Domaine | Traditions non-occidentales |
Secteur | Sanskrit: travaux pré-paninéens, école paninéenne [4317] |
Auteur(s) | Śaraṇadeva |
Datation: 12e s. Śaraṇadeva est un grammairien indien de langue sanskrite, peut-être originaire du Bengale et poète à la cour du roi Lakṣmaṇasena. Diverses indications dans son ouvrage Durghaṭavṛtti témoignent qu'il s'inscrit dans la lignée des grammairiens pāṇinéens bouddhistes [Renou 1940, p. 49]. | |
Titre de l'ouvrage | Durghaṭavṛtti |
Titre traduit | Interprétation des difficultés |
Titre court | Durghaṭavṛtti |
Remarques sur le titre | |
Période | |12e s.| |
Type de l'ouvrage | Grammaire sanskrite didactique en vers: elle traite des mots ou groupes de mots difficiles à dériver d'après les règles de la grammaire pāṇinéenne. |
Type indexé | Grammaire didactique | Traité en vers |
Édition originale | 1172, première édition: 1909, Trivandrum (Kerala), T. Gaṇapati Śāstrī. |
Édition utilisée | 1940-1956, Paris, Les Belles Lettres; L. Renou (édition et traduction). |
Volumétrie | Format in-8(, 6 volumes: I. (1940) 151 pages, I.2. (1941) 89 p., I.3. (1942) 105 p., II.1. (1945) 152 p., II.2. (1954) 133 p., II.3. (1956) 85 p., 1400 signes par page. |
Nombre de signes | 1000000 |
Reproduction moderne | |
Diffusion | Les manuscrits du texte sont relativement peu nombreux. Trois d'entre eux essentiellement ont servi à l'édition de L. Renou: un manuscrit récent de la bibliothèque du mahārāja de Travancore (Kerala), un manuscrit du début du 19e s. d'un paṇḍit de village (apparemment de Travancore) et une copie partielle d'un manuscrit de 1586 conservé à l'université de Puñjab (n° 8127). Les autres manuscrits sont restés inaccessibles. L'ouvrage a été peu utilisé dans la littérature sanskrite: seul le Śabdakaustubha de Bhattojīdīkṣita constitue un véritable commentaire. |
Langues cibles | Sanskrit |
Métalangue | Sanskrit |
Langue des exemples | |
Sommaire de l'ouvrage | Le livre de Śaraṇa reprend la structure du traité de Pāṇini: il est divisé en huit chapitres et présente quelques 1100 mots à interpréter selon l'ordre des règles – 472 sūtra au total – dont ils dépendent. Ces mots difficiles relèvent de deux registres. Les premiers, généralement sans contexte ni nom, proviennent d'un corpus d'exemples usuel aux commentaires grammaticaux et à d'autres sources techniques: ils occupent de préférence les chapitres I (89 p.) et VIII (85 p.). Les seconds, fournis par les textes littéraires, occupent surtout les chapitres II à VII (390 p.). Ils sont donnés avec leur contexte et suivis du nom de l'auteur et de l'ouvrage. Le même schéma est adopté tout au long de l'ouvrage: pour chaque règle, une forme linguistique (dérivés primaires, secondaires, etc.) est mentionnée avec une question: étant donné telle règle, comment se fait-il qu'on puisse avoir telle forme? Une fois la difficulté posée, Śaraṇadeva présente une réponse ou plusieurs, selon que des objections ont été ou non introduites. Parfois, les arguments se succèdent, voire se contredisent sans mener à une démonstration qui éliminerait l'un ou l'autre. Dans une telle compilation l'interprétation propre à Śaraṇadeva est généralement en fin d'exposé. |
Objectif de l'auteur | Śaraṇadeva se propose d'adapter usage linguistique de la littérature et grammaire normative à l'intérieur d'un traité pédagogique où les mots examinés sont autant d'exercices pratiques. |
Intérêt général | Śaraṇadeva donne un éclairage sur l'usage grammatical de la littérature et parallèlement il livre une masse d'arguments grammaticaux qui sont un compendium de la doctrine pāṇinéenne. Discussions concises, voire allusives nécessitant la connaissance de l'argumentation renseignent par ailleurs sur les thèmes de controverse habituels de l'érudition grammaticale. Enfin, le traité de Śaraṇadeva accrédite présentation et procédés renouvelés du débat questions-réponses usuel dans la littérature grammaticale. Il suit le schéma qu'adopte Candragomin et ses successeurs: on introduit directement la forme litigieuse au lieu de présenter d'abord la règle normative. Il innove par ailleurs en élargissant aux exemples littéraires le procédé – limité jusqu'alors aux exemples grammaticaux – stipulant qu'au prix de tel ou tel expédient la forme est correcte. Il illustre ainsi une étape dans l'évolution des procédés d'interprétation des règles grammaticales qui deviendront de plus en plus subtiles à mesure qu'ira croissante la distortion entre des canons grammaticaux figés et un usage linguistique renouvelé. |
Parties du discours | Les dérivés primaires et secondaires sont les exemples les plus fréquemment discutés. C'est là que la langue a le plus innové par rapport aux cadres normatifs pāṇinéens. Autres catégories bien représentées: emploi des voix, composition nominale. |
Innovations term. | |
Corpus illustratif | Chaque mot cité est un exemple grammatical traditionnel ou littéraire puisé à un corpus que l'auteur a voulu, au moins en partie, représentatif de l'usage contemporain. |
Indications compl. | |
Influence subie | Śaraṇadeva puise à diverses sources: grammaticales, lexicographiques, techniques et littéraires. Dans le corpus grammatical, il utilise de préférence: d'abord la Kāśikā (ca. 7e s.) et ses commentaires, le Nyāsa (ca. 8e s.) et ses commentaires (Tantradīpa de Rakṣita et Anunyāsa, 12e s.), ensuite la Bhāgavṛtti et la Bhāṣāvṛtti. Les citations de grammairiens non pāṇinéens sont insignifiantes. La source lexicographique essentielle reste Amara; on note par ailleurs quelques citations éparses de ses prédécesseurs (Bhāguri) ou de ses commentateurs (Subhūti). On relève encore divers emprunts à des sources techniques anonymement citées. Enfin les sources littéraires principales sont: le Bhaṭṭikāvya (6e-7e s.), le Śiśupālavadha (7e s.), le Kirātārjunīya (peut-être 5e s.) et quelques références à des textes bouddhiques. Plus rares en un tel contexte sont la mention d'un texte religieux populaire (Devīmāhātmya) et celle d'un poème atribué à un nommé Pāṇini (9e s.). |
Influence exercée | La Durghaṭavṛtti a connu une diffusion relativement réduite. Une dizaine d'ouvrages ultérieurs mentionnent son nom (Renou 1940, p. 46-47). |
Renvois bibliographiques | Renou L. 1940 |
Rédacteur | Chojnacki, Christine |
Création ou mise à jour | 2000 |