CTLF Corpus de textes linguistiques fondamentaux • IMPRIMER • RETOUR ÉCRAN
CTLF - Menu général - Notices

Della lingua toscana

Buommattei, Benedetto

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires italiennes [3211]
Auteur(s)

Buommattei, Benedetto

Datation: 1581-1648

Grammairien italien né et mort à Florence. La mort de son père l'oblige à se diriger vers le commerce. Le goût qu'il manifeste alors pour les mathématiques est à l'origine de son esprit systématique et scientifique. Entré dans les ordres en 1599, il peut se consacrer à l'étude de la grammaire et des Lettres auprès des Universités de Pise et Florence. Directeur spirituel et temporel de monastères féminins. Il vit entre Rome, Florence, Venise et Padoue. A son admission en 1605 à l'Académie florentine, son discours Des louanges de la langue toscane (1623) est particulièrement remarqué; membre après 1627 de la Crusca dont il soutient la reprise et devient secrétaire à la réouverture en 1640. Nommé par le Grand Duc Ferdinand II lecteur de langue toscane en 1632 à l'Université de Pise, il poursuit cette activité à Florence à partir de 1637.

Titre de l'ouvrageDella lingua toscana
Titre traduitDe la langue toscane
Titre courtDella lingua toscana
Remarques sur le titre
Période|17e s.|
Type de l'ouvrageVaste ensemble grammatical visant une explication théorique de la nature de la langue (1er livre) et une description scientifique de la langue italienne (2e livre).
Type indexéGrammaire théorique
Édition originaleManuscrit du 1er livre rédigé à Rome en 1610; il circule sous cette forme pendant dix ans. En 1623, puis en 1626, publication du 1er livre à Venise auprès de Giovanni Salis (la 2e fois, à l'insu de l'auteur). Publication de l'œuvre complète: Florence, 1643, auprès de Zanobbi-Pignone.
Édition utiliséeProbablement la 6e, 1751, Venise, Antonio Bortoli; in-16; [6 feuillets non paginés, y compris la première page imprimée]; p. 1-30: vita del Buommattei; p. 31-148: Della lingua toscana; p. 149-257: Delle lodi della lingua toscana (Orazione del Buommattei); p. 258-264: Index; p. 265-359: Essais de grammaire d'autres auteurs toscans ultérieurs à Buommattei.
Volumétrie117 pages (pour la grammaire elle-même).
Nombre de signes386100
Reproduction moderneRéimpression de 1807 par les soins de la Société Typographique des Classiques italiens de Milan.
DiffusionPrincipale grammaire italienne du 17e s. et de la première moitié du 18e s.; elle connut une grande diffusion et a été adoptée dans les collèges religieux comme ceux des Jésuites; avec les Prose de Bembo, elle a été utilisée par les missionnaires pour la description et la compilation des grammaires des langues nouvelles. Elle a été utilisée par les grammairiens français à la fin du 17e s. et par les Anglais au siècle suivant car l'accueil de la grammaire générale rationaliste y a été plus tardif. Les éditions que nous avons pu consulter après la troisième de 1643, sont les suivantes: Florence, Imprimerie de S.A.R. de Jacopo Guiducci et Santi Franchi, 1713; Florence et Vérone, auprès de Pierantonio Beino, 1720; Florence et Naples, auprès de Francesco Ricciardo, 1723; Vérone, auprès de Pierantonio Beino, 1729; Venise, auprès d'Antonio Bortoli, 1751; Florence, par l'imprimerie Impériale, 1760.
Langues ciblesToscan
MétalangueItalien du 17e s.
Langue des exemplesItalien
Sommaire de l'ouvrageL'œuvre est divisée en 2 livres. Le premier, à caractère théorique, d'environ 70 pages est composé de 7 traités: I (De la langue commune), II (de l'énoncé), III (des lettres), IV (des syllabes), V (des diphtongues), VI (des accents), VII (des mots); chacun des traités étant lui-même composé d'un nombre varié de chapitres. Le second livre, de caractère descriptif et systématique, d'environ 150 pages, est composé de douze traités correspondant aux parties du discours selon Buommattei: traité VIII (du nom), IX (du "marqueur de cas", i.e. des articles contractés pour indiquer la fonction des noms comme substituts des flexions casuelles), X (de l'article), XI (du pronom), XII (du verbe), XIII (du participe), XIV (du gérondif), XV (de la préposition, uniquement celle qui introduit des compléments circonstanciels), XVI (de l'adverbe), XVII (de la conjonction), XVIII (de l'interposto ou interjection) et XIX (du ripieno, «toute particule non nécessaire au tissu grammatical, mais qui sert à l'ornementation de la phrase, selon une propriété de la langue» (p. 368), c.-à-d. certains emplois des pronoms clitiques et de l'adverbe, voire de la préposition di dans di dietro, l'article indéfini, sous le nom d'accompagnanome repris de Salviati, les pronoms personnels toniques répétés et les explétifs esso et egli).
Objectif de l'auteurDonner une description scientifique de la langue et prouver sa totale indépendance du latin, voire sa supériorité expressive par rapport à celui-ci.
Intérêt généralPeut-être pour la première fois, apparaît un intérêt pour une stratification sociolinguistique de l'italien et des langues en général. L'œuvre est fondée sur une base théorique héritée d'Aristote et de Jules César Scaliger relue à la lumière des positions scientifiques galiléennes. Le 1er traité du 1er livre, consacré à la langue commune présente les principales innovations de Buommattei dans le domaine de la réflexion linguistique: explication de la nature de la langue, ébauche d'une situation sociolinguistique de l'italien, historique de la dérivation à partir du latin, valeur des langues écrite et parlée, fondements de la production sonore selon un point de vue original. Le 3e traité (des lettres) contient des observations profondes sur l'origine de la ligne et des formes adoptées par l'écriture dans une vaste comparaison avec la langue parlée.
Parties du discoursProposition nouvelle de douze parties du discours au lieu des huit classiques, pour une description plus appropriée de l'italien. La différence par rapport aux 10 distinguées par Salviati (qui détenait jusque là le record) dans ses Regole della toscana favella, grammaire que Buonmattei connaissait, s'explique par deux choix contestables: celui de séparer les «marques de cas» des prépositions et de créer une nouvelle catégorie hétéroclite, celle du «ripieno» – dont B. Croce a dénoncé l'abus par les grammairiens de la Renaisance: «I grammatici, dal Rinascimento in poi, ripigliando a meditare sui problemi del linguaggio, abusarono delle ellissi, dei ripieni, delle licenze, delle anomalie, delle eccezioni» («Les grammairiens à partir de la Renaissance, recommençant à méditer sur les problèmes du langage, ont abusé des ellipses, des remplissages, des anomalies, des exceptions»).
Innovations term.Propositions terminologiques nouvelles mais sans suite: segnacaso [marqueur de cas] pour les prépositions, qui reprend segno di caso couramment employé au 16e s., interposto [placé entre] pour l'interjection (Carlino en 1533 avait employé en ce sens interpositione).
Corpus illustratifExemples nombreux. On trouve essentiellement des exemples en italien et en latin, soit d'auteurs classiques (Virgile, Dante, Boccace) soit relevant de l'usage et aussi bien des exemples forgés grammaticaux et agrammaticaux.
Indications compl.Traitement de la phonétique: les traités III à VI du 1er livre constituent un véritable traité de phonétique et d'orthographe de grande valeur.
Influence subieL'auteur systématise et réorganise les matériaux des diverses grammaires de la renaissance italienne dans une perspective innovante. Dans sa dédicace au Grand Duc, il cite sa dette à l'égard de Castelvetro, Salviati et Bembo, mais connaissait certainement les autres grammairiens de la Renaissance italienne, en particulier les Florentins Giambullari et Varchi, outre Corso, de même que sont évidentes ses références à Priscien, notamment pour l'énoncé (traité II). Cependant l'antécédent théorique le plus important de Buommattei est le De causis linguae latinae de J.-C. Scaliger (Lyon, 1540).
Influence exercéeL'œuvre a eu une grande influence sur les études grammaticales italiennes postérieures (Cinonio, Corticelli, Puoti), et même étrangères, car elle a constitué le modèle de référence pour le traité de grammaire française de Regnier Desmarais (1706); elle a été étudiée par les grammairiens anglais du 18e s. (Harris, Took).
Renvois bibliographiquesBagola B. 1991; Brekle H. E. 1981; Colombo M. 2004; Colombo M. (éd.) 2007; Petrilli R. 2009; Poggi Salani T. 1988; Skytte G. 1991; Skytte G. 1996; Tavoni M. 1990; Trabalza C. 1908
Rédacteur

Cresti, Emanuela · Vallance, Laurent (rév.) · Camugli-Gallardo, Catherine (trad.)

Création ou mise à jour2015-06 | 1998