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Grammaire historique de la langue française

Nyrop, Kristoffer

DomaineGrammaires françaises, remarques et traités sur la langue française
SecteurGrammaires françaises du 20e s. [2601]
Auteur(s)

Nyrop, Kristoffer

Datation: 1858-1931

Linguiste danois, né à Copenhague, au Danemark. Etudes des langues romanes commencées à l'Université de Copenhague en 1875, poursuivies à Paris (1877-78) sous la direction de Gaston Paris. Le séjour à Paris devait exercer une influence durable sur Nyrop qui se lia d'amitié entre autres avec Gaston Paris, Paul Meyer et Emile Picot. Diplômé en 1879, médaille d'or de l'Université de Copenhague avec son traité sur l'épopée française (en danois) en 1883, thèse de doctorat sur le genre des adjectifs dans les langues romanes (en danois) en 1886. Entré dans la carrière universitaire en 1888, il succéda au professeur Thor Sundby en 1894, à la chaire des langues et littératures romanes de l'Université de Copenhague. L'étendue de ses connaissances, sa familiarité avec les nouvelles approches inspirées par les courants philologiques et néogrammairiens, ses dons pédagogiques et la vivacité de son esprit l'ont rendu très connu et très apprécié non seulement dans les circuits académiques, mais aussi par un public plus vaste. A l'intention de ses étudiants il rédigea un grand nombre d'études et de manuels: sur la langue espagnole (en danois, 1889), sur la phonétique française (en danois, 1893, traduction française [Manuel phonétique du français parlé] en 1902, 4e éd. revue et corrigée en 1923), sur l'italien (en danois, 1896, 1897); un recueil d'articles de fond pour l'enseignement des nouvelles méthodes philologiques (1895, éd. augmentée en 1915); sur la versification française (en danois, 1910), etc. A ceci s'ajoutent, entre autres, deux volumes de poésie française (1905, 1909) et une série d'études très appréciées sur "la vie des mots" (en danois) à partir de 1901 (traduction allemande en 1903). En 1917, il publia une étude intéressante sur l'accord en français (en danois). Malgré le grand nombre de publications largement diffusées (Gunnar Skov, son beau-fils, en recense 371), la renommée nationale et internationale de Nyrop est avant tout due à sa Grammaire historique de la langue française (honorée du Prix Diez et du Prix Saintour), dont le 1er volume a paru en 1899 et le 6e et dernier volume seulement en 1930, peu avant sa mort. Cet ouvrage, qui reste une œuvre de référence dans son domaine, a été entravé d'une part par une grave maladie qui a fini par rendre Nyrop totalement aveugle au cours de la préparation du troisième volume – et d'autre part par le choc psychologique que constituait pour lui la Première Guerre mondiale.

Titre de l'ouvrageGrammaire historique de la langue française
Titre traduit
Titre courtGrammaire historique de la langue française
Remarques sur le titre
Période|20e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire historique du français de l'époque la plus ancienne à l'époque moderne (début du 20e s.).
Type indexéGrammaire historique
Édition originalePremier volume (l'histoire externe de la langue et la phonétique), 1899. Second volume (la morphologie), 1902. Troisième volume (la formation des mots), 1908. Quatrième volume (la sémantique), 1913. Cinquième volume (la syntaxe; noms et pronoms), 1925, et sixième volume (la syntaxe; verbes, particules, la proposition), 1930, Copenhague, Gyldendal.
Édition utiliséeL'ouvrage a été consulté dans les dernières versions révisées: vol. 1 = 1967 (Copenhague, Gyldendal), 509 p.; vol. 2 = 1965 (Copenhague, Gyldendal), 441 p.; vol. 3 = 1936 (Copenhague, Gyldendalske Boghandel, Nordisk Forlag, Leipzig, Otto Harrassowitz, New York, G. E. Stechert, Paris, Alphonse Picard et fils), 411 p.; vol. 4 = 1913 (mêmes éditeurs), 456 p.; vol. 5 = 1925 (mêmes éditeurs), 430 p.; vol. 6 = 1930 (mêmes éditeurs avec l'indication supplémentaire: London, Gyldendal Publishing House), 399 p. Environ 2560 signes par page, soit env. 6 773 760 signes pour tout l'ouvrage.
VolumétrieVol. 1: 509 pages.; vol. 2: 441 p.; vol. 3: 411 p.; vol. 4: 456 p.; vol. 5: 430 p.; vol. 6: 399 p. Environ 2560 signes par page.
Nombre de signes6773760
Reproduction moderne
DiffusionLe premier vol. reste le volume le plus apprécié et le plus souvent réédité (4e éd. revue en 1935, 5e éd. en 1967, revue par P. Laurent, Saint Cloud). Second vol.: 2e éd. revue en 1924, 4e éd. en 1965. Troisième vol.: 2e éd. revue par K. Sandfeld en 1936.
Langues ciblesFrançais
MétalangueFrançais
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageVolume I: Histoire générale de la langue française [p. 1-140], phonétique historique [141-509]. Volume II: La morphologie: les verbes [1-173], les substantifs et les adjectifs [174-349], les noms de nombres [350-369], les articles [370-387], les pronoms [388-437], conclusion générale [438-441]. Volume III: Formation des mots: introduction générale [3-34], dérivation suffixale [35-212], préfixes [213-252], dérivation régressive [253-269], mots composés [270-293], formation des particules [294-329], dérivation impropre [331-349], formation du genre [350-411]. Volume IV: Sémantique: sens du mot [3-72], changement de sens [73-107], valeur des mots [108-155], domaine des mots [156-187], métonymies [188-228], métaphores [229-256], euphémismes [257-321], assimilation [322-358], noms propres [359-395], le mot et la chose [396-456]. Volume V: Syntaxe: remarques générales [3-57], accord et non-accord [58-112], noms et noms de nombres [113-159], articles [160-205], pronoms personnels [206-273], pronoms possessifs [274-291], pronoms démonstratifs [292-310], pronoms relatifs [311-356], pronoms interrogatifs [357-367], pronoms indéfinis [368-430]. Volume VI: Syntaxe: adverbes [3-64], prépositions [65-145], conjonctions [147-171], remarques générales sur les verbes [172-216], modes et temps du verbe [217-342], propositions [343-399].
Objectif de l'auteurRédiger une grammaire qui donne "un aperçu historique de l'ensemble des phases qu'a parcourues l'évolution de la langue depuis ses origines représentées par les plus vieux textes jusqu'à sa forme la plus moderne représentée par la langue parlée à l'heure actuelle".
Intérêt généralL'ouvrage combine la tradition philologique et le courant néophilologique, tout en y ajoutant un intérêt vif pour l'aspect sociologique de la langue. Dans le domaine de la phonétique, Nyrop affirmait que l'évolution est "inconsciente", "graduelle" et "suit des lois constantes et s'opère avec une parfaite uniformité", qui se modifie seulement sous l'effet de l'analogie. Nyrop avait la conviction qu'en étudiant "un fait de langage quelconque, il ne faut pas s'arrêter avant d'avoir trouvé la raison 'sociologique'". Ses convictions néophilologue et sociologique le mènent à rejeter l'existence d'une iconicité pourtant populaire à l'époque ["nomina sunt consequentia rerum"] entre la forme du mot et la chose désignée: la forme extérieure de la langue suit selon lui ses propres lois spécifiques, alors que la syntaxe et la sémantique sont des "manifestation[s] de vie et reflète[nt] un changement survenu dans l'homme, dans sa pensée, ses sentiments ou ses actions, ou dans la société qui l'entoure". Fidèle à ses vues néophilologiques, Nyrop considère l'évolution phonétique comme responsable des simplifications morphologiqus langues romanes – qui sont d'ailleurs considérées comme un avantage décisif.
Parties du discoursNyrop applique sans discussion les répartitions traditionnelles des parties du discours – ce qui est sans doute lié à son souci pédagogique de pouvoir servir comme ouvrage de référence à la fois pour débutants et pour chercheurs plus avancés. A ceci s'ajoute un style très agréable et le souci constant d'une présentation pédagogique où sont clairement distinguées règles et exceptions.
Innovations term.Apparemment aucune.
Corpus illustratifIl est vaste; il y a beaucoup de citations puisées dans les œuvres couvrant toutes les périodes de la langue française (Nyrop est un bon connaisseur de la littérature française).
Indications compl.Nyrop s'écarte de la tradition dans laquelle il s'inscrit (représentée par exemple par la grammaire historique des langue romanes de Meyer-Lübke) sur plusieurs points, parmi lesquels les quatre suivants: i) son approche "sociologique" (terme dont se sert K. Nyrop) qui présente l'histoire externe comme une source de compréhension notamment du développement du vocabulaire (voir par ex. tome 1): Nyrop insiste sur le lien étroit entre le langage et l'homme considéré dans la société. Il anticipe sur plusieurs points sur les approches de la sociolinguistique moderne; ii) la distinction conséquente entre graphie et prononciation. Comme la forme écrite du français reflète un état de prononciation archaïsant, Nyrop insiste sur la nécessité de remplacer l'orthographe officielle par une transcription phonétique – sur ce point Nyrop est absolument innovateur; iii) son respect de l'usage de la langue parlée qui se reflète par ex. dans son étude morphologique des noms et des verbes de la langue parlée par opposition à la langue écrite. Ainsi Nyrop signale que l'orthographe fait croire que le féminin des adjectifs en français moderne se forme par l'addition d'un e, tandis que la transcription phonétique montre que la forme féminine se distingue de la forme masculine non pas grâce à une voyelle – comme dans les autres langues romanes –, mais par l'addition d'une consonne. Sa façon de traiter le français oral est également novatrice; iv) son inclusion de la sémantique (occupant tout le tome 4), discipline linguistique alors à ses débuts. Dans ce domaine Nyrop s'inspire surtout de Bréal et de Darmesteter. Plus précisément, Nyrop propose (tome quatrième) quatre sources majeures de changements sémantiques, des causes liées: (a) à la chose ou à la notion désignée par le mot subissant un changement, (b) aux sociolectes, (c) aux dispositions individuelles des parlants, (d) à la forme, à la fréquence ou à la cooccurrence du mot avec d'autres mots.
Influence subieBien que Nyrop soit fortement influencé par la tradition philologique représentée par Gaston Paris, c'est pourtant la méthode néogrammairienne que Nyrop applique dans ses œuvres scientifiques.
Influence exercéeDepuis sa publication, la Grammaire historique de la langue française a fortement influencé les générations suivantes d'étudiants et de linguistes. Avec la perte d'intérêt pour les études historiques provoquée par l'essor des courants structuralistes à partir des années 1960, son influence scientifique est devenue plus limitée. Elle reste néanmoins une œuvre de référence pour l'histoire de la langue française, surtout pour son traitement de la phonétique et de la morphologie.
Renvois bibliographiquesBergounioux G. 1994; Meyer-Lübke W. 1890; Robins R. H. 1997; Skov G. 1932; Trask R. L. 1996
Rédacteur

Schøsler, Lene

Création ou mise à jour1998