CTLF Corpus de textes linguistiques fondamentaux • IMPRIMER • RETOUR ÉCRAN
CTLF - Menu général - Notices

De Emendata Structura Latini Sermone Libri sex

Linacre, Thomas

DomaineTradition occidentale: grec et latin
SecteurGrammaires latines humanistes [1249]
Auteur(s)

Linacre, Thomas

Variantes: Linacer

Datation: 1460-1524

Médecin et humaniste anglais, né probablement dans le diocèse de Canterbury, mort à Londres. A partir de 1487, Linacre voyage en Italie, où il entre en contact avec les humanistes italiens (en part. Alde Manuce). Diplômé de médecine à Padoue, il enseigne à Oxford la médecine, le latin et le grec. Médecin d'Henri VIII; traducteur d'Aristote et de Galien; auteur d'ouvrages grammaticaux élémentaires en anglais (Progymnasmata grammatices uulgaria, Rudimenta grammatices).

Titre de l'ouvrageThomae Linacri Britanni De Emendata Structura Latini Sermone Libri sex
Titre traduitSix livres traitant de la construction correcte de la langue latine, par l'Anglais Thomas Linacre
Titre courtDe Emendata Structura Latini Sermone Libri sex
Remarques sur le titre
Période|16e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire centrée sur les parties du discours et la syntaxe, visant à fonder une norme syntaxique bâtie sur un important corpus classique.
Type indexéGrammaire théorique | Syntaxe
Édition originalePremière édition: 1524, Londres, R. Pynson.
Édition utilisée1524, Londres, R. Pynson.
VolumétrieFormat: in-4°; nombre de pages: [4] + f. 1-114 + f. I-LXXVII = 387 pages; nombre moyen de signes par page: 1600 signes.
Nombre de signes600000
Reproduction moderneEnglish Linguistics, 1500-1800, selected and edited by R. C. Alston, n° 83, Scholar Press, Menston, England, 1968. – Éd. par María Luisa Harto Trujillo, texte + trad. espagnole, 1998, Cáceres, Universidad de Extramadura.
Diffusion1527 (Londres, R. Pynson); 1530 (Bâle, A. Cratander); 1532 (Cologne, J. Soter); 1533 (Paris, R. Estienne); 1533 (Paris, C. Wechel); 1536 (Cologne, J. Gymnich); 1537 (Paris, R. Estienne); 1539 (Lyon, héritiers de S. Vincent); 1539 (Bâle, N. Brylinger); 1539 (Cologne, J. Gymnich); 1540 (Paris, R. Estienne); 1541 (Lyon, S. Gryphus); 1541 (Paris, C. Wechel); 1542; 4 éd. en 1543; 1544; 1545; 2 éd. en 1548; 1549; 1550; 2 éd. en 1551; 1553; 3 éd. en 1555; 1556; 1557; 2 éd. en 1559; 6 éditions de 1560 à 1591 [voir Barber 1977, p. 290-336]. Ouvrage révisé en 1555 par J. Camerarius et C. Landsidelius.
Langues ciblesLatin
MétalangueLatin
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrage[L'ouvrage est folioté successivement en chiffres romains (livres I à IV), puis en chiffres romains (livres V et VI)]. Au lecteur [1-3]. Livre I (f. 1r-34v): examen des parties du discours. Livre II (35r-49r): la recatégorisation (ou changement de classes, enallage) qui peut affecter les parties du discours. Livre III (49v-77r): construction du nom et du pronom. Livre IV (77v-113v): construction du verbe et du participe. Livre V (Ir-XXIIr): construction des parties du discours indéclinables. Livre VI (XXIIv-LXXVIIIv): les figures de construction autres que l'énallage.
Objectif de l'auteurConstruire, à l'intention de lecteurs avancés, une grammaire théorique (essentiellement une syntaxe) qui donne une description raisonnée de la langue latine classique; l'ouvrage incarne la volonté d'un retour au latin classique et une réaction à la fois contre la tradition médiévale et contre la tradition des Elegantiae (voir Valla).
Intérêt généralL'originalité de l'ouvrage provient essentiellement de deux points: d'une part la construction de la syntaxe non sur l'opposition concordance / régime, mais sur la notion de transition ou non transition de la personne, ce terme s'appliquant à la personne traditionnelle et à la personne de la construction (entité abstraite rendant compte de la rection verbale, des relations casuelles et de la concordance); d'autre part l'opposition entre une syntaxe juste et une syntaxe figurée, cette dernière permettant de réduire à la première pratiquement toutes les structures syntaxiques par le moyen de l'ellipse et de l'énallage (ou recatégorisation des parties du discours); de ce fait, l'ouvrage est à l'origine des grammaires de l'ellipse et des grammaires de l'énallage; Linacre peut être considéré comme le fondateur d'une morphosyntaxe moderne bâtie sur des structures canoniques dont sont dérivées les séquences réellement observées dans la langue.
Parties du discoursLinacre reprend la tradition, mais recourt à la notion de syncategoremata; il examine systématiquement les possibilités de recatégorisation pour chaque partie du discours; il propose un classement méthodique de leurs accidents.
Innovations term.Linacre ne met pas systématiquement en cause la terminologie traditionnelle (comme le fait Scaliger), sauf quand elle est manifestement médiévale (ex. suppression de euocatio, synthesis); utilisation de nombreux termes techniques; réintroduction de termes grecs (voir supra, syncategoremata, enallage); réactivation pour désigner les figures de construction de termes antiques appliqués à d'autres figures (tropes, etc.).
Corpus illustratifExemples vraiment très abondants, empruntés aux auteurs classiques (indiqués par une simple abréviation), souvent par le biais des commentateurs antiques (Donat, Servius, Porphyrion); grammaire de corpus, accumulation des testimonia.
Indications compl.
Influence subieLinacre fait partie du second mouvement humaniste; les ouvrages de référence sont les grammaires antiques (avant tout) et les grammaires humanistes. Linacre revendique l'influence de la grammaire antique, qu'elle soit grecque (Apollonius, les Stoïciens), ou latine (Donat, Servius, Priscien, Diomède, mais aussi Quintilien), celle des premiers humanistes (en particulier Valla, mais aussi Perotti, Sulpitius, Budé, Grocinus). Il condamne Alexandre de Villedieu et l'héritage médiéval, mais semble avoir subi l'influence de Thomas d'Erfurt.
Influence exercéeSur Melanchthon qui recommande l'ouvrage pour les élèves les plus avancés. La notion utilisée par Linacre de "personne de la construction" influence J. Drosée, A. Hume et P. Giambullari (Padley 1982); Scaliger écrit son De causis avec Linacre sous les yeux, mais ne le cite qu'une fois (Lardet 1988); 13 citations dans la Minerve de Sanctius, dont 3 négatives (Clerico 1982, Index et p. 58-60); Lancelot, qui reproche aux continuateurs de Despautère l'abus de l'énallage, n'adresse pas ce grief à Linacre, mais considère ce dernier comme un grammairien pré-sanctien qui n'a pas encore compris toute l'importance de l'ellipse (Colombat 1993, p. 276). Les références à Linacre disparaissent dans la grammaire des Lumières (aucune référence dans les articles de grammaire de l'Encyclopédie, ni dans la Grammaire Générale de Beauzée).
Renvois bibliographiquesBarber G. 1977; Chevalier J.-C. 1968; Colombat B. 1988; Colombat B. 1993 {p. 129-176}; Colombat B. 1999; Jensen K. 1986; Jensen K. 1990 {p. 88-90}; Jensen K. & Gwosdek H. 2009; Lecointre C. 1991; Maddison F., Pelling M. & Webster C. 1977; Padley G. A. 1976 {p. 53-55 et passim}; Padley G. A. 1982; Thomson D. F. 1977
Rédacteur

Colombat, Bernard

Création ou mise à jour1999 | 1998