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Rudiments of English grammar

Priestley, Joseph

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires anglaises [3617]
Auteur(s)

Priestley, Joseph

Datation: 13 mars 1733 - 6 février 1804

Illustre savant britannique qui se distingua à la fois dans le domaine de la rhétorique, des belles lettres et du langage, dans celui de la théologie (où il se montra ardent défenseur de l'unitarisme) et dans celui de la physique et de la chimie (où ses travaux sur l'électricité et les gaz – isolement de neuf gaz et surtout, en 1775, découverte de l'oxygène – lui valurent, outre des disctinctions des académies de Sciences de Paris, Turin et Harlem, son élection à la Royal Society de Londres et à l'Académie Impériale des Sciences de St Petersbourg). Premier né d'une famille de six enfants installée à Birstall Fieldhead, près de Leeds, il connut une éducation presbytérienne très stricte suivie d'études de théologie à Davenport Academy. En 1758, il officia comme pasteur à Nantwich, Cheshire où il fonda une école qui l'amena à s'intéresser à l'enseignement des langues: c'est pendant cette première partie de sa carrière qu'il rédigea ses ouvrages sur le langage. En 1761, en même temps qu'il publiait ses Rudiments of English Grammar, il devint tuteur de langues et belles lettres à la Warrington Academy pour laquelle il écrivit son Course of Lectures on the Theory of Language and Universal Grammar [Série de conférences sur le langage et la grammaire universelle] et l'année suivante, il reçut son ordination. Ministre presbytérien à Leeds puis à Birmingham, il en fut chassé en 1791 par une foule hostile qui le considérait comme un meneur politique subversif; il se réfugia d'abord à Hackney, qu'il quitta en 1794 pour l'Amérique: il passa les 10 dernières années de sa vie avec sa famille à Northumberland, Pennsylvanie (voir DNB, vol. 16, p. 357-376 et Smith 1996).

Titre de l'ouvrageThe Rudiments of English grammar; adapted to the use of schools. With observations on style
Titre traduitRudiments de grammaire anglaise, adaptés à un usage scolaire. Avec des observations sur le style
Titre courtRudiments of English grammar
Remarques sur le titre
Période|18e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire scolaire.
Type indexéGrammaire didactique
Édition originale1761, London, R. Griffiths.
Édition utiliséeReproduction en fac-similé de la 1re éd. de 1761 (Londres, R. Griffiths), par la Scolar Press Ltd. (E.L. n° 210, 1967).
VolumétrieIn-12; 104 pages (xi p. + [1] + 92). Environ 1000 signes par page.
Nombre de signes100000
Reproduction moderneReproduction en fac-similé de l'exemplaire de la 1re édition conservé à la bibliothèque publique de Warrington: Menston, The Scolar Press Ltd., 1969 (E.L. n° 210).
DiffusionUne nouvelle édition parue en 1768 ne contient plus la section sur le style (Alston 1965 suggère que cela pourrait être justifié par le caractère peu habituel de ce type d'observations pour une grammaire scolaire de l'époque et le fait que le sujet ait entre-temps été largement traité à part dans Priestley 1762). A la place figurent des "Notes and observations for the use of those who have made some proficiency in the Language" [Notes et observations à l'usage de ceux qui ont acquis une certaine compétence dans la Langue], qui reprennent et élargissent considérablement les notes de bas de page de la 1re éd., amenant l'ouvrage à un total de 202 p. L'édition suivante (1769) substitue à ces observations des exemples de composition en anglais. La grammaire s'en trouve allégée à 106 p. Les rééditions successives reprennent l'un ou l'autre de ces ouvrages: les éditions de Londres 1771 et 1772 comportent 202 p.; l'édition de Dublin 1784 en comporte 192; les éditions de Londres de 1786 et 1789 sont de 106 p. et l'édition de Londres 1798 passe à 230 p. A noter deux publications ultérieures à Londres en 1826 et 1833 dans les œuvres complètes de Priestley (Works), une traduction en français (Grammaire anglaise, destinée aux écoles, Paris, 1798-1799), et des imitations (ex. [A.M.] 1785, The Elementary Principles of English Grammar, collected from various authors; but chiefly from Dr Priestley…). Voir Alston: vol. 1, 1965, p. 40-41, n° 199-207 et p. 76, n° 404; vol. 2, 1967 n° 324a.
Langues ciblesAnglais
MétalangueAnglais
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvragePréface (xi p.); "The Rudiments of English Grammar" (38 p., 7 "sections"): Sect. 1 sur les parties de la grammaire (p. 1-2), sect. 2 sur les noms (2-7), sect. 3 sur les adjectifs (7-8), sect. 4 sur les pronoms (8-11), sect. 5 sur les verbes (12-27), sect. 6 sur les adverbes (et aussi les prépositions, les conjonctions et les interjections bien que ces dernières ne soient pas mentionnées dans le titre) (27-28); sect. 7 sur la dérivation (29-32), syntaxe (32-34) et prosodie (35-38); Annexe (5 p.) contenant un catalogue des verbes irréguliers (39-43); et enfin, Observations stylistiques (49 p.: 44-92).
Objectif de l'auteurProposer une grammaire scolaire cohérente, simple et pratique, qui repose sur un petit nombre de principes fondamentaux et corresponde à une vision résolument synchronique de l'anglais (p. iv). Cette vision réductrice était sans doute liée aux réserves de Priestley sur les vertus pédagogiques d'un enseignement fondé uniquement sur la grammaire: il croyait beaucoup plus à l'utilité de faire pratiquer, en les assortissant de commentaires (voir ses "notes et observations" annexées à l'éd. de 1768), des exercices divers dont des correction de textes en mauvais anglais (lettre à Caleb Rotherham citée par Michael 1970 p. 503, n.), à partir de textes d'auteurs célèbres (voir les exemples de composition de l'éd. de 1769).
Intérêt généralCet ouvrage est d'abord intéressant par son évolution qui reflète les 3 orientations principales du développement de la grammaire de l'époque: étude formelle (la 1re partie des Rudiments), description des valeurs et exercices d'application (annexes); son intérêt réside aussi dans son approche scientifique du langage, avec son souci (surtout manifeste à propos du système des temps) de se démarquer des cadres de description hérités du latin et de découvrir par un effort de théorisation conscient, des systèmes plus adaptés au fonctionnement de l'anglais sans négliger pour autant l'usage, fondement de sa description des valeurs.
Parties du discoursAssez traditionnel malgré les réticences de Priestley à se plier aux cadres de description du latin. Il procède à des aménagements de la liste de Lily (notice 3601): il sépare substantif et adjectif (qui inclut l'article), et intègre le participe dans le verbe. Mais il conserve le nombre de 8 classes, nombre arbitraire qui, dit-il en note, lui paraît aussi bon qu'un autre (p. 2, n.(b)).
Innovations term.Très mesurées, elles servent essentiellement à adapter les commentaires à la spécificité de l'anglais et à évoquer des relations entre formes et valeurs. Priestley utilise ainsi classes au lieu de parties du discours (p. 2), hésite à parler de cas nominatif pour référer au radical du mot, non fléchi (p. 4), introduit des temps composés pour désigner des temps de verbes auxiliaires utilisés avec d'autres formes verbales (p. 24), et fait un usage assez abondant des termes de relation, dependance, connexion…
Corpus illustratifEssentiellement développé dans les Notes et Observations de l'éd. de 1769 (genres divers: emprunts à la traduction de textes religieux – Ancien et Nouveau Testament –, à la presse – Spectator et Rambler – ou la littérature – Shakespeare, Butler, Dryden, Locke, Pope, Swift, Bolingbroke, Hume, Smollet, Robertson, Johnson, Sterne… – et quelques extraits de correspondance).
Indications compl.Présentation du système temporel assez complexe, conçue à partir non pas de la valeur référentielle des formes mais de la construction des structures: les "temps composés" sont classés en fonction du temps grammatical de l'auxiliaire (2 formes, présent et prétérit), de la forme verbale utilisée (radical du verbe pour le 1re ordre, participe présent pour le 2e ordre et participe passé pour le 3e ordre) et du nombre d'auxiliaires (1, 2 ou 3, servant à construire des composés simple, doubles ou triples) (p. 24-27)… Il s'agit d'un cadre de description tout à fait original, présentant parfois des lacunes surprenantes, mais qui témoigne à la fois de l'intérêt que porte Priestley à la forme et de son souci de rendre compte de la spécificité de sa langue.
Influence subieLes influences subies sont multiples et diffuses. Priestley reconnaît dans sa préface une dette envers Samuel Johnson (notice 3615). Mais l'empiriste qu'il est ne peut renier Locke et se situe tout naturellement dans la lignée de Wallis dont il partage l'orientation résolument formelle (notice 3606). Cela ne l'empêche pas d'être aussi dans la mouvance de Harris par son effort de théorisation (notice 3614). Ajoutons que J. Kirkby qui fut son professeur – et était lui-même auteur d'une grammaire anglaise (Kirkby 1746) témoignant d'une pensée fort indépendante –, pourrait lui avoir inculqué son approche réfléchie de la langue. Enfin Poldauf (1948, p. 138) signale aussi une influence de la théorie des associations de D. Hartley.
Influence exercéeLa grammaire de Priestley fut en partie éclipsée par celles de Ash et de Lowth (cf. leur nombre de rééditions respectives). Néanmoins des traces de la pensée matérialiste de Priestley se retrouvent chez nombre de grammairiens du siècle, peut-être à cause des emprunts que fait Lowth à ses ouvrages (notice 3618), et le nom des trois hommes est associé lorsqu'on évoque les grammairiens dont l'autorité est reconnue dans la description de l'usage.
Renvois bibliographiquesAlston R. C. 1965; Alston R. C. 1967; Alston R. C. 1967; Elledge S. 1967; Göbels A. 1999; Harris J. 1993; Michael I. 1970; Poldauf I. 1948; Rousse J. 1975; Smith R. D. & Hüllen W. 2009; Sundby B., Bjørge A. K. & Haughland K. E. 1991; Swiggers P. 1992; Swiggers P. 1994
Rédacteur

Verrac, Monique

Création ou mise à jour2000