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Qieyun

Lu Fayan

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurIdées linguistiques en Chine ancienne [4405]
Auteur(s)

Lu Fayan

Datation: Deuxième moitié du 6e s. - début du 7e s.

Phonologue chinois originaire de Linzhang dans la province du Hebei (nord de la Chine). Lu fut fonctionnaire pendant une dizaine d'années à la Cour des Sui (581-618) avant de devoir renoncer à sa carrière, suite à un conflit personnel entre son père et l'empereur. Tombé en disgrâce, il se retira pour enseigner et pour rédiger son dictionnaire de rimes, le Qieyun.

Adaptateur(s)

Wang Renxu [1]

[1] Le Qieyun ne nous est parvenu que sous forme de quelques fragments de copies, mais il existe un grand nombre de versions révisées de ce dictionnaire. Celle qui permet le mieux de se faire une idée du texte original est due à Wang Renxu.

Datation: Fin du 7e s. - début du 8e s.

Officier de district dans le Zhejiang (sud-est de la Chine).

Titre de l'ouvrageQieyun
Titre traduitRimes standardisées
Titre courtQieyun
Remarques sur le titreTitre de l'édition révisée de Wang Renxu: Kanmiu buque qieyun [le Qieyun corrigé et augmenté].
Période|6e s.|7e s.|
Type de l'ouvrageDictionnaire de rimes.
Type indexéDictionnaire | Rimes
Édition originaleLe Qieyun de Lu Fayan est supposé avoir été composé entre la fin du 6e s. et le début du 7e s. La préface de l'ouvrage, reproduite dans de nombreuses éditions postérieures, est datée de 601. La version révisée de Wang Renxu (Kanmiu buque qieyun) date de 706.
Édition utiliséeLong Yuchun (1968) Tangxie quanben Wang Renxu buque Qieyun jiaojian [Edition critique de la version manuscrite complète de l'époque des Tang du Kanmiu buque qieyun par Wang Renxu], Hong Kong, The Chinese University Press.
Volumétrie
Nombre de signes
Reproduction moderneLong Yuchun (1968) Tangxie quanben Wang Renxu buque Qieyun jiaojian [Edition critique de la version manuscrite complète de l'époque des Tang du Kanmiu buque qieyun par Wang Renxu], Hong Kong, The Chinese University Press.
DiffusionLe Qieyun fut diffusé confidentiellement dans un premier temps, en raison de l'exclusion de l'auteur de la vie officielle par les Sui. Sous les Tang (618-907), ce dictionnaire devint un outil indispensable pour les écrivains, du fait que la prononciation proposée par Lu Fayan fut acceptée comme prononciation littéraire modèle. Suite à la création des examens impériaux, lors desquels les candidats étaient tenus de composer des textes rimés, le Qieyun fut diffusé officiellement et donna lieu à de nombreuses révisions. Une deuxième série d'éditions révisées du Qieyun fut inaugurée sous les Song (907-1279) par le Guangyun [Rimes augmentées], publié en 1008.
Langues ciblesLa langue – plus précisément: la prononciation – décrite dans le Qieyun, est appelée "Chinois Ancien" (angl.: [Early] Middle Chinese) en phonologie historique. La nature de cette langue a suscité de nombreuses controverses depuis le 19e s.: s'agit-il d'un parler régional concret (le dialecte de Chang'an, capitale des Sui et des Tang, selon le sinologue B. Karlgren, par exemple) ou d'une norme plus ou moins artificielle, construite à partir des prononciations littéraires des caractères chinois dans les centres culturels majeurs (notamment dans les anciennes capitales Jinling dans le sud-ouest, et Ye dans le nord-est du pays)? La majorité des spécialistes tendent aujourd'hui vers cette deuxième interprétation avec des nuances dans l'évaluation du degré d'artificialité de cette norme
MétalangueChinois
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageLe Qieyun se compose d'une préface et d'une partie principale. Dans la préface, l'auteur explique que son travail se fonde sur une série de discussions nocturnes qui se seraient déroulées une vingtaine d'années avant l'achèvement du dictionnaire, à la maison des Lu, dans la nouvelle capitale des Sui, Chang'an. Les intellectuels de renommée conviés à ces soirées, originaires de différentes régions de l'empire, auraient alors fixé une prononciation standardisée pour le pays réunifié. Dans la partie principale, Lu propose une classification d'après leur prononciation d'environ 11 500 caractères de l'écriture chinoise (écriture non alphabétique, rappelons-le). Prenant en compte trois paramètres (les tons, les rimes et les initiales), l'auteur commence par répartir les caractères dans quatre catégories de tons pour les regrouper ensuite selon leurs rimes à l'intérieur de chacune de ces catégories, ce qui l'amène à poser 54 "rimes" (yun) pour le "ton plat" (pingsheng), 51 rimes pour le "ton montant" (shangsheng), 56 rimes pour le "ton descendant" (qusheng) et 32 rimes pour le "ton entrant" (rusheng), soit un total de 193 catégories de rimes. Les homonymes (i.e. les caractères qui n'ont pas seulement le même ton et la même rime, mais aussi la même initiale) sont réunis à leur tour dans des "petites rimes" (xiaoyun). Dans chacune de ces sous-catégories, la prononciation du premier caractère est indiquée au moyen de deux autres caractères, l'un représentant l'initiale, l'autre la rime (procédé connu sous le terme fanqie en linguistique chinoise). Seuls les caractères rares sont glosés. Si deux prononciations sont possibles pour un même caractère, la deuxième est parfois indiquée après l'expression youyin, "se prononce aussi".
Objectif de l'auteurLu Fayan et les amis avec lesquels il avait jeté les bases du Qieyun aspiraient à élaborer une prononciation standardisée du chinois en tentant un compromis entre les prononciations du Nord et du Sud, le passé et le présent (cf. la préface de Lu Fayan). Plus qu'un simple aide-mémoire rédigé à l'intention des poètes, son ouvrage se voulut un dictionnaire de prononciation pouvant servir de référence.
Intérêt généralLe Qieyun est le premier dictionnaire de rimes qui nous soit parvenu (quoique seulement de façon indirecte). En tant que tel, il occupe une place de première importance dans l'histoire de la linguistique (débuts de la phonologie chinoise) aussi bien que dans la linguistique historique (document sur le Chinois Ancien).
Parties du discours
Innovations term.
Corpus illustratif
Indications compl.
Influence subieDans sa préface, Lu Fayan mentionne cinq livres de rimes, sur lesquels il s'était appuyé lors de la rédaction de son dictionnaire, tout en corrigeant leurs erreurs. Comme ces livres ne nous sont conservés que sous forme d'extraits cités dans l'édition révisée du Qieyun par Wang Renxu, il est difficile d'évaluer le Qieyun par rapport aux ouvrages antérieurs. Son apport réside probablement plutôt dans la cohérence des solutions proposées que dans la nouveauté de celles-ci, puisque l'auteur a trouvé le terrain bien préparé en matière d'analyse de sons (la distinction des quatre tons, le système fanqie, la subdivision des rimes étaient déjà apparus avant le Qieyun).
Influence exercéeInfluence exercée: le Qieyun constitue le point de départ d'une tradition de dictionnaires de rimes qui ne s'arrête qu'au début du 20e s. avec le développement des transcriptions phonétiques de la langue chinoise. Dans la grande majorité des ouvrages postérieurs, la présentation des données reste très proche de celle proposée par Lu Fayan.
Renvois bibliographiquesBaxter W. H. 1992 {p. 35-40 et passim}; Cao Shujing 1991; Hong Cheng 1982 {p. 159-170}; Ji Changhong & Wang Peizeng 1992 {p. 127-140}; Wang Shouming 1986 {p. 14-20}; Zhou Zumo 1963; Zhou Zumo 1983
Rédacteur

Niederer, Barbara

Création ou mise à jour2000