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Essay on Grammar

Ward, William

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires anglaises [3619]
Auteur(s)

Ward, William

Datation: 1708-1772

William Ward est un ecclésiastique mais surtout grammairien et pédagogue anglais qui, après des études à Cambridge couronnées par son ordination, prit en 1736 la direction, de la grammar-school de Thornton, puis, en 1751, de la grammar-school de Beverley, dans le comté du Yorkshire, école dont il ne tarda pas à assurer la renommée avec son assistant, le Révérend Laurence Whitaker, qui aurait contribué également à la rédaction de son Essay on Grammar. Voir Michael 1970, p. 584; Poldauf 1948, p. 139; Subbiondo 1996b. Ward n'est pas cité dans le DNB.

Titre de l'ouvrageAn Essay on Grammar, as it may be applied to the English Language. In Two Treatises. The one Speculative, being an Attempt to investigate proper Principles. The other Practical, containing Definitions and Rules deduced from the Principles, and illustrated by a Variety of Examples from the most approved Writers
Titre traduitEssai sur la Grammaire, appliquée à la Langue Anglaise. En Deux Traités. Le premier, Spéculatif, tente d'en découvrir les Principes propres. Le second, Pratique, contient des Définitions et des Règles déduites de ces Principes et illustrées par toute une variété d'exemples tirés des meilleurs Auteurs
Titre courtEssay on Grammar
Remarques sur le titre
Période|18e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire théorique spéculative et raisonnée, associé à des applications pratiques plus ou moins normatives.
Type indexéGrammaire normative | Grammaire raisonnée | Grammaire spéculative | Grammaire théorique
Édition originale1765, Londres, Robert Horsfield.
Édition utiliséeReproduction en fac-similé de la 1re éd. de 1765 (Londres, Robert Horsfield) par la Scolar Press Ltd.
VolumétrieIn-8°; 592 pages (xiv + [22] + 566); 2100 signes par page environ.
Nombre de signes1200000
Reproduction moderneReproduction en fac-similé de l'exemplaire de la 1e éd. conservée à la British Library (cote 12983 i 7), Menston, The Scolar Press Ltd., 1967 (E.L. n° 15) et 1969 (G.S. n° 84).
DiffusionCet ouvrage connut 3 rééditions après la mort de son auteur: Londres, J. Murray, 1778, 1779 et 1788. La 2e partie (pratique) de cet Essay, quelque peu modifiée et condensée, adaptée à un usage scolaire, fut publiée séparément à York en 1766 sous le titre A Practical Grammar of the English Language, puis rééditée en 1767 et 1771 sous un nouveau titre: An Account of the Principles of Grammar, As applied to the English Language/A Grammar of the English Language. Voir Alston, vol. 1, 1965, p.50-51, n° 264-270.
Langues ciblesAnglais
MétalangueAnglais
Langue des exemplesAnglais, latin, grec
Sommaire de l'ouvrageVol. I. Préface (14 p.), Table des matières (22 p.) Introduction (9 p.) 1: la méthode; 2: le langage composé de sons, de lettres et de symboles. "Grammaire spéculative" (284 p.). Livre I, centré sur le nom (102 p.; 21 chap.): 1. le nom et le verbe (p. 11-21); 2-4. le nom substantif, ses diverses sortes (22-31); 5-6. les processus de l'esprit et les conceptions mentales associées aux noms d'espèces (31-38); 7-10. les espèces agrégées, fragmentées, corrélatives et abstraites (38-42); 11. les processus de l'esprit et conceptions exprimées par le verbe (42-46); 12-21. le nombre, le cas et les signes (46-106). Livre II (11 p.; 2 chap.): 1-2. l'adjectif et les degrés de comparaison (113-123). Livre III (31 p.; 5 chap.): 1-5. le pronom, possessif, relatif, interrogatif et démonstratif (125-155). Livre IV, centré sur le verbe (56 p.; 14 chap.): 1-4. le verbe et ses fonctions (verbe objectif, coalescent, définitif) (157-174); 5-6. les différentes sortes de verbes et les formes correspondantes (175-182), 7-14. la conjugaison des verbes, les modes et les temps, les personnes et les signes (182-212). Livre V (42 p.; 4 chap.): l'adverbe, la conjonction, la préposition et l'interjection (213-254). Livre VI (40 p.; 2 chap): 1. le langage et l'usage (255-261); 2. les constructions des mots entre eux (262-294).
Vol. II.: "Grammaire pratique" (258 p.). Introduction (20 p.): orthographe et articulation des sons (p. 298-317). Livre I consacré à l'"étymologie" (127 p.; 26 chap.): 1. les diverses sortes de mots (319-324); 2-6. le nom (324-347); 7-12. le pronom (347-370); 13-22. le verbe (370 -423); 23-26. l'adverbe, la conjonction, la préposition et l'interjection (423-445). Livre II (81 p.): syntaxe (accords, constructions, et figures de style) (447-529). Livre III (24 p.): prosodie (531-554).
Objectif de l'auteurWard, qui considère la grammaire comme l'art d'exprimer les pensées dans un contexte de communication entre êtres humains, poursuit un double objectif. Dans la 1re partie "théorique" réservée à l'enseignant, il veut, en étudiant la formation des concepts et l'expression des relations logiques établies entre eux par l'esprit, découvrir ces principes psychologiques que sont les "propriétés de construction observées dans toutes les langues" (p. 261). Et dans la 2e partie "pratique" destinée à l'élève, il cherche à appliquer ces propriétés soumises aux lois de la raison universelle (raison dont le grammairien est l'incarnation, ce qui justifie la forme prescriptive de cette application) à l'étude du génie de la langue anglaise, première étape vers l'apprentissage d'autres langues dont le latin et le grec.
Intérêt généralOuvrage qui se situe dans la lignée des grands ouvrages théoriques philosophiques et spéculatifs proposés par Sanctius en Espagne, Arnauld & Lancelot en France, Lewis, et surtout Harris en Angleterre, avec adjonction d'une dimension communicative qui n'existait pas jusque là, sans qu'il y ait pour autant rupture avec le courant descriptif représenté par Wallis, Cooper, etc. C'est l'un des ouvrages les plus complets du siècle; il affiche une analyse très fine, vigoureuse et originale (voir Michael 1970, Poldauf 1948, Rousse 1975, Subbiondo 1975).
Parties du discoursArguant du souci de ne pas dérouter les élèves (p. 320), Ward énumère dans sa grammaire "pratique" les 8 parties du discours de la "coutume établie", se contentant de leur adjoindre l'article pour la description de l'anglais. Mais cette division est étayée sur le plan théorique par une réflexion très originale, dans la lignée de celle de la GGR de Port-Royal (notice Arnauld 2304), sur les divers types de conception des opérations de l'esprit représentées par le langage (p. 12-22, 70, 255-256, 320-324): Ward distingue les conceptions d'"objets" (représentées par les names of objects – noms ou adjectifs – qui correspondent à un "principe d'existence constant, particulier à chaque objet", principe "incommunicable"), les conceptions d'"états d'existence" de ces objets (représentées par les expressions of states of being – verbes et participes – qui témoignent d'un "principe d'existence non constant, occasionnel" qui, lui, est "communicable") et les "modes d'opération de l'esprit" (les "marques de relation" ou signs qui regroupent adverbes, prépositions, conjonctions, interjections, et aussi articles et cas). Voir Rousse 1975.
Innovations term.Ward les réserve au domaine fonctionnel et syntaxique. Pour développer sa conception de la phrase comme expression de concepts il utilise le mot object dans une nouvelle acception ("conception que l'esprit peut isoler", p. 320-321), d'où son verb objective qui correspond à l'infinitif, opposé au verb coalescent exprimé par des participes, et au verb definitive rendu par des formes finies (p. 158-164). Pour présenter la phrase comme acte de discours à dimension communicative, il recourt à act of speaking, speaker, hearer, time of speaking, speaker's intention, communicable, incommunicable (p. 125). Et il utilise le terme de sentencial demonstrative "démonstratif de phrase" pour évoquer la conjonction that lorsqu'elle introduit une phrase à valeur nominale (p. 438).
Corpus illustratifCorpus illustratif littéraire dans la partie syntaxique: les exemples sont empruntés à la littérature (Shakespeare, Milton, Dryden, Pope, Addison, ou la Bible pour ce qui est de l'anglais), et ils peuvent être aussi bien en latin ou en grec dans la partie spéculative (emprunts à César, Virgile, Xénophon, etc.), ce qui est tout à fait en accord avec le caractère général de la théorie exposée.
Indications compl.Traitement de la syntaxe: conception logico-sémantico-fonctionnelle hiérarchisée de la phrase (sentence of compleat truth or falsehood) qui peut être réduite d'un premier degré pour exprimer un objet de l'intellect (elle occupe alors une fonction nominale), et d'un second degré pour exprimer une conception correspondant à une fonction d'adjectif (c'est le cas de la relative) (p. 135-136).
Traitement de l'auxiliaire: Ward se penche sur la répartition des fonctions qui s'opère entre les auxiliaires et les verbes principaux. Il étudie leur rapport syntaxique, leur rôle respectif, et leur valeur sémantique, mettant en évidence la non autonomie de l'auxiliaire mais aussi son statut verbal, qui en fait l'instrument de l'assertion (contrairement au verbe dit principal, non assertif) avec simple allusion aux circonstances et présence de valeur modale: expression de la réalité pour do et de l'incertain pour les auxiliaires de mode. Voir Rousse 1972.
Influence subieSe rencontrent chez Ward, de façon sensible, à la fois le rationalisme de l'âge classique et l'empirisme de Locke et Hartley. Michael (1970, p. 175-176) note sa préférence très nette pour le terme de speculative par rapport au terme d'universal: plus que l'universalité du langage, c'est son lien avec la conception et la communication du raisonnement humain qui l'intéresse. Ward a par ailleurs une vaste culture grammaticale: il paraît évident qu'il connaissait Lewis; il cite Arnauld & Lancelot 1660, Buffier 1709, Sanctius 1587, Wallis 1653, Harris 1751 et J. Ward 1758, et pour les questions de phonologie, il évoque Holder et Wallis, qui ne sont vraisemblablement pas étrangers à l'habileté avec laquelle il décrit la prononciation des sons. Mais son œuvre demeure le fruit d'une réflexion originale, très fine et très personnelle.
Influence exercéeFaible apparemment, même si le nom de Ward est mentionné dans les ouvrages de ses contemporains et si on retrouve le même souci de réfléchir sur le fonctionnement de la langue chez Fenning 1771, Coote 1788, Wright 1794 ou Fogg 1796. Ward n'est cité ni par Howatt, ni par Land, ni par Robins. Sa réflexion, après avoir été saluée par ses contemporains, a été totalement oubliée pendant deux siècles. Des historiens de la linguistique la découvrent à nouveau aujourd'hui avec intérêt; ils y trouvent des germes de ces concepts fondamentaux sur lesquels sont bâties les théories modernes: Subbiondo 1975 est sensible aux allusions aux structures cachées du langage qui lui rappellent les fondements de la grammaire générative et transformationnelle; Rousse & Verrac 1992 voient dans son étude de la phrase définie comme act of speaking et analysée par rapport au speaker (p. 173-174) une pré-théorie de l'énonciation.
Renvois bibliographiquesAlston R. C. 1965 {p. 50-51}; Göbels A. 1999; Michael I. 1970 {p. 175-178}; Rousse J. 1975; Rousse J. & Verrac M. 1992; Subbiondo J. L. 1975; Subbiondo J. L. 2009
Rédacteur

Le Prieult, Henri · Verrac, Monique

Création ou mise à jour2000