Domaine | Traditions non-occidentales |
Secteur | Grammaires de l'hébreu [4206] |
Auteur(s) | Qimḥī, Mōšeh ben Yōsēf |
Datation: Mort à Narbonne vers 1190 Grammairien de l'hébreu et exégète. Fils du grammairien Yōsēf Qimḥī, que les persécutions almohades avaient contraint à quitter l'Espagne pour le sud de la France, et frère aîné de Dāwid Qimḥī, il a probablement passé toute sa vie à Narbonne. Il laisse deux traités de grammaire et des commentaires bibliques. | |
Adaptateur(s) | Lévīṭa, Elie |
Variantes: ’Eliyāhū ben ’Ašer haLewī ’Aškenāzī Datation: 1469-1549 Grammairien et lexicographe de l'hébreu. Né à Neustadt (Allemagne), il passa la plus grande partie de sa vie en Italie, où il prit le surnom de Bāḥūr (qui signifie à la fois "jeune homme" et "choisi, distingué"). Il travailla comme correcteur chez l'imprimeur Bomberg de Venise et enseigna l'hébreu à de nombreux humanistes chrétiens, en particulier son mécène, le cardinal G. de Viterbe. Il laisse une œuvre littéraire (poèmes et romans en yiddish), grammaticale, lexicographique (dictionnaires de l'araméen du Targum et de l'hébreu rabbinique), et le premier travail scientifique sur l'œuvre des Massorètes; il a démontré le caractère tardif (post-talmudique) du système de vocalisation et d'accentuation bibliques. Certains de ses élèves (Paul Fagius, Sébastien Münster) ont publié des traductions latines de ses œuvres grammaticales, qui se situent dans la lignée des Qimḥī. | |
Titre de l'ouvrage | Mahălaḵ Šĕvīlēy Hadda‘aṯ |
Titre traduit | Sur les chemins de la connaissance; le livre des voies de la langue sainte |
Titre court | Mahălaḵ |
Remarques sur le titre | Titre acrostiche: M-Š-H = MoŠeH; également intitulé (dans les manuscrits et quelques éditions) Sēfer darkēy lĕšōn haqqōḏeš. |
Période | |12e s.| |
Type de l'ouvrage | Grammaire descriptive (essentiellement morphologique) de l'hébreu biblique. |
Type indexé | Grammaire descriptive | Traité de morphologie |
Édition originale | Composée vers la fin du 12e s. Première éd. 1508, Pesaro, G. Soncino. |
Édition utilisée | Ed. de 1546, Venise (Daniel Bomberg). |
Volumétrie | In-12°. L'ouvrage occupe les feuillets 2r à 51v d'un vol. intitulé Diqdūqīm ("Grammaires") dans lequel Elie Lévita a réuni quatre grammaires hébraïques des 12e et 13e s. 98 pages, 1 030 signes par page. Les caractères utilisés pour le texte de Qimḥī sont plus gros que ceux des annotations de Lévita. |
Nombre de signes | 101000 |
Reproduction moderne | |
Diffusion | Trois manuscrits, une quinzaine d'éditions entre 1508 et 1867, dont une édition en hébreu et latin traduite par Sébastien Münster (Liber viarum linguae sanctae, Bâle, 1531) et comprenant les commentaires d'Elie Lévita. Un manuscrit de 1225 pourrait contenir une première rédaction de l'ouvrage, moins développée [voir Bacher 1890]. L'édition parisienne d'Agostino Giustiniani (1470-1536) est le premier ouvrage entièrement en hébreu publié en France (1520). Il existe également une traduction anonyme partielle, manuscrite, du début du 14e s., en dialecte judéo-italien. |
Langues cibles | Hébreu (biblique) |
Métalangue | Hébreu (médiéval) |
Langue des exemples | |
Sommaire de l'ouvrage | F. 2r-4v: les parties du discours. Définition et description du nom, de la particule et du verbe. 5r-8r: les consonnes. Distinction entre lettres radicales et lettres serviles, point d'articulation, définition des consonnes faibles (’ālef, hé, wāw, yōd) non prononcées lorsqu'elles sont quiescentes [= non suivies de voyelle], alternance occlusives / spirantes, rôle des accents bibliques. 8r-10r: les voyelles et le šĕwā’. 10r-14r: schèmes nominaux et verbaux. Flexion nominale. Formes d'état absolu et d'état construit. 14r-19v: le verbe et ses huit schèmes (binyānīm). 19v-38v: les verbes irréguliers, comportant une consonne faible ou un nūn. 38v-39v: les verbes quadrilittères. 39v-44v: formes verbales affixées. 44v-51v: métrique et accents bibliques (cette dernière partie a été composée par Elie Lévita, elle ne figure pas dans les éditions antérieures). |
Objectif de l'auteur | "Faire comprendre les voies de la langue sainte", c'est-à-dire en décrire la morphologie. |
Intérêt général | De par sa simplicité et sa brièveté, le Mahălaḵ est rapidement devenu un ouvrage de référence, tant pour les juifs que pour les hébraïsants chrétiens. |
Parties du discours | La présentation est celle, classique, de la grammaire arabe: nom, particule, verbe. Le nom est subdivisé en quatre catégories: substantifs (animés et inanimés), qualificatif (ex.: "juste, grand, roi"); nom d'appartenance (dérivés d'un nom de lieu), nom de nombre. Elie Lévita oppose ces définitions à celles des logiciens. La particule est décrite comme "n'ayant pas de sens par elle-même". Il n'y a pas de définition générale du verbe. |
Innovations term. | La terminologie est largement influencée par celle d'Ibn ‘Ezrā. On notera cependant quelques différences, ex. ’ōṯiyyōṯ hannĕšīmā ("les lettres du souffle"), au lieu de ’ōṯiyyōṯ hammešeḵ ("les lettres de prolongation"). Ces termes sont définis et expliqués dans le commentaire de Lévita. |
Corpus illustratif | Biblique (les références des citations ne sont pas données). |
Indications compl. | Intérêt pédagogique: l'innovation principale réside dans le choix d'une nouvelle racine-type pour présenter les différentes formes verbales et les conjugaisons. Sur le modèle de l'arabe, les grammairiens antérieurs avaient choisi la racine du verbe "faire" (P.‘.L, cf. en arabe le mot "verbe", fi‘l); mais, comportant une gutturale qui ne peut être redoublée, cette racine ne peut qu'imparfaitement refléter certaines modifications morphologiques. Mōšeh Qimḥi lui substitue celle du verbe P.Q.D. ("inspecter, commander"), qui ne comporte pas de gutturale. La présentation claire des paradigmes (ordre: 3e, 2e, 1re personne), qui est également une innovation de Mōšeh Qimḥī, deviendra classique dans les ouvrages ultérieurs. Enfin, l'ordre des schèmes verbaux (qal, nif‘al, pi‘ēl, pu‘al, hif‘īl, h†f‘al, pō‘el, hiṯpa‘ēl) est dicté par un souci pédagogique. La concision (voulue) du texte de Mōšeh Qimḥī amène le commentateur à diviser la grammaire en petites unités qu'il développe au fur et à mesure. |
Influence subie | Aucun auteur n'est cité explicitement mais Mōšeh Qimḥī s'appuie sur l'enseignement de son père Yōsēf, ainsi que sur Avrāhām Ibn ‘Ezrā pour la terminologie. La tradition transmise par ces deux grammairiens repose sur l'enseignement de Mĕnaḥem ben Sarūq (liste mnémotechnique des consonnes serviles), Ḥayyūğ et Ibn Ğanāḥ (consonnes faibles, présentation du système verbal); on en retrouve l'écho ici. |
Influence exercée | La présentation des paradigmes et le choix de la racine P.Q.D comme racine-type seront repris par la très grande majorité des auteurs, à commencer par Dāwid Qimḥī. L'influence du Mahălaḵ est également sensible chez les premiers hébraïsants chrétiens, notamment Reuchlin, qui possédait un manuscrit et deux traductions de cet ouvrage (une en latin et l'autre en allemand), et lui emprunte certaines définitions. Un hébraïsant chrétien du 16e s. compare les frères Qimḥī à Priscien et Donat. |
Renvois bibliographiques | Bacher W. 1890; Bacher W. 1892 {p. 198-207}; Roth C. & Wigoder G. (éd.) 1971 {vol. 16, col. 1359, 1386}; Sermoneta G. 1967; Valle Rodríguez C. del 1976 {p. 284-285}; Van Bekkum W. J. 2009 |
Rédacteur | Kessler-Mesguich, Sophie |
Création ou mise à jour | 2000 |