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Omkring Sprogteoriens Grundlæggelse

Hjelmslev, Louis

DomaineCompilations, linguistique historico-comparative, linguistique générale, phonétique et phonologie
SecteurLinguistique générale [5329]
Auteur(s)

Hjelmslev, Louis

Forme complète: Hjelmslev, Louis Trolle

Datation: 3 octobre 1899 - 30 mai 1965

Linguiste danois, né et mort à Copenhague, créateur de la glossématique. Il étudie la philologie indo-européenne comparée à l'université de Copenhague (à partir de 1917) et en Lituanie (1921): mémoire sur la phonologie du lituanien (1923). De 1923 à 1927, il poursuit ses études à Prague et à Paris (influence de A. Meillet et J. Vendryes) et soutient sa thèse de doctorat sur la phonologie historique des langues baltes: Etudes baltiques (1932). En 1931, il participe à la fondation du Cercle de Linguistique de Copenhague et en assure la présidence; il sera aussi le directeur de la revue du Cercle, Acta Linguistica, qu'il crée en 1939 avec V. Brøndal, son "frère ennemi" (voir Jørgensen 1987). En 1934 il est recruté à Århus comme assistant en linguistique comparée; en 1937, il devient titulaire de la chaire de linguistique comparée à Copenhague où il succède à H. Pedersen. De 1939 à 1943, il donne aussi un enseignement de phonétique générale. En 1956, il prend la direction de l'Institut de Linguistique et de Phonétique de Copenhague avec la collaboration de E. Fischer-Jørgensen. Parmi ses publications, les Principes de grammaire générale (1928) forment une étape importante dans la genèse de sa pensée. Après le "coup de tonnerre" du premier Congrès international des linguistes (La Haye, 1928), il commence une collaboration étroite avec H. J. Uldall, qui va conduire à la création de la glossématique et à la parution de An Outline of Glossematics (1936). Hjelmslev va poursuivre de son côté sa réflexion linguistique avec Omkring Sprogteoriens Grundlæggelse (1943) et Le langage, conçu à la même époque, mais publié en 1963. Ses Essais linguistiques (1959) regroupent divers articles parus entre 1937 et 1957. Sa radicalisation de l'opposition saussurienne entre forme et substance l'amène à privilégier en phonologie les relations structurales aux dépens de la substance de réalisation dont il minimise les contraintes. Son souci de rattacher la linguistique à une sémiotique générale, qui a souvent été mesurée à la théorie peircienne du signe (Parret 1984, Caputo 1986, p. 140 sq.), signale son ancrage dans le structuralisme saussurien.

Titre de l'ouvrageOmkring Sprogteoriens Grundlæggelse
Titre traduitAutour de la fondation de la théorie du langage
Titre courtOmkring Sprogteoriens Grundlæggelse
Remarques sur le titre
Période|20e s.|
Type de l'ouvrageTraité de linguistique théorique et d'épistémologie de la linguistique.
Type indexéEpistémologie de la linguistique | Linguistique générale
Édition originale1943, Copenhague, Festskrift udgivet af Københavns Universitet, p. 1-113 (tiré à part: 1943, Copenhague, Ejnar Munksgaard).
Édition utilisée1971, Prolégomènes à une théorie du langage, nouvelle édition traduite du danois par Una Canger, avec la collaboration d'Annick Wewer, suivi de "La Structure fondamentale du langage", traduit de l'anglais par Anne-Marie Léonard [avec une préface de V. Hjelmslev et K. Togeby], Paris, Editions de Minuit.
VolumétrieIn-8°, 231 pages [1-8] + 9-175 = 167 pages; nombre moyen de signes par page: 2200 signes.
Nombre de signes357000
Reproduction moderne1976, réimpr., Copenhague, Ejnar Munsgaard. 1993, rééd., [avec une postface en anglais de F. J. Whitfield], Copenhague, Travaux du Cercle linguistique de Copenhague, vol. 25.
Diffusion1953, trad. en anglais par Francis J. Whitfield: Prolegomena to a Theory of Language, International Journal of American Linguistics. Memoir 7, Indiana University Publications in Anthropology and Linguistics, Baltimore, Waverly Press. 1961, rééd. et révision de la trad. en anglais par F. J. Whitfield: Madison, University of Wisconsin Press. 1966, réimpr. de l'éd. originale: Copenhague, Akademisk Forlag. 1968, trad. en français: Prolégomènes à une théorie du langage, traduit du danois par une équipe de linguistes, traduction revue par Anne Marie Léonard, suivi de "La structure fondamentale du langage" [cours dispensé par Hjelmslev à Londres en 1947: p. 173-227], traduit de l'anglais par Anne-Marie Léonard, Paris, Editions de Minuit. 1968, trad. en italien: I Fondamenti della teoria del linguaggio. Introduzione ["Hjelmslev e la glossematica"] e traduzione di Giulio Lepschy, Turin, Einaudi. 1971, trad. en castillan par J. L. Diaz de Liano: Prolegomenos a una teoria del lenguaje, Madrid, Gredos. 1974, trad. en allemand par R. Keller, U. Scharf, G. Stötzel: Prolegomena zu einer Sprachtheorie, Münich, M. Hueber.
Langues ciblesLes langues du monde, surtout les langues indo-européennes
MétalangueDanois, français (pour l'édition utilisée)
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageProlégomènes à une théorie du langage: Préface [de Vibeke Hjelmslev et Knud Togeby] (p. 7-8); [1] Recherche linguistique et théorie du langage (9-14); [2] Théorie du langage et humanisme (15-18); [3] Théorie du langage et empirisme (19); [4] Théorie du langage et induction (20-22); [5] Théorie du langage et réalité (23-25); [6] But de la théorie du langage (26-30); [7] Perspectives de la théorie du langage (31-32); [8] Le système de définitions (33-34); [9] Principe de l'analyse (35-42); [10] Forme de l'analyse (43-48); [11] Fonctions (49-57); [12] Signes et figures (58-64); [13] Expression et contenu (65-79); [14] Invariantes et variantes (80-97); [15] Schéma et usage linguistiques (198-104); [16] Variantes dans le schéma linguistique (105-108); [17] Fonction et somme (109-112); [18] Syncrétisme (113-119); [19] Catalyse (120-122); [20] Grandeurs de l'analyse (123-128); [21] Langage et non-langage (129-143); [22] Sémiotiques connotatives et métasémiotiques (144-157); [23] Perspective finale (158-160). Registre alphabétique des termes définis (161-163); Définitions (164-169); Index (170-175) [pas de bibliographie].
La structure fondamentale du langage: 3 parties sans titres (177-231) [pas de bibliographie, ni d'index].
Objectif de l'auteurFaire de la linguistique une science exacte, sur une base immanente (p. 10-13); "constituer une algèbre immanente de la langue" (p. 102) dans un "ouvrage de vulgarisation" (selon les termes mêmes de Hjelmslev [Whitfield 1980, p. 42]). Comme le note Martinet (1946, p. 22) à propos du titre original, il ne s'agit pas de fonder une théorie, mais la théorie linguistique (ce que les traductions anglaise, française, espagnole et allemande ne font pas apparaître).
Intérêt généralContribution à une épistémologie du langage naturel (chap. 1-20. Voir Itkonen 1968, 1978), élargie à d'autres systèmes sémiotiques (chap. 21-23). Thématisation de trois types principaux de dépendances à l'intérieur d'une structure linguistique: interdépendance (ou fonction entre deux constantes – les termes se présupposant réciproquement), détermination (ou fonction entre une constante et une variable: présupposition non réciproque), constellation (ou fonction entre deux variables – les termes étant simplement compatibles).
Parties du discours"Si la grammaire traditionnelle a souvent transféré aveuglément les catégories latines […] aux langues européennes modernes […], c'est parce que l'on n'avait pas compris que l'épreuve de commutation est pertinente pour l'analyse du contenu linguistique" (p. 96).
Innovations term.Nomenclature complexe et nombreux néologismes (Voir Prolégomènes…, p. 161-169; pour une recension raisonnée de la terminologie hjelmslevienne, voir Siertsema 1954, chap. IV, sq.). Ainsi: glossème ("forme minimale que la théorie dégage comme base d'explication, […] variante irréductible" [p. 103]), cénématèmes (plan de l'expression), plérématèmes (plan du contenu), etc. Nous trouvons également la transposition de certains concepts en vigueur dans la linguistique de l'époque – notamment ceux de Saussure – dans une nouvelle terminologie; par ex. "procès" vs "système" = rapports syntagmatiques vs rapports associatifs; "variation" vs "variété" = variante libre vs variante combinatoire, "extensif" vs "intensif" = marqué vs non marqué, "syncrétisme" = neutralisation, etc.
Corpus illustratifRares données de langues, empruntées à tous les niveaux de l'analyse. Citations commentées (comportant parfois des exemples) de D. Jones (sur un mode critique), Saussure (le Cours de Linguistique Générale, à propos de expression vs contenu), Bloomfield, Trager et des Pragois.
Indications compl.La formalisation des relations signifiant / signifié auxquels Hjelmslev attribue une double économie interne, l'explicitation des deux axes syntagmatique et paradigmatique, la mise en évidence des propriétés formelles de la structure linguistique (réflexivité, non-réflexivité, irréflexivité; symétrie, non-symétrie, asymétrie; transitivité, non transitivité, intransitivité) permettent de définir une structure comme la classe des relations isomorphes dotées des mêmes propriétés formelles (voir Caputo 1986, p. 82-86).
Influence subiePour les mathématiques, celle de son père J. Hjelmslev; pour la linguistique, celle de Saussure, la seule clairement revendiquée ("un devancier indiscutable", p. 14) – malgré le rejet de la notion de signe comme concept pertinent pour une sémiotique (p. 40-43) – et, à un moindre degré, de Noreen (s'agissant notamment de l'isomorphisme contenu / expression), ainsi que de Pedersen, Wivel, Rask, Meillet, Vendryes. S'agissant de la conception hjelmslevienne de la structure, influence de la Gestaltpsychologie (voir Graffi 1975, p. 9 sq.).
Influence exercéeMalgré la qualité et le nombre significatif des comptes rendus de l'ouvrage (notamment: Martinet 1946, Mazell 1949) et de sa traduction en anglais (notamment Haugen 1954, Garvin 1954) ou en français (Dubois 1969), Mounin (1972) nie que l'influence d'Omkring… ait été très grande en dehors de la linguistique danoise. On signalera néanmoins l'influence revendiquée sur la grammaire stratificationnelle (S. Lamb 1965-1966), sur S. K. Chaumian, Togeby (1967) ou Alarcos-Llorach, en la distinguant de l'influence que l'approche ou la terminologie de Hjelmslev a pu exercer, sans qu'elle soit clairement revendiquée, sur Martinet (1985, p. 19) et Tesnière (1959), ou de manière plus forte, avec revendications ponctuelles, sur la sémiotique contemporaine (Eco 1975), notamment l'Ecole de Paris (Greimas 1966, Coquet, Arrivé [voir Rasmussen 1993]).
Renvois bibliographiquesAnderson S. R. 1985 {p. 140-165}; Bazell C. E. 1949; Bronstein A. J., Raphael L. J. & Stevens C. 1977; Caputo C. 1986; Caputo C. 1993; Caputo C. & Gallassi R. (éd.) 1985; Dubois J. 1969; Fischer-Jørgensen E. 1965; Fischer-Jørgensen E. 2009; Garvin P. L. 1954; Graffi G. 1974; Greimas A. J. 1966 {p. 7-21}; Haugen E. 1954; Itkonen E. 1968; Itkonen E. 1978; Lamb S. M. 1965; Malmberg B. 1966 {p. 207-233}; Malmberg B. 1983 {p. 158-170}; Martinet A. 1946; Martinet A. 1985; Mounin G. 1972 {p. 128-136}; Parret H. 1984; Rasmussen M. 1992 {p. 147-301}; Rasmussen M. (éd.) 1993; Siertsema B. 1954; Tesnière L. 1959; Togeby K. 1967; Whitfield F. J. 1980; Zilberberg C. 1985
Rédacteur

Boë, Louis-Jean · Durand, Jacques · Savatovsky, Dan

Création ou mise à jour2000