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Grammaire française philosophique

D'Açarq, Jean-Pierre

DomaineGrammaires françaises, remarques et traités sur la langue française
SecteurGrammaires françaises du 18e s. [2410]
Auteur(s)

D'Açarq, Jean-Pierre

Datation: ca 1720-1795

Grammairien et professeur français, né à Audruick, en Artois, mort à Saint-Omer. Protégé par Fréron, il rédige la partie grammaticale de l'Année Littéraire. Il ouvre sans grand succès un pensionnat à Paris, puis est nommé professeur de langue française à l'Ecole Royale Militaire. Fréron le proclame le premier des grammairiens après le discours qu'il prononce lors de sa réception dans son nouveau poste. Ses remarques sur la poésie de Boileau, de Racine, et Voltaire, lui attirent les sarcasmes de La Harpe, et de Le Brun. A la suppression de son poste quelques mois plus tard, il tente sans succès de rouvrir son pensionnat. Ces échecs successifs l'amènent à rentrer dans sa province où il passe la fin de sa vie.

Titre de l'ouvrageGrammaire française philosophique, ou traité complet sur la physique, sur la métaphysique, et sur la rhétorique du langage qui règne parmi nous dans la société
Titre traduit
Titre courtGrammaire française philosophique
Remarques sur le titre
Période|18e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire théorique du français.
Type indexéGrammaire générale
Édition originale1760, Genève, Moreau et Lambert.
Édition utiliséePremière édition, 1760, Genève, Moreau et Lambert.
VolumétrieIn-16, 189 pages, 990 signes par page.
Nombre de signes187110
Reproduction moderne
DiffusionSans doute limitée.
Langues ciblesFrançais
MétalangueFrançais
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageL'ouvrage est composé de deux traités: le premier consacré au nom, le second au verbe, précédés d'un avertissement, et d'un discours préliminaire sur la langue française (p. 15-24). Du nom (25-90): de la nature du nom, des divisions du nom, des accidents du nom (substantif ou adjectif), nombre et genre, du nom adjectif: (division, accidents, sens propre et figuré, nombre, genre, degré de comparaison, dérivation, substantif pris adjectivement (et inversement), substantif et adjectif pris adverbialement, position des adjectifs, substantifs et adjectifs synonimes [sic], substantifs et adjectifs homonymes. [La pagination recommence pour le second traité:] Avant propos (p. 1-24). Du verbe (25-133): nature du verbe, division du verbe (substantif et adjectif), accidents du verbe (sens propre, et sens figuré, espèce, figure, voix, mode, temps, nombre, personne, conjugaison, analogie et anomalie). Du génie ou du caractère de la langue française (133-189).
Objectif de l'auteurL'auteur tente de réunir en un seul corps de doctrine, et en un seul ouvrage (cf. avant propos) une grammaire française et particulière (sur le modèle de celle de Régnier-Desmarais), une grammaire générale (sur le modèle de celle de Port-Royal), et une rhétorique (sur le modèle de celle du Père Lamy). L'inachèvement de l'ensemble ne permet pas de juger si l'objectif est atteint. On notera seulement que l'introduction de remarques de sémantique (sur la synonymie, sens propre et figuré), dans des chapitres de grammaire consacrés au nom et au verbe est inhabituelle dans les grammaires de l'époque.
Intérêt généralL'intérêt présenté par cette grammaire du point de vue de l'histoire des théories provient de son appartenance problématique au paradigme de la grammaire générale. Appartenance revendiquée, dans le titre par exemple, mais démentie par le contenu de certaines analyses. Cette caractéristique est partagée par plusieurs grammaires de cette période. Ces textes permettent d'éclairer la complexité des phénomènes qui accompagnent la mise en place d'un paradigme dominant, en l'occurrence la grammaire générale au 18e s.
Parties du discoursOn retrouve dans cet ouvrage une division entre substantif et adjectif commune aux catégories du nom et du verbe. Les noms adjectifs sont répartis entre adjectifs physiques, qui désignent les qualités permanentes des objets représentés par les noms, et métaphysiques, qui désignent "quelque considération de notre esprit à leur égard"; les possessifs mon, ma, ton, ta, son, sa, etc. sont rangés dans cette catégorie. Comme l'indique le sommaire, l'analyse des sous-catégories ainsi posées se poursuit en termes d'accidents, dont la liste n'est évidemment pas la même selon les catégories décrites. On note toutefois l'absence remarquable de tout développement sur la question des régimes: le cas ne figure plus au nombre des accidents du nom substantif, l'analyse de la voix des verbes est purement morphologique.
Innovations term.Pas d'innovation terminologique significative.
Corpus illustratifLes exemples sont le plus souvent forgés.
Indications compl.La théorie du temps est très incomplète. Outre quelques remarques générales et convenues sur la nature du temps, intrinsèquement lié à l'idée de mouvement et au déplacement dans l'espace, l'inventaire des formes décrites est incomplet (pas de description du passé antérieur, des formes surcomposées, ou des formes en -rais). Les définitions proposées sont des paraphrases parfois assez obscures des définitions de la tradition (cf. par exemple le plus-que-parfait comme temps doublement passé). En revanche, on trouve une description de la morphologie assez développée, domaine dans lequel l'auteur semble beaucoup plus à l'aise et qui lui permet de faire de nombreuses comparaisons avec le latin.
La dernière partie de l'ouvrage consacrée au génie de la phrase française développe une théorie syntaxique inspirée de Du Marsais.
Influence subieLe corpus des grammairiens cités est remarquable par son étendue, et la fréquence des citations: Arnaud, Buffier, Girard, Régnier, Restaut, Sanctius, Vallange. En ce sens, la grammaire de D'Açarq se rattache à la grammaire générale. Mais c'est ce que le contenu de l'ouvrage dément partiellement. En dehors de la catégorisation du verbe en verbe substantif et verbe adjectif et, à un niveau très général, de l'orientation philosophique des analyses, on ne retrouve que très peu des problèmes et des thèses débattus par la grammaire générale.
Influence exercéeD'Açarq est surtout connu pour une méthode de traduction du latin dont il partage la paternité avec Du Marsais, fondée sur la reconstitution de la construction. Cette technique repose sur une conception originale de la distinction entre syntaxe et construction. Curieusement on n'en trouve pas de trace dans cet ouvrage.
Renvois bibliographiquesChevalier J.-C. 1968
Rédacteur

Fournier, Jean-Marie

Création ou mise à jour1998