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Vājasaneyi-prātiśākhya

Kātyāyana

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurSanskrit: travaux pré-paninéens, école paninéenne [4310]
Auteur(s)

Kātyāyana

Datation: 3e s. a.C.

Grammairien indien originaire du Deccan (?), contemporain de l'empereur Priyadarśin Aśoka. Également connu sous le nom de Vararuci, il est l'auteur du plus ancien commentaire de l'Aṣṭādhyāyī de Pāṇini qui nous soit parvenu. On lui attribue également la composition d'un traité de phonétique de l'école du Yajurveda Blanc: le Vājasaneyī prātiśākhya.

Titre de l'ouvrageVājasaneyi-prātiśākhya
Titre traduitManuel d'école des Vājasaneyin
Titre courtVājasaneyi-prātiśākhya
Remarques sur le titreTitre abrégé en V.Pr. Appelé aussi Kātyāyana – ou Kātīya-prātiśākhya [Manuel d'école de Kātyāyana], ou encore Śukla-yajuḥ-prātiśākhya [Manuel d'école du Yajur(veda) Blanc].
Période|-3e s.|
Type de l'ouvragePour la définition de ce type d'ouvrage, voir la notice 4302 sur les Prātiśākhya. Celui-ci tire son nom du texte du Veda dont il dépend, et ce texte est identifié par le patronyme de son initiateur mythique.
Manuel d'euphonie et d'orthoépie d'un texte sacré, avec des digressions sur des points de linguistique générale. Ce texte est la Vājasaneyi-saṃhitā, recueil de formules sacrificielles (yajuṣ), qui constitue le corpus d'exemples. Des deux recensions connues de cette saṃhitā, celles de l'école Kāṇva et celle de l'école Mādhyaṃdina, c'est la seconde qui est suivie par Kātyāyana, moyennant des contradictions et des mentions d'exemples non situables dans l'une des traditions connues.
Type indexéEuphonie | Orthoépie
Édition originaleIl est vraisemblable que la rédaction du Prātiśākhya est antérieure à celle des vārttika, qui constitue un ouvrage plus ambitieux et plus approfondi, portant sur la grammaire en général, et pas seulement sur la phonétique. Première édition imprimée: Albrecht Weber, "Das Vâjaseneyi-Prâtiçâkhyam", Indische Studien. Beiträge für die Kunde des indischen Alterthums (Berlin), Bd. 4, 1858, p. 65-180 et 177-331.
Édition utiliséeLa première édition imprimée (Albrecht Weber, Berlin, 1858) et Kātyāyana's Prātiśākhya of the White Yajur Veda, with the commentary of Uvaṭa, edited by Yugalkiśora Pāṭhaka, Benares, Braj B. Das, 1888 (Benares Sanskrit Series, n° 8, 10, 18, 21, 26 & 31); Vājasaneyi Prātiśākhya of Kātyāyana with the commentaries of Uvaṭa and Anantabhaṭṭa, edited by V. Venkatarama Sharma, Madras, University of Madras (Sanskrit Series n°. 5), 1934.
Volumétrie1. 14 + 506 + 60 pages (pagination non continue, avec d'autres traités annexes). 2. VIII + 356 p. (pagination non continue); environ 8 200 signes indiens pour le texte lui-même.
Nombre de signes8200
Reproduction moderne
DiffusionLes manuscrits sont nombreux, mais ceux qui sont datés ne sont pas anciens (à partir du 15e s. p.C. environ). L'ouvrage était confié à la transmission orale. Plusieurs manuscrits comportent le commentaire d'Uvaṭa (originaire d'ānandapura, Gujarat, ca. 11e s. p.C.), qui applique le traité exclusivement au texte de la recension Mādhyaṃdina; il est reproduit et utilisé dans toutes les éditions. En revanche, un commentateur ultérieur, Anantabhaṭṭa (résident de Bénarès, début du 17e s. p.C.), révise cette glose en s'efforçant d'appliquer le texte à la recension de sa propre école, la branche Kāṇva.
Langues ciblesIndo-aryen ancien (védique)
MétalangueSanskrit
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageLe texte est rédigé en prose, hormis quelques strophes à la fin, sous la forme de règles concises ou "aphorismes" (sūtra). Il comprend 726 sūtra, répartis en 8 chapitres ou "lectures" (adhyāya), avec une division accessoire en 37 sections (khaṇḍa). Les divisions du texte sont bien marquées. Chaque chapitre est conclu par la même phrase auspicieuse. Le texte est relativement bref: en effet, les sūtra dépassent rarement une ligne, et ils consistent très souvent en un mot unique ou en deux mots. Ce laconisme rend le recours au commentaire plus nécessaire que dans d'autres traités du même genre. L'ouvrage contient les matières qui sont normalement traitées dans un Prātiśākhya. Le chapitre I (169 sūtra) expose les notions générales de l'étude du Veda et de la phonétique: quantité des voyelles, accentuation (noms et prononciation des divers accents), production des sons, décrits à partir des lieux et des organes d'articulation, théorie de la syllabe. Cette partie initiale ne donne pas l'alphabet, c'est-à-dire la liste des sons ou phonèmes, qui est reportée au chapitre VIII. Le chapitre II (65 sūtra) est consacré entièrement à la combinaison des accents dans le discours continu, et à leurs diverses fusions et modifications, sans traiter de l'accent premier des mots, ni des relations de l'accent et de la flexion, faits qui relèvent de la grammaire. Le sandhi des voyelles et des consonnes, qui constitue l'essentiel, est traité dans les chapitres centraux (III et IV, respectivement 151 et 198 sūtra); il est introduit par la rubrique gouvernante saṃhitāyām (III.1) "(voici ce qui se passe) en discours-continu". Le traitement du sandhi vocalique est éclaté en plusieurs séries de règles, en dissociant de la combinaison des voyelles, transférée plus loin dans le chap. IV, les phénomènes antinomiques (voyelles non soumises au sandhi, hiatus, rhotacisme, allongement et nasalisation des voyelles finales). Le sandhi des consonnes est dispersé dans ces deux chapitres, où s'intercalent les phénomènes d'assimilation, de gémination, d'insertion de voyelle dans certains groupes (svarabhakti), les consonantismes accessoires, etc. Le kramapāṭha (récitation par groupe de deux mots), est exposé brièvement à la fin du chap. IV. Le chap. V (46 sūtra) expose en détail le procédé de "séparation" (avagraha) à l'intérieur d'un mot, qui concerne exclusivement le padapāṭha. Des questions diverses, qui n'ont pas pu trouver place dans le cœur de l'ouvrage, sont traitées dans le chap. VI (31 sūtra), notamment l'accent de phrase, sur le verbe ou sur le préverbe. Les deux derniers chapitres, qui sont très courts et dépourvus d'originalité, semblent être des ajouts secondaires. Le chap. VII (12 sūtra) expose l'euphonie de la particule d'autonymisation iti dans le padapāṭha, en une sorte de complément du chap. V. Le chap. VIII (54 sūtra) est un pot-pourri de divers sujets: l'alphabet (varṇasamāmnāya), composé de 65 sons (varṇa); les principes de l'étude du Veda; une nouvelle définition de la syllabe, qui peut être composée de plusieurs sons ou d'un seul; une définition (VIII.46) purement formelle du mot comme un "conglomérat de syllabes"; puis, de façon contradictoire (VIII.48-49), la reprise de la classification des quatres types de mots; à cela s'ajoutent des spéculations mystiques sur les corrélations entre sons et divinités, entre types de mots et clans védiques, etc.
Objectif de l'auteurL'objectif du traité est formulé au début (I.1-4), bien que Kātyāyana ne reprenne pas explicitement l'énoncé connu par d'autres Prātiśākhya: l'étude de la récitation (pāṭha) correcte, de la prononciation propre au texte sacré (chandas), envisagée sous deux aspects: accent (svara) et combinaison (saṃskāra) des sons. Ce dernier terme vise la conversion du texte analysé en "mots" (padapāṭha) en "récitation en continuité" (saṃhitāpāṭha). Le "mot" isolé (pada) est défini plus loin (II.1) comme pourvu d'un accent unique, susceptible d'être modifié en combinaison. Kātyāyana recourt dans ses règles à la formalisation connue par ailleurs: l'élément qui subit la modification est au nominatif, et l'élément produit est à l'accusatif.
Intérêt généralLe traité offre une description serrée de la prononciation d'une forme de l'indo-aryen ancien, dans l'école des Vājasaneyin. Les sons (varṇa) reçoivent des noms précis; ils sont rigoureusement classés et distingués d'après les divers paramètres physiologiques de leur articulation, ainsi que les diverses réalisations de l'accent, de type principalement musical, qui sont enseignées à l'aide de mouvements des mains.
Parties du discours
Innovations term.
Corpus illustratif
Indications compl.En principe, un Prātiśākhya n'a pas à traiter de questions de sémantique lexicale ou de morphologie (dérivation, flexion). Tout en gardant une dominante de formalisme phonétique, Kātyāyana emprunte à la grammaire une liste des mots fléchis (I.27): verbes, dérivés primaires et secondaires, composés (de quatre types); il distingue des homonymes par leur accentuation, et précise la valeur de certaines particules. Curieusement, il emploie le terme technique "sens" (artha), qui est normalement banni des Prātiśākhya, et donne même une définition, complémentaire de la définition formelle, du "mot" (pada), comme étant "le sens" (III.1 arthaḥ padam), c'est-à-dire une unité porteuse de sens. Kātyāyana fait ici allusion à la méthode de segmentation des unités linguistiques, par la corrélation de la forme et du sens, qu'il formule par ailleurs dans ses vārttika de manière circonstanciée. L'énumération des quatre parties du discours, empruntée au Nirukta, est purement conventionnelle, et n'a pas de prolongement analytique. Plusieurs groupes de règles concernent le seul padapāṭha, et certaines règles sont dites valoir "en général", ce qui révèle un point de vue sur la langue parlée dans son ensemble, au-delà de l'examen philologique d'un texte.
Influence subieKātyāyana se situe clairement dans la tradition formaliste et technique des Prātiśākhya. Il mentionne plusieurs autorités, dont les avis peuvent diverger sur des questions de phonétique. Malgré plusieurs énoncés de portée plus générale, il ne prétend pas procurer, dans ce traité, une grammaire védique. L'influence de Pāṇini est encore plus nette que dans les autres Prātiśākhya: elle se traduit dans les procédés techniques d'abréviation, de désignation des sons, dans l'emploi sporadique du génitif de substitution, et dans une tendance marquée à l'abstraction. Néanmoins, quand Kātyāyana reprend une définition phonétique qui se trouve chez Pāṇini, il s'efforce de la rendre plus claire, et compréhensible par tout étudiant appelé à réciter le Veda.
Influence exercéeLe texte est un document inestimable sur la transition entre les Prātiśākhya et la grammaire pāṇinéenne, ainsi que sur les différences entre les deux pratiques, bien qu'elles aient coexisté chez le même savant. Comme auteur de Prātiśākhya, Kātyāyana prend soin de noter avec minutie tous les détails du phonisme, dans une visée pratique, et ne recherche la généralisation scientifique que dans la description des sons. Par ailleurs, dans son œuvre de commentateur de Pāṇini, il ne sera pas complètement détaché des habitudes du phonéticien. Cependant, le Prātiśākhya de Kātyāyana n'a pas exercé une influence supérieure à celle des autres ouvrages du même genre sur le développement de la science phonétique.
Renvois bibliographiquesPinault G.-J. 2009; Renou L. 1960; Scharfe H. 1977 {p. 129-148}; Thieme P. 1931; Thieme P. 1935; Thieme P. 1937
Rédacteur

Pinault, Georges-Jean

Création ou mise à jour2000