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Vārttika

Kātyāyana

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurSanskrit: travaux pré-paninéens, école paninéenne [4309]
Auteur(s)

Kātyāyana

Datation: 3e s. a.C.

Grammairien indien originaire du Deccan (?), contemporain de l'empereur Priyadarśin Aśoka. Également connu sous le nom de Vararuci, il est l'auteur du plus ancien commentaire de l'Aṣṭādhyāyī de Pāṇini qui nous soit parvenu. On lui attribue également la composition d'un traité de phonétique de l'école du Yajurveda Blanc: le Vājasaneyī prātiśākhya.

Titre de l'ouvrageVārttika
Titre traduitEléments d'interprétation
Titre courtVārttika
Remarques sur le titreCommentaire à l'Aṣṭādhyāyī de Pāṇini.
Période|-3e s.|
Type de l'ouvragePhrases elliptiques, incompréhensibles sans le commentaire de Patañjali.
Type indexéCommentaire grammatical
Édition originaleDate de composition: milieu du 3e s. a.C. (?), datation déduite de la date probable de composition du Mahābhāṣya de Patañjali.
Édition utiliséePremière éd. impr. intégrale: 1880-85 (F. Kielhorn; Poona: Bhandarkar Oriental Research Institute).
Volumétrie3 vol. 548 + 494 + 536 pages; entre 1 et 5 vārttika par page en moyenne, soit environ 20 à 100 signes par page.
Nombre de signes85860
Reproduction moderneRéédition de Kielhorn par Abhyankar et Limaye (1967-1969; Poona: Bhandarkar Oriental Research Institute; Poona: Bhandarkar Oriental Research Institute).
DiffusionVoir Mahābhāṣya.
Langues ciblesSanskrit
MétalangueSanskrit, avec les conventions pāṇinéennes.
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageLes vārttika de Kātyāyana se présentent sous la forme de 4293 éléments d'interprétation ou enseignements additionnels, portant sur 1245 règles de l'Aṣṭādhyāyī. Ils ne nous sont parvenus que dans la mesure où ils ont été intégrés au Mahābhāṣya de Patañjali. La distinction entre les vārttika et la prose patañjalienne est effectuée sur la base de critères formels: très concis, ils sont le plus souvent rédigés en style nominal et suivis d'une glose de Patañjali sous forme dialoguée. Le commentaire aux Śivasūtra et aux règles de Pāṇini est précédé de 18 vārttika qui portent sur des question d'ordre plus général, telles que l'éternité des mots, les différents buts de l'enseignement de la grammaire, la relation du mot à son objet, etc. Il est possible que certains des vārttika adoptés par Patañjali proviennent d'autres sources.
Objectif de l'auteurLe vārttika est traditionnellement défini comme une "investigation concernant ce qui a été dit, n'a pas été dit, ou a été mal dit dans les règles". L'auteur se doit d'examiner la validité des énoncés pāṇinéens, de préciser certains points de doctrine et de proposer des ajouts ou des modifications dans la teneur des règles formulées par Pāṇini. Les changements proposés sont motivés soit par des problèmes logiques ou opératoires internes à l'Aṣṭādhyāyī, soit par des faits linguistiques non couverts par la grammaire, qui reflétent probablement l'évolution de la langue.
Intérêt généralIl ne s'agit pas d'un commentaire complet sur l'Aṣṭādhyāyī, ni de gloses explicatives (comme le sera plus tard la Kāśikā vṛtti), mais plutôt d'éléments relatifs à son interprétation. La glose orale de Pāṇini, qui accompagnait nécessairement l'enseignement et sans laquelle les règles sont difficilement compréhensibles en raison de leur concision, n'a pas fait l'objet d'une transmission ininterrompue entre Pāṇini et Kātyāyana. Aussi ce dernier s'attache-t-il à déceler les principes sous-jacents à sa composition et les procédés du métalangage qui n'ont pas été posés explicitement par Pāṇini. Les vārttika, qui consistent généralement en une succession d'arguments et de contre-arguments entre divers interlocuteurs, se présentent le plus souvent comme des embryons de discussions. C'est principalement sur cette trame que s'articulera par la suite le commentaire de Patañjali. Certains des enseignements additionnels qu'il propose témoignent également de l'existence de faits de langue nouveaux ou de particularités dialectales qu'il convient de faire entrer dans le cadre de la norme pāṇinéenne.
Parties du discoursLa nécessité de définir la notion de phrase ne s'était pas fait sentir dans l'Aṣṭādhyāyī; Kātyāyana propose de la caractériser comme "ce qui comporte un seul verbe personnel". Par ailleurs, l'Aṣṭādhyāyī présuppose une analyse des mots en racines, suffixes, etc., mais la base de cette analyse n'est pas explicite dans l'ouvrage de Pāṇini. Kātyāyana l'explique en recourant au raisonnement par concomitance de présence et d'absence (anvaya-vyatireka), basé sur le principe suivant: dans la chaîne parlée, à chaque sens exprimé correspond un segment linguistique. Lorsqu'un élément linguistique A est présent, le sens B est présent, lorsque A est absent, le sens B est absent également (ex. les formes paca-ti et paṭha-ti sont analysées respectivement comme "agent singulier de l'action de cuire" et "agent singulier de l'action de réciter"; entre les deux formes, un sens disparaît [cuire], un sens apparaît [réciter], un sens se maintient [agent singulier d'une action]. Par la généralisation de ce procédé, qui sera largement utilisé par les grammairiens ultérieurs et par les logiciens, la division des formes linguistiques en bases et suffixes est réalisée.
Innovations term.Kātyāyana est respectueux de la terminologie pāṇinéenne, même si le libellé de certains vārttika trahit parfois l'influence de la phonétique (śīkṣā). Il ajoute quelques marqueurs (ex. P. leçon 1, chap. 1, règle 68, vārttika 5-8) et suffixes (ex. iK et ŚtiP (leçon 3, chap. 3, règle 108, vārttika 2), pour justifier la façon dont Pāṇini pose les racines verbales dans son traité).
Corpus illustratifInexistant.
Indications compl.
Influence subieKātyāyana évoque parfois les opinions d'autres grammairiens [par exemple sous la forme eke, "d'aucuns (disent que)"] et cite des stances traditionnelles (śloka). La question de savoir si Kātyāyana appartenait à une tradition grammaticale différente de celle de Pāṇini et devait être considéré comme l'un de ses adversaires a fait, à l'époque moderne, l'objet de nombreuses controverses chez les interprètes occidentaux. Toutefois l'examen critique des règles, tant du point de vue formel que de leur application, était un exercice courant dans les cercles de grammairiens et n'est pas nécessairement le signe d'une querelle d'écoles.
Influence exercéeLes vārttika posent les fondements de l'interprétation de l'Aṣṭādhyāyī, sur lesquels prendra appui toute la tradition ultérieure. Kātyāyana constitue, avec Pāṇini et Patañjali, ce qu'on nomme traditionnellement la "triade de sages" (munitraya). Après eux, le sanskrit est figé, et l'essentiel de la production littéraire ultérieure dans le domaine grammatical consistera à commenter et expliciter l'œuvre de ces trois auteurs.
Renvois bibliographiquesCardona G. 1999; Kielhorn L. F. 1876; Kielhorn L. F. 1887; Pinault G.-J. 1989; Pinault G.-J. 2009; Scharfe H. 1977; Sharma R. N. 1987; Thieme P. 1937
Rédacteur

Haag, Pascale

Création ou mise à jour2000