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Shuowen jiezi

Xu Shen

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurIdées linguistiques en Chine ancienne [4403]
Auteur(s)

Xu Shen

Datation: 57-75? - 125-144

Fonctionnaire lettré et lexicographe chinois, originaire de Runan dans la province actuelle du Henan (Sud de la Chine). Il occupa plusieurs postes de fonctionnaire et était connu pour sa parfaite connaissance des Classiques chinois.

Adaptateur(s)

Duan Yucai

Datation: 1735-1815

Érudit et phonologue chinois, né à Jintan dans la province actuelle du Jiangsu (au nord de Shanghai). Il passa plus de 30 années (de 1776 à 1807) à essayer de rétablir le texte original de Xu Shen, modifié, entre autres, dès le 8e s. par le calligraphe Li Yangbing.

Titre de l'ouvrageShuowen jiezi
Titre traduitExpliquer les figures (= caractères simples) et interpréter les caractères (= caractères composés)
Titre courtShuowen jiezi
Remarques sur le titre
Période|1er s.|2e s.|
Type de l'ouvrageDictionnaire étymologique des caractères chinois, fondé sur la pensée spéculative propre à l'époque Han (3e s. a.C. - 3e s. p.C.), c'est-à-dire essentiellement sur la théorie du yin et du yang et des cinq agents.
Type indexéCaractères | Dictionnaire
Édition originaleAchevé en l'an 100 de notre ère, le Shuowen n'a été présenté à la cour qu'en 121 par le fils de l'auteur. Le texte actuel du Shuowen correspond à la version révisée par Xu Xuan en 986.
Édition utiliséeDuan Yucai, Shuowen jiezi zhu (édition commentée du Shuowen jiezi, publié pour la première fois en 1815), 1981, Shanghai, Guji chubanshe.
Volumétrie1 + 7 + 1 + 1 + 867 + 1 + 48 + 121 pages.
Nombre de signes
Reproduction moderneShuowen jiezi, 1981, Pékin, Zhonghua shuju.
DiffusionLa grande notoriété du Shuowen jiezi, placé à la base de l'étude des classiques chinois, a favorisé sa large diffusion (jusqu'au Japon) et lui a permis d'être transmis jusqu'à nous dans son intégralité. Toutefois, suite à de nombreuses modifications, parfois irréversibles en pleine époque de manuscrits, le texte original a été perdu. Dans le courant du 10e s., les frères Xu ont chacun établi indépendamment leur propre version du Shuowen. Xu Kai (920-974) en s'attachant à reproduire plus fidèlement les explications de Xu Shen, et en ajoutant ses propres commentaires, a réalisé le Shuowen jiezi xizhuan, tandis que Xu Xuan (916-991) fixait dans le Jiaoding Shuowen jiezi la version officielle, qui lui avait été commandée par l'empereur Taizong des Song en 986, en augmentant le nombre de caractères, en donnant les prononciations par la méthode fanqie, mais en supprimant parfois malheureusement certains passages. Ce sont surtout les travaux et critiques textuelles effectués à l'époque des Qing (1644-1911) qui ont relancé l'étude du Shuowen. Parmi ces derniers on retiendra principalement Duan Yucai (1735-1815) et son Shuowen jiezi zhu (1807), mais aussi Zhu Junsheng (1788-1858): Shuowen tongxun ding sheng (1833), et Wang Yun (1784-1834): Shuowen jiezi judu (1850). En 1932, Ding Fubao (1874-1952) a réuni dans le Shuowen jiezi gulin en 12 volumes la plupart des travaux concernant le Shuowen. Aujourd'hui, les plus anciens fragments de manuscrit connus du Shuowen remontent à l'époque Tang (618-907) (l'un d'entre eux semble être postérieur à 824). Bien qu'ils ne rassemblent qu'un petit nombre de caractères (188 pour la clé mu "arbre", et 12 + 4 pour la clé kou "bouche"), ils ont permis de montrer que la version de Xu Kai en était plus proche que celle de Xu Xuan.
Langues ciblesChinois classique
MétalangueChinois
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageCet ouvrage en 14 chapitres est suivi d'une postface (parfois considérée comme un 15e chapitre), dans laquelle l'auteur explique le but de la compilation du Shuowen. Ce dictionnaire de 9 353 caractères et de 1 163 variantes graphiques, utilise comme méthode de classement des caractères un ensemble de 540 clés, ou éléments graphiques entrant dans la composition des caractères et participant, selon l'auteur, à leur sens premier. Les caractères sont tout d'abord donnés dans leur graphie "petite sigillaire", laquelle n'était plus guère utilisée du temps de Xu Shen sinon, par exemple, pour les en-têtes de stèles, mais avait pour avantage d'être plus proche et donc plus représentative de l'époque de création des graphies. Pour chacun d'eux, Xu Shen explique d'abord le sens d'après leur forme graphique en utilisant souvent la méthode shengxun ou paronomastique, laquelle consiste à gloser un caractère au moyen d'un autre de sens et surtout de prononciation proche (ex. dong "Est" = dong "mouvement", car dans la théorie des cinq agents, l'Est est associé au printemps et est ainsi considéré comme le début de l'activité des Dix mille êtres). Il analyse ensuite la structure graphique en précisant le rôle sémantique et/ou phonétique des éléments graphiques. En dehors de ce que l'on appelle les idéophonogrammes (composés d'un élément sémantique désignant la catégorie sémantique à laquelle appartient le caractère et d'un élément phonétique suggérant la prononciation du caractère), Xu Shen n'indique que très rarement la prononciation des termes. S'il le fait, il utilise l'expression "se lit comme" suivie d'un caractère homonyme. Enfin il donne, lorsqu'elles existent, les variantes graphiques dans d'autres styles anciens. Dans la grande majorité des cas, sous chaque clé, les termes à connotation positive (noms d'empereurs mythiques ou Han, notions valorisées par la tradition confucéenne, etc.) précèdent les termes connotés négativement dans la même tradition.
Objectif de l'auteurEn pleine époque de querelle philologique des classiques, l'auteur a voulu fixer une fois pour toutes le sens des caractères en s'appuyant sur des graphies plus anciennes. La finalité poursuivie par l'auteur est en réalité plus politique que linguistique: une juste interprétation des classiques confucéens, favorisée par une bonne définition du sens des caractères, permet un bon gouvernement.
Intérêt généralXu Shen a réalisé le premier dictionnaire étymologique chinois, et a contribué à fixer les bases de la première théorie de l'écriture chinoise, en donnant la définition des liushu ou "Six types de graphies", à savoir déictogrammes, pictogrammes, idéogrammes, idéophonogrammes, emprunts et zhuanzhu. Il a mis en place une méthode de classement des caractères tout à fait originale par ce que l'on appelle des clés, qui sera reprise, quitte à être modifiée et perdre son assise idéologique, dans la grande majorité des dictionnaires de graphies en Chine comme au Japon.
Parties du discours
Innovations term.
Corpus illustratif
Indications compl.
Influence subieSi Xu Shen cite dans sa postface un certain nombre de manuels de caractères antérieurs, dont il a pu éventuellement s'inspirer pour réunir le plus grand nombre de caractères possible; il ne semble pas avoir été influencé par d'autres ouvrages étymologiques puisqu'il paraît bien être le premier du genre en Chine.
Influence exercéeL'influence du Shuowen jiezi sur les ouvrages ultérieurs est considérable; il reste l'ouvrage de référence obligatoire pour tout ce qui touche les caractères anciens, mais également pour l'histoire de la langue à l'époque Han.
Renvois bibliographiquesAtsuji Tetsuji 1985; Boltz W. G. 1993; Bottéro F. 1996; Miller R. A. 1953; Shirakawa Shizuka 1973; Zhou Zumou 1966
Rédacteur

Bottéro, Françoise

Création ou mise à jour2000