrit, mais, curieusement et à la différence de ce qui se passe dans les autres cas, aucun commentaire n'est dû à l'auteur des aphorismes lui-même. On connaît, au total, six commentaires, représentant globalement deux groupes: 1) groupe de Bhāmaha, du nom du commentateur le plus ancien (8e s. p.C. environ) auteur de la Manoramā [La Charmante], rédigée au Cachemire: la Prākṛtamañjarī [Bouquet du prakrit] de Kātyāyana, commentaire versifié, difficilement datable; le commentaire de Rāmapāṇivāda (18e s. p.C.) originaire du sud de l'Inde; 2) groupe de Vasantarāja (14e-15e s. p.C. environ), le commentateur le plus exhaustif de Vararuci, suivi par les abrègements dus à Sadānanda, auteur de la Subodhinī [Celle qui instruit bien], et à Nārāyaṇa Vidyāvinoda (16e-17e s. p.C.; Banerjee 1998), auteur du Prākṛtapādaṭīkā [Commentaire sur les mots prakrits]. En outre, le livre sous rubrique a fait l'objet d'au moins une adaptation: le Prākṛtānanda [Joie du prakrit] du Pandit Raghunātha (texte tardif, mais date précise inconnue; Jinavijaya 1962). La relation avec le texte-source est du type de celle qu'entretiennent la Siddhāntakaumudī et ses divers abrégés avec la grammaire de Pāṇini: la matière est intégralement celle de Vararuci, mais l'ordre est mieux adapté à des fins pédagogiques: Sandhi (7 sūtra); thèmes masculins en voyelle (148 sūtra); thèmes féminins en voyelle (27 sūtra); neutres en voyelle (35 sūtra); thèmes masculins en consonne (65 sūtra); thèmes féminins en consonne (4 sūtra); neutres en consonne (2 sūtra); particules (27 sūtra); racines verbales et conjugaison (104 sūtra).
Langues ciblesLe prakrit principal, identifiable à la māhārāṣṭrī
MétalangueSanskrit
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageHuit sections (pariccheda) et un total de 420 à 430 aphorismes selon les recensions (431 dans l'édition utilisée, aucune ne contenant les aphorismes sans le commentaire): I. Voyelles (44 sūtra) – II. Consonnes simples (43 sūtra) – III. Groupes de consonnes (65 sūtra) – IV. Règles diverses (35 sūtra) – V. Nom et pronom (111 sūtra) – VI. Conjugaison (34 sūtra) – VII. Substitution de racines (80 sūtra) – VIII. Particules (19 sūtra). Seule entre toutes, la recension commentée par Bhāmaha a connu trois sections supplémentaires consacrées à d'autres dialectes: Paiśācī (14 sūtra), Māgadhī (17 sūtra), Śaurasenī (32 sūtra), mais il est maintenant avéré qu'il s'agit d'ajouts dont l'authenticité ne peut être reconnue. Il est probable que la popularité de l'ouvrage de Vararuci est pour beaucoup dans cet appendice: comme souvent en Inde, un livre populaire et très diffusé fait fonction de cristallisateur, l'absence de tout développement consacré à ces dialectes, traités dans toutes les autres grammaires du prakrit, ayant sans doute paru déroutante et été ressentie comme un manque insupportable.
Objectif de l'auteurL'auteur ne dit nulle part son objectif et commence in medias res, mais son livre s'adresse manifestement à un public qui, connaissant le sanskrit, souhaite composer de la poésie en māhārāṣṭrī, prakrit par excellence de la lyrique.
Intérêt généralL'ouvrage de Vararuci est le premier véritable exposé du prakrit classique. Il a donc une grande importance historique.
Parties du discoursMorphologie et phonétique sont les seuls domaines concernés par la grammaire.
Innovations term.
Corpus illustratifLa forme brève du sūtra, destinée exclusivement à la formulation de règles, interdit les exemples. En revanche, ceux-ci sont du domaine des commentaires dont ils constituent la matière principale. Tous citent des mots isolés ou des exemples fabriqués triviaux qui mettent en valeur les modifications à l'œuvre dans le passage du sanskrit au prakrit; certains (comme Rāmapāṇivāda) y ajoutent des citations empruntées au répertoire classique en māhārāṣṭrī, notamment à deux représentants des genres principaux: la Sattasaī [Sept cent strophes] de Hāla pour la lyrique, le Setubandha [La construction du pont, épisode venu du Rāmāyaṇa] pour l'épique. La source est tantôt mentionnée, tantôt à identifier, tantôt non identifiable en l'état actuel de nos connaissances. Quoi qu'il en soit, le vocabulaire prakrit qui sert de base aux règles est bien celui de ce répertoire (cf. Nitti-Dolci 1938a, p. 42-48).
Indications compl.
Influence subieL'influence du modèle imposé par Pāṇini pour la grammaire sanskrite est sensible dans plusieurs traits formels et constitue une référence constante bien que toujours implicite, comme si elle allait de soi: le nombre de chapitres est de huit, comme dans l'Aṣṭādhyāyī; la métalangue utilisée – mais non justifiée ni expliquée – est celle de Pāṇini (énoncés condensés, noms techniques des désinences ou des suffixes). La grammaire sanskrite, et donc en premier lieu Pāṇini, est également le dernier recours, pour tout ce qui n'a pas été exposé explicitement dans l'ouvrage, comme le reconnaît le dernier aphorisme: śeṣāḥ saṃskṛtāt (VIII.19), "le reste (est à inférer) à partir du sanskrit", c'est-à-dire, selon le commentaire considéré, de Pāṇini seul ou de Pāṇini et d'autres autorités incontestables comme Śākaṭāyana, Candra ou Śarvavarman.
Influence exercéeL'influence exercée par Vararuci sur tous les grammairiens du prakrit est immense. Son livre, "de tout temps considéré comme le traité le plus digne de foi sur les prakrits" (Nitti-Dolci 1938a, p. 13) est la référence obligée, le modèle par excellence, aussi bien chez les maîtres de l'école orientale (Puruṣottama, Mārkaṇḍeya) qui se situent dans la droite ligne de leur prédécesseur, que chez les grammairiens de l'école occidentale dont le chef de file est Hemacandra. Il fournit et la méthode et l'agencement des règles, établissant une norme qui ne souffrira que des modifications de détail et des innovations ponctuelles pour le domaine commun à tous les grammairiens du prakrit, à savoir le traitement du dialecte principal. En outre, lorsque les commentateurs de drames, de traités d'art dramatique ou de la Sattasaī renvoient à une autorité grammaticale, c'est généralement Vararuci qu'ils ont en tête, même s'ils ne le citent pas par son nom mais au moyen de la simple référence "tel est l'aphorisme prakrit" (iti prākṛtasūtram; Nitti-Dolci 1938a, p. 14 n. 4 et 39 n. 2).
Renvois bibliographiquesBanerjee S. R. 1998; Cowell E. B. (éd.) 1854; Nitti-Dolci L. 1938 {p. 11-59}; Upadhyaya B. 1996
Rédacteur

Balbir, Nalini

Création ou mise à jour2000