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Rudimentos de gramática castellana.

Jovellanos, Gaspar Melchor de

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires espagnoles [3119]
Auteur(s)

Jovellanos, Gaspar Melchor de

Datation: 1744-1811

Ecrivain et homme politique espagnol. Il fit des études de droit. Secretario de Gracia y Justicia [Secrétaire de Grâce et Justice, une charge proche de celle d'un ministre de la Justice], il tenta, grâce à son influence politique, de répandre les idées nouvelles dans différents domaines (économie, justice, enseignement, travaux publics, etc.). Il collabora avec différentes Sociedades de Amigos del País [Sociétés des Amis du Pays], institutions qui fleurirent en Espagne durant le Siècle des Lumières. A partir de 1781, il fut membre de la Real Academia Española [Académie Espagnole]. Auteur d'œuvres littéraires de genres variés qui vont de la poésie aux œuvres dramatiques en passant par des traités sur des questions telles que l'Instruction publique, les spectacles, les divertissements, les lois, etc., il s'intéressa aussi à l'étude de la littérature et à son enseignement. Il est l'auteur de textes sur la grammaire générale, la grammaire espagnole, la grammaire anglaise, la grammaire française.

Titre de l'ouvrageRudimentos de gramática castellana.
Titre traduitRudiments de grammaire castillane
Titre courtRudimentos de gramática castellana.
Remarques sur le titreInclus dans le Curso de humanidades castellanas [Cours d'humanités castillanes], qui rassemble en plus d'autres traités, les Rudimentos de Gramática general [Rudiments de Grammaire Générale] et les Lecciones de Retórica y Poética [Leçons de rhétorique et de poétique].
Période|18e s.|
Type de l'ouvrageRéflexions grammaticales destinées au programme d'enseignement d'une école d'Etudes pratiques: le Real Instituto de Náutica y Mineralogía [l'Institut Royal de navigation et de minéralogie] de Gijón (Asturies), dont l'organisation a été conditionnée par une préoccupation propre de l'époque des Lumières: celle de ne pas dissocier les connaissances théoriques des pratiques. Ce bref traité était complété par un enseignement donné de vive voix pendant les cours. Pour ce même programme d'enseignement, Jovellanos composa un Tratado de análisis del discurso [Traité de l'analyse du discours], ainsi que des Rudimentos [Rudiments] de grammaire française et anglaise.
Type indexéGrammaire prescriptive
Édition originaleLa date précise de rédaction des Rudimentos de gramática castellana [Rudiments de grammaire castillane] n'est pas connue, mais on peut penser qu'ils ont été écrits vers 1795 (La Viñaza 1893/1978, col. 617-18). Ridruejo (1989, p. 403), s'appuyant sur certaines données de la biographie de l'auteur, propose comme dates limites pour cette rédaction 1794 et 1797. Le Curso de humanidades castellanas [Cours d'humanités castillanes] dans lequel sont inclus les Rudimentos [Rudiments] a été publié en 1858 par Cándido Nocedal dans Jovellanos, Obras publicadas e inéditas [Œuvres publiées et inédites], I, Madrid, M. Rivadeneyra.
Édition utiliséeJovellanos, Curso de Humanidades castellanas [Cours d'humanités castillanes] dans les Obras publicadas e inéditas [Œuvres publiées et inédites], I, Madrid, M. Rivadeneyra, Biblioteca de Autores Españoles, 46. Réimpression: Madrid, Atlas, 1963, p. 101-150. Dans le Curso de Humanidades castellanas [Cours d'humanités castillanes], les Rudimentos de gramática castellana [Rudiments de grammaire castillane] occupent les p. 106-114.
VolumétrieFormat in-4°, deux colonnes par page. 5978 signes par page.
Nombre de signes41846
Reproduction moderne
DiffusionRéimpression de l'édition de la Biblioteca de Autores Españoles, Madrid, Atlas, 1963.
Langues ciblesEspagnol
MétalangueEspagnol
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageL'auteur commence par une affirmation de l'existence de principes communs à toutes les langues (p. 106), qui ont été exposés préalablement dans ses Rudimentos de gramática general [Rudiments de grammaire générale], et il propose essentiellement une théorie des catégories du discours. Il présente aussi de manière brève la finalité de l'œuvre (106), et, sans plus de commentaires, il passe au traitement des catégories du discours. Il commence par le substantif et, en rapport avec celui-ci, l'article et ses fonctions (106); les adjectifs (107); le genre et le nombre (107-108); les espèces de noms (108). Il présente ensuite le pronom et ses variations (108-109). C'est le verbe qui, parmi les différentes classes envisagées, fait l'objet du développement le plus long (109-111). L'auteur accorde une attention toute spéciale aux verbes irréguliers. Cette partie est complétée par l'étude des adverbes, prépositions, conjonctions et interjections (112). La dernière partie est consacrée à la syntaxe ou construction (112-114), qui comprend la syntaxe figurée. Il n'y aucune référence à l'orthographe ni à la prononciation.
Objectif de l'auteurIl s'agit non seulement de manifester les règles générales et élémentaires de l'espagnol, mais encore d'enseigner à parler et à écrire cette langue avec correction et élégance, but qui doit être atteint, à travers non pas tant la grammaire en elle-même que les exemples choisis dans les bons auteurs. De cette manière, même si Jovellanos prend pour point de départ les conceptions rationalistes dont l'origine se trouve dans Sanctius et dont les règles s'appuient sur des principes généraux, il n'exclut cependant pas, grâce à la visée didactique, la conception traditionnelle de Quintilien et propose un apprentissage de la norme basée sur un usage cultivé.
Intérêt généralJovellanos se situe dans la lignée des grammairiens espagnols qui innovent par rapport à la tradition qui a son origine chez Nebrija; ces innnovations ont, d'une part, des racines dans une lignée autochtone dans laquelle se situent des auteurs comme B. Ximénez Paton ou G. Correas qui développent des conceptions rationalistes; d'autre part, on peut observer, surtout en ce qui concerne le traitement de la grammaire générale ou de la syntaxe, l'influence de grammairiens comme Condillac ou Beauzée.
Parties du discoursIl correspond essentiellement – mais non dans sa totalité – à la ligne marquée par la Gramática de la Real Academia Española [Grammaire de l'Académie espagnole], ajustant les règles concrètes aux principes généraux exposés au préalable. C'est dans le domaine de la syntaxe qu'il est possible de constater les plus grandes divergences par rapport à la grammaire de l'Académie Espagnole. Celle-ci, comme dans la grammaire sensualiste, insiste sur l'ordre des éléments dans la proposition, plus que sur le traitement, traditionnellement plus fréquent, des relations de dépendances. En revanche, l'inclusion de la syntaxe figurée n'est pas une innovation. Il est à noter l'existence d'un intérêt tout particulier, de type pédagogique, pour décrire les variations des différentes classes de mots, qui se manifeste dans la description des règles de changements de genre (dans les terminaisons) et de nombre, et aussi dans les "cartillas" ou listes de verbes irréguliers. Contrairement à la position traditionnelle que l'Académie espagnole adoptera encore, il n'y a aucune référence à la déclinaison dans la description des noms et, pour la première fois dans l'histoire de la grammaire espagnole, l'adjectif constitue une classe différente de celle des noms. L'article est conçu comme déterminant et marque l'extension du nom. Le traitement du pronom se limite aux pronoms personnels.
Innovations term.L'auteur ne s'éloigne pas de manière significative de la terminologie grammaticale traditionnelle en Espagne et conserve fondamentalement celle qu'utilise la Gramática de la Real Academia Española [Grammaire de l'Académie Espagnole], peut-être en raison de la visée didactique pratique.
Corpus illustratifIl est relativement abondant et provient, en général, d'auteurs espagnols classiques des 16e et 17e s. qui, en face de modèles plus archaïques, fournissent celui de la norme cultivée que défend Jovellanos. Il s'agit, entre autres, de Garcilaso, Fray Luis de Granada, Santa Teresa de Jesús, Quevedo, et, surtout, Cervantes qui est très fréquemment nommé. Les noms de ces auteurs apparaissent cités entre parenthèses après l'exemple, sans qu'il y ait une référence aux œuvres dont ils sont extraits.
Indications compl.Intérêt pédagogique: le traité veut avoir une utilité pratique. Par exemple, l'auteur détaille les variations de genre, présente des listes de verbes irréguliers, de prépositions, etc. Cependant il ne semble pas prétendre à l'exhaustivité. Il ne paraît pas non plus avoir le désir de ne marquer que des lignes générales de leçons qui seraient complétées lors de l'exposition réalisée durant des cours.
Influence subieLa source principale est la Gramática de la Real Academia Española [Grammaire de l'Académie Espagnole], surtout l'édition de 1781, réimprimée en 1788, spécialement en ce qui concerne les chapitres consacrés à la morphologie, et postérieurement, l'édition de 1796. Jovellanos introduit des innovations par rapport à cette source principale. Il est possible de noter l'influence du courant sensualiste qui provient surtout du Traité de formation du Prince de Parme de Condillac (Gómez Asencio 1981; Ridruejo 1989). Cependant cette dernière n'est pas la seule influence française, car l'auteur se fait écho de la doctrine de Beauzée sur l'ordre naturel, face à celle de Condillac lui-même (Ridruejo 1989). Dans les exemples et les développements sur les articles et les pronoms, il est aussi possible de voir l'influence du Fundamento del vigor y elegancia de la lengua castellana [Fondement de la vigueur et de l'élégance de la langue castillane] de Gregorio Garcés (Madrid, Ibarra, 1791).
Influence exercéeVicente Salvá cite Jovellanos dans le prologue de sa Gramática de la lengua castellana según ahora se habla [Grammaire de la langue castillane telle qu'on la parle maintenant] (dont la première édition est de 1830). Bello cite également l'auteur parmi les grammairiens qu'il considère comme des autorités des siècles précédents (Lliteras 1992).
Renvois bibliographiquesGómez Asencio J. J. 1981; Gómez Asencio J. J. 1985; Gómez Asencio J. J. 2009; Lázaro Carreter F. (éd.) 1949; Muñoz y Manzano (Conde de la Viñaza) C. 1893; Ridruejo E. A. 1986; Ridruejo E. A. 1989
Rédacteur

Martínez Alcalde, María José

Création ou mise à jour1998