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Essais de grammaire

Dangeau, Louis de Courcillon de

DomaineGrammaires françaises, remarques et traités sur la langue française
SecteurGrammaires françaises du 17e s. [2310]
Auteur(s)

Dangeau, Louis de Courcillon de

Forme complète: Dangeau, Louis de Courcillon de (Abbé)

Datation: Janvier 1643 - janvier 1723

Grammairien français, né et mort à Paris, issu d'une vieille famille protestante, frère de Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau, l'auteur du Journal. On a peu de renseignements sur sa jeunesse et sur la chronologie exacte des premiers événements de son existence. D'après le Mercure Galant (mars 1682), il "a porté les armes dans le commencement de sa vie, et parce que la France était en paix, il alla chercher la guerre en Hongrie, en Pologne, en Suède, en Poméranie". Il se convertit au catholicisme semble-t-il après avoir écouté plusieurs conférences de Bossuet, prend tôt l'état ecclésiastique, et obtient, sans doute grâce à la faveur de son frère, d'être envoyé comme ambassadeur extraordinaire en Pologne. Ces voyages concourent à lui procurer la connaissance de plusieurs langues: le portugais, l'espagnol, l'italien, l'allemand. Il achète la charge de lecteur du roi, et a donc la fonction de lui présenter le journal des grâces annuelles aux gens de lettres. Il omet, sans doute par crainte de favoriser un familier de Fouquet, d'y faire figurer La Fontaine. Il jouit de nombreux bénéfices ecclésiastiques, est élu membre de l'Académie française en 1687, comme successeur de l'abbé Cotin, vend sa charge de lecteur en 1687, et ne connaît comme échec dans cette brillante carrière que celui de se voir préférer Fénelon comme précepteur du Duc de Bourgogne.

Titre de l'ouvrageEssais de grammaire, contenus en trois lettres, d'un académicien à un autre académicien
Titre traduit
Titre courtEssais de grammaire
Remarques sur le titre
Période|17e s.|
Type de l'ouvrageRemarques d'ordre théorique, dont la collection ne forme pas un ouvrage structuré.
Type indexéRemarques grammaticales
Édition originale1694, Paris, J.-B. Coignard.
Édition utiliséeOpuscules sur la grammaire, rééd. par Manne Ekman, Uppsala, 1927, Almqvist et Witsells [Slatkine Reprints, Genève, 1969].
Volumétrie235 [+ XLV] pages, 1 835 signes par page.
Nombre de signes513856
Reproduction moderneOpuscules sur la grammaire, rééd. par Manne Ekman, Uppsala, 1927, Almqvist et Witsells [Slatkine Reprints, Genève, 1969].
Diffusion1694, 1701, 1754 (dans tous les cas, il ne s'agit pas exactement du même texte; cf. la notice bibliographique de l'édition Ekman).
Langues ciblesFrançais
MétalangueFrançais
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvragePremier discours qui traite des voyelles (p. 1-15). Second discours qui traite des consonnes (16-26). Troisième lettre d'un académicien à un autre académicien sur le sujet des lettres regardées comme caractères dont on se sert dans l'écriture pour marquer les sons (27-30). Lettre sur l'orthographe (31-36). Suite des essais de grammaire: de quelle manière se forment les voyelles; de quels caractères on se sert dans l'orthographe ordinaire pour signifier les sons véritablement voyelles; de quels caractères on se sert ordinairement pour marquer les sons que je nomme consonnes; les différents usages qu'ont dans notre écriture ordinaire les caractères qu'on appelle voyelles; à quels usages on emploie ordinairement en français, les caractères nommés consonnes (44-67). Sur l'orthographe française: imperfection de cette orthographe que je nomme vieille; origine des imperfections de la vieille orthographe; remèdes aux défauts de la vieille orthographe (68-76). Sur la comparaison de la langue française avec les autres langues (77). Considérations sur les diverses manières de conjuguer des Grecs, des Latins, des Français, des Italiens, des Espagnols, des Allemands, etc.: des personnes du verbe; des nombres, des temps; des modes; des voix; des différentes natures des verbes (78-87). Des principales parties du discours: des pronoms personnels; des modificatifs; des personnes du verbe, des deux nombres du verbe; des pronoms personnels (88-94). Des parties du verbe: du verbe avoir; seconde section du verbe actif; seconde section du verbe avoir, troisième section du verbe actif; première section du verbe être; quatrième section du verbe actif; seconde section du verbe être; cinquième section du verbe actif; des verbes neutres; des verbes pronominaux; des verbes identiques; des verbes réciproques; des verbes neutrisés; des verbes passivés (95-123). Liste des tables faites pour accompagner le discours des parties du verbe français (124-125). Sur le mot quelque (126-127). Sur le mot quelqu'un (128). Des particules (129-133). Avis (134). Des prépositions (135-139). Sur la préposition après (140-141). Utilité de la table du verbe canto (142-154).
Objectif de l'auteurIl ne s'agit pas d'un ouvrage structuré. Les finalités poursuivies par les différents opuscules ne sont donc pas nécessairement les mêmes. Ils proposent un certain nombre d'analyses de détail qui constituent dans certains cas des avancées théoriques intéressantes, ou au moins ingénieuses. Celle du système des sons du français tend à fonder les éléments d'une réforme de l'orthographe.
Intérêt généralLa position institutionnelle de Dangeau, et l'accueil réservé à ses écrits dans le domaine grammatical en font un grammairien tout à fait important et significatif dans son siècle. On sait par exemple qu'il fut pressenti pour composer une grammaire de l'Académie. Son classement des verbes, signalé par plusieurs contemporains, comme D'Alembert (Eloges, t. III, p. 509 sq.), a connu une longue fortune, et a constitué le cadre durable de la réflexion dans ce domaine. Mais c'est surtout par l'analyse des sons du français qu'elle contient, que l'œuvre grammaticale de Dangeau est importante.
Parties du discoursL'exposé sur ce point n'est pas complet. Dangeau développe une analyse limitée à la catégorie des pronoms (personnels), et des modificatifs. Toutefois on peut noter que la délimitation des catégories est fondée sur une analyse logique de la proposition en sujet et attribut. On ne retrouve pas, significativement, la copule. Ainsi, dans Pierre chante, Pierre est le sujet, et chante est l'attribut. Dangeau écrit très clairement que l'attribut est ici marqué par un verbe. Ces deux constituants fondamentaux de la proposition peuvent être représentés par d'autres catégories (des pronoms par exemple) ou par des groupes de mots. La décomposition de la proposition en sujet + copule + prédicat ou attribut, instituée par Port-Royal et reprise continûment par tous les auteurs de grammaire générale, n'apparaît pas. Enfin, Dangeau propose la catégorie des modificatifs, qui réunit toutes les catégories qui entrent dans la composition du sujet ou de l'attribut de la proposition et qui ne sont ni des pronoms, ni des noms, ni des verbes.
Innovations term.Dans le classement des verbes: verbes identiques, neutrisés.
Corpus illustratifLes exemples, nombreux, sont forgés.
Indications compl.Plusieurs lettres de Dangeau rassemblées dans cet ouvrage concernent la phonétique, et constituent un développement dont l'importance et la précision n'ont pas de véritable équivalent chez les grammairiens antérieurs ou contemporains.
Influence subieLe caractère dispersé des analyses de Dangeau rend également malaisée l'évaluation de sa dette à l'égard de ses prédécesseurs. On ne trouve pas de trace significative du cadre théorique de Port-Royal.
Influence exercéeL'œuvre de phonéticien de Dangeau est citée et appréciée par d'Olivet (Remarques, p. 56 sq.), Beauzée (Grammaire générale, t. I, p. 14, 49), Duclos (dans ses remarques sur la grammaire de Port-Royal).
Renvois bibliographiquesAyres-Bennett W. & Carruthers J. 1992; Fournier J.-M. 1994; Lorvetto I. 1989; Mazière F. 2009; Stéfanini J. 1954
Rédacteur

Fournier, Jean-Marie

Création ou mise à jour1998