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Muġnī l-labīb ʿan kutubi l-aʿārīb

Ibn hisām Ğamāl al-Dīn Muḥammad

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurGrammaires arabes [4116]
Auteur(s)

Ibn hisām Ğamāl al-Dīn Muḥammad

Forme complète: Ibn hisām Ğamāl al-Dīn Muḥammad ibn Yūsuf

Datation: 1310-1360

Grammairien arabe né et mort au Caire. Il ne quitta guère sa ville natale – hormis deux fois pour se rendre à La Mecque – où il enseigna la grammaire, le droit musulman et les sciences coraniques. Bien que jouissant d'une grande réputation auprès de ses contemporains, il n'eut qu'une carrière médiocre, n'obtenant de chaire que dans les dernières années de sa vie. Il laisse une production abondante, presque exclusivement consacrée à la grammaire et à la philologie, dont deux abrégés qu'il commenta lui-même, le Qaṭr al-Nadā ("La goutte de rosée") et les Šuḏūr al-ḏahab ("Les paillettes d'or"). Sa langue maternelle était l'arabe andalou.

Titre de l'ouvrageMuġnī l-labīb ʿan kutubi l-aʿārīb
Titre traduitL'ouvrage qui dispense l'homme intelligent de consulter les traités de syntaxe
Titre courtMuġnī l-labīb ʿan kutubi l-aʿārīb
Remarques sur le titre
Période|14e s.|
Type de l'ouvrageTraité de syntaxe, précédé d'un dictionnaire des particules et mots-outils grammaticaux, recensant leurs valeurs et leurs emplois.
Type indexéRecueil de particules
Édition originalePremière rédaction en 1348, puis (le manuscrit s'étant perdu) en 1355. Edition princeps, Le Caire, 1884, 2 vol. avec gloses marginales de M. al-Amīr.
Édition utiliséeEdition M. ʿAbd al-Ḥamīd, Le Caire 1965 (2e éd.).
Volumétrie1 vol. in-8°, 1016 pages (index compris), 1100 caractères par page.
Nombre de signes1000000
Reproduction moderne
Diffusion26 manuscrits recensés dans Sezgin 1984, ainsi qu'une quinzaine de commentaires et abrégés (dont beaucoup ne concernent que la première partie); l'ouvrage a donc connu un retentissement très important.
Langues ciblesArabe
MétalangueArabe
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvragePremière partie. Liste des particules et mots-outils grammaticaux avec leurs emplois (p. 18-489). Deuxième partie. Syntaxe de la phrase: phrase simple et complexe (490-499); phrases n'occupant par une position régie (syntaxiquement indépendantes): différents types (500-536); phrases occupant une position régie (syntaxiquement dépendantes): différents types (537-550); Cas d'espèce (550-560). Troisième partie. Cas des "quasi-phrases" (i.e. adverbes de lieu et groupes prépositionnels, analysés comme contenant un élément verbal sous-jacent) (566-587). Quatrième partie. Explications sur quelques règles et principes généraux que tout lettré se doit de maîtriser (588-683). Cinquième partie. Explications sur certains cas ambigus pouvant induire en erreur, classés selon l'ordre canonique (684-853). Sixième partie. Explications sur certaines fautes courantes chez les lettrés (854-871). Septième partie. Quelques cas difficiles d'assignation des marques casuelles (872-883). Huitième partie. Exposé de certains principes généraux susceptibles d'applications multiples (884-918).
Objectif de l'auteurProposer un traité de syntaxe ('iʿrāb) de niveau "avancé", supposant déjà connues les règles élémentaires, et mettant l'accent sur les applications les plus complexes. La "Préface" insiste sur l'originalité de l'ouvrage (toute relative au demeurant), et souligne que l'auteur s'est attaché à éviter les défauts qui allongent les traités de ses prédécesseurs: redites, traitement de questions extérieures à la syntaxe, place excessive accordée aux cas les plus simples aux dépens des questions difficiles.
Intérêt généralTrès variable selon les parties de cet ouvrage composite. La plus importante est incontestablement la seconde, où l'auteur s'attache à développer systématiquement une théorie de la phrase fondée sur la notion de "marquage casuel virtuel" ('iʿrāb maḥallī): toute phrase à laquelle il est possible de substituer un nom associé à une marque casuelle est censée porter "virtuellement" cette marque casuelle; toute phrase n'entrant pas dans le cas précédent est dépourvue de marque casuelle virtuelle. Cette idée est sans doute déjà présente dans la tradition grammaticale: on peut en trouver les prémisses dès Sībawayhi. Toutefois, l'intérêt de l'ouvrage d'Ibn Hišām tient au fait qu'il accorde à ce domaine un traitement autonome et systématique, ce qui permet une évaluation précise de la théorie (Kouloughli 1995). Dans cette première partie, on notera également qu'Ibn Hišām reconnaît l'existence d'un troisième type de prédication, distinct tout à la fois de la prédication nominale (i.e. thématique) et de la prédication verbale, la "phrase locative" (Ýumla żarfiyya) constituée d'un localisateur (déicitique de lieu ou groupe prépositionnel) et d'un localisé (nominal); ce type de phrase est considéré par le courant majoritaire de la tradition comme un cas particulier de phrase nominale.
Parties du discoursLa première partie regroupe, avec les particules proprement dites (ḥurūf), un certain nombre de mots-outils (ādāt) classés par la tradition dans d'autres catégories. Il ne s'agit pas pour autant d'une innovation radicale: on en trouve des traces dès le 10e s.
Innovations term.
Corpus illustratifTrès abondant, et constitué surtout de citations (environ 1500 versets coraniques et 1200 vers-témoins), les exemples ad hoc étant relativement moins nombreux que dans les autres traités. Une place assez importante est occupée par les proverbes bédouins (environ 50), les propos attribués au prophète (environ 80), ainsi que les citations de poètes tardifs (environ 20), normalement exclus des traités grammaticaux comme ne faisant pas autorité.
Indications compl.
Influence subieMalgré les prétentions de l'auteur à l'originalité, toute la première partie, consacrée aux particules et mots-outils, est un pur et simple démarquage du Ğanā al-Dānī ("La moisson prochaine") d'al-Murādī (mort en 1344), un collègue d'Ibn Hišām que celui-ci pilla à titre posthume. La seconde partie, plus originale par sa présentation, ne s'inscrit pas moins dans une perspective bien établie dans la tradition arabe dès le 10e s. Les autres semblent relever d'un type d'organisation caractéristique de la période tardive, que l'on retrouve dans les 'Ašbāh wa-l-nażā'ir d'al-Suyūṭī.
Influence exercéeManifestement importante compte tenu de la diffusion de l'ouvrage, qui reste encore utilisé aujourd'hui dans l'enseignement universitaire dans les pays arabes. Elle est cependant difficile à évaluer exactement pour la période qui va du 15e au 19e s., faute de données.
Renvois bibliographiquesKluge E.-M. 1999; Kouloughli D. E. 1995; Sezgin F. 1984; Versteegh K. 2009
Rédacteur

Guillaume, Jean-Patrick

Création ou mise à jour2012-03 | 2000