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Linguistique historique et linguistique générale

Meillet, Antoine

DomaineCompilations, linguistique historico-comparative, linguistique générale, phonétique et phonologie
SecteurLinguistique générale [5314]
Auteur(s)

Meillet, Antoine

Datation: 11 novembre 1866 - 21 septembre 1936

Linguiste français, né à Moulins, mort à Châteaumeillant. Professeur de grammaire comparée des langues indo-européennes au Collège de France et directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, considéré comme le chef de file de l'"Ecole française" de linguistique qui ravit le leadership aux linguistes allemands au lendemain de la guerre de 1914-1918 à un moment où de nouvelles problématiques (Genève, Prague, Copenhague) voient le jour et où la linguistique historico-comparative, qui dominait depuis plus de 50 ans, s'essouffle. Après des études au lycée de Moulins et à la Sorbonne, il s'oriente, après l'agrégation (1889), vers la grammaire comparée des langues anciennes orientales (notamment l'arménien et le slave) à l'EPHE où il assurera une charge de cours jusqu'en 1927 (date à laquelle Benveniste le remplace), même après son élection au Collège de France (1906) à une chaire occupée par Bréal. A l'EPHE, Meillet est suppléant de Saussure (en congé) en 1889-1890, puis maître de conférences à dater de 1891 (l'année 1890-1891 étant occupée par un voyage d'étude), lorsque Saussure quitte Paris pour retourner à Genève, où l'on venait de créer pour lui une chaire à l'Université. Les travaux de Meillet, en dehors d'une riche réflexion en linguistique générale cherchant à donner sens aux résultats du comparatisme par une théorie sociologique du développement linguistique, sont consacrés à la grammaire historico-comparative d'une bonne partie du champ indo-européen, ce qui le désignait tout naturellement pour la rédaction d'une grammaire comparée de l'ensemble des langues indo-européennes permettant à l'Ecole française d'occuper symboliquement après Bopp, Schleicher, Bruggmann et Delbrück, grâce à ce nouveau "compendium", une place réservée jusque-là aux chercheurs allemands.

Titre de l'ouvrageLinguistique historique et linguistique générale
Titre traduit
Titre courtLinguistique historique et linguistique générale
Remarques sur le titre
Période|20e s.|
Type de l'ouvrageJuxtaposition d'articles qui concernent la conception que l'auteur se fait de la linguistique générale après la publication du Cours de Saussure. Chez lui, elle est un prolongement de la linguistique historique à laquelle elle confère son sens et dont elle ne se distingue pas véritablement.
Type indexéLinguistique historique | Linguistique générale | Recueil d'articles
Édition originale1re édition: tome 1, 1921, Paris, E. Champion, in-8°, 335 p. Collection linguistique publiée par la Société linguistique de Paris, vol. VIII. Tome 2, 1936, Paris, C. Klincksieck (1er mars 1937): ce tome 2 est paru après la mort de Meillet en 1936, sur souscription, à l'initiative de E. Benveniste, J. Vendryes et J. Bloch. Grand in-8°, XIII-235 p., portrait hors-texte. Collection linguistique publiée par la Société de linguistique de Paris, vol. XL.
Édition utiliséeTome 1 (1983), Genève, éd. Slatkine / Paris, Champion, réimpression en fac-similé de l'édition de Paris (1975). Tome 2, 1952, réimpression de l'éd. de 1936, Paris, Librairie C. Klincksieck.
VolumétrieTome 1, 335 pages, 2170 signes par page., soit 725 000 signes au total environ. Tome 2, 235 p., environ 2300 signes par p., soit environ 540 000 environ au total.
Nombre de signes1265000
Reproduction moderneTome 1 (1983), Genève, éd. Slatkine / Paris, Champion, réimpression en fac-similé de l'édition de Paris (1975). Tome 2, 1952, réimpression de l'éd. de 1936, Paris, Librairie C. Klincksieck
DiffusionTome 1: 2e éd. Paris, 1926, in-4°, 457 p.; 3e éd., 1958, Paris, H. Champion (Mayenne, impr. J. Floch), grand in-8°, VIII-335 p.; tome 2, 1952, réimpression de l'éd. de 1936, Paris, Librairie C. Klincksieck, 235 p.
Langues ciblesLangues du domaine indo-européen
MétalangueFrançais
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageTOME 1. Avertissement [p. VI-VIII]; L'état actuel des études de linguistique générale [1-17]; Sur la méthode de la grammaire comparée [18-35]; Note sur une difficulté générale de la grammaire comparée [36-43]; Linguistique historique et linguistique générale [44-60]; Convergence des développements linguistiques [61-75]; Le problème de la parenté des langues [76-101]; La parenté des langues [102-109]; Différenciation et unification dans les langues [110-129]; L'évolution des formes grammaticales [130-148]; Sur la disparition des formes simples du prétérit [149-158]; Le renouvellement des conjonctions [159-174]; Sur les caractères du verbe [175-198]; Le genre grammatical et l'élimination de la flexion [199-210]; La catégorie du genre et les conceptions indo-européennes [211-229]; Comment les mots changent de sens [230-271]; Le nom de l'homme [272-280]; Quelques hypothèses sur des interdictions de vocabulaire dans les langues indo-européennes [281-290]; A propos d'un récent dictionnaire étymologique du français [292-296]; A propos des noms du vin et de l'huile 297-304]; J. Gilliéron et l'influence de l'étude des parlers locaux sur le développement du romanisme [305-309]; Sur le sens linguistique de l'unité latine [310-322]; La religion indo-européenne [323-334].
TOME 2. Avant-propos [p. IX]; Liste des souscripteurs [XI-XIV]; Remarques sur la théorie de la phrase [1-8]; Le caractère concret du mot [9-23]; Le genre féminin dans les langues européennes [24-28]; Sur la terminologie de la morphologie générale [29-35]; Les interférences entre vocabulaires [36-43]; Le vocabulaire dans la question des parentés de langue [44-46]; Sur le degré de précision qu'admet la définition de la parenté linguistique [47-52]; Introduction à la classification des langues [53-69]; Linguistique et anthropologie [84-89]; Sur une période de bilinguisme en France [90-98]; Sur les effets des changements de langue [104-112]; Les langues romanes et les tendances des langues indo-européennes [113-122]; La notion de radical en français [123-127]; De quelques mots français (I. Sur la valeur du mot français jument; II. Aujourd'hui; III. A propos de "il est vache" et "j'ai très faim") [128-137]; Sur l'étymologie du français [138-151]; Ce que la linguistique doit aux savants allemands [152-159]; Sur l'état actuel de la grammaire comparée [160-168]; L'œuvre de quelques linguistes: Renan linguiste [169-173]; Ferdinand de Saussure [174-183]; Vilhelm Thomsen [184-193]; Robert Gauthiot [194-199]; Louis Havet [200-205]; Maurice Cahen [206-211]; Michel Bréal et la grammaire comparée au Collège de France [212-227]; Index des auteurs cités [229-231]; Index des matières [233-234].
Objectif de l'auteur1) Introduire un certain "professionnalisme" dans les débats courants à propos des langues. 2) Aider à combler le retard de la grammaire scolaire sur les développements de la linguistique. 3) Réfléchir à la manière d'ordonner "les faits" recueillis en linguistique tout au long du 19e s. en suivant l'exemple donné par F. de Saussure dans ses notes de cours rédigées. 4) Montrer que les langues, tout en obéissant à des lois générales, ne changent que sous l'effet particulier des conditions sociales et de civilisation.
Intérêt généralL'ouvrage a le mérite de donner une représentation de ce qu'a été la linguistique en France entre les deux guerres. La position hégémonique de son auteur dans le champ se reflète ici: a) dans la diversité (contrôlée) des domaines abordés; b) dans un certain nombre de synthèses qu'il propose (parfois très partisanes); c) dans le souci de représenter la linguistique auprès des sciences connexes (psychologie, anthropologie, sociologie surtout). Malgré son titre, il ne s'agit pas d'un traité de linguistique générale, si on le compare au Cours de Saussure, mais il s'agit bien pourtant d'un traité de linguistique historique qui pose le problème de la viabilité d'un point de vue général sur les langues et leurs conditions socio-historiques d'existence. Le sociologisme de Meillet est paradoxal. Il s'agit d'une pétition de principe (inspirée de Durkheim), constamment réaffirmée, mais qui n'ouvre sur aucune "sociolinguistique" au sens moderne, malgré la nécessité exprimée d'étudier les changements linguistiques en corrélation avec les changements sociaux.
Parties du discours"Sur les caractères du verbe" (t. 1, p. 175-198) affirme le caractère universel de la distinction nom/verbe et propose une genèse des catégories qui lui sont liées dans toutes les langues (personne, temps, aspect, mode, voix). L'auteur note une tendance des langues modernes à privilégier le temps au détriment des catégories à valeur plus expressive. "Le renouvellement des conjonctions" (t. 1, p. 159-174) propose une étude diachronique sur la tendance de ces "particules" à disparaître et à se renouveler.
Innovations term.Meillet met en garde contre l'homogénéisation factice des catégories dans l'appréhension des langues différentes. Par exemple il pose la nécessité d'une terminologie adéquate en morphologie générale dans "Sur la terminologie de la morphologie générale" (t. 2, p. 29-35).
Corpus illustratifCorpus emprunté à l'ensemble des langues indo-européennes et constitué tantôt de formes isolées, tantôt de textes de culture.
Indications compl.L'auteur exprime son scepticisme devant la pratique qui consiste à appliquer le nom d'une classe de faits (phonologiques, morphologiques) d'une langue, à une autre. Que peut être alors une linguistique générale?
Influence subieL'avertissement situe explicitement F. de Saussure et le Cours de linguistique générale au centre des références de l'auteur. Moins sans doute par véritable fidélité au Cours qu'au Mémoire, et par volonté d'inscrire la linguistique générale dans une constellation française: M. Bréal, M. Grammont, A. Darmesteter… La sociologie d'E. Durkheim est une référence explicite de Meillet quand il s'agit de donner un contenu à l'affirmation du caractère social des faits linguistiques. S'il s'agit de se démarquer de l'influence allemande, celle-ci reste en fait omniprésente, avec, en particulier, Bopp et Humboldt.
Influence exercéeL'influence (institutionnelle) du professeur sur la linguistique en France est considérable et difficile à détailler. On doit peut être la distinguer de celle du savant. De ce point de vue, l'orientation "sociologique" de la linguistique de Meillet se retrouve chez son élève Marcel Cohen, même si c'est dans un autre contexte idéologico-politique. Les sociolinguistes français contemporains citent Meillet, mais s'inspirent de méthodes qui ne sont pas les siennes. Le Benveniste historien comparatiste est une autre sorte de successeur, mais le Benveniste généraliste se réfère à Saussure en deçà de Meillet… Une figure scientifique manifestement de transition.
Renvois bibliographiquesAuroux S. (éd.) 1988; Bolelli T. 1979; Chiss J.-L. & Puech C. 1987; Normand C. (éd.) 1976; Normand C. & Puech C. 1987; Quattordio Moreschini A. (éd.) 1987; Stéfanini J. 1979
Rédacteur

Puech, Christian

Création ou mise à jour2000