Domaine | Traditions non-occidentales |
Secteur | Sanskrit: travaux pré-paninéens, école paninéenne [4318] |
Auteur(s) | Bhaṭṭoji Dīkṣita |
Datation: Fin 16e s. - début 17e s. Grammairien indien originaire du Mahārāṣṭra (?). Né dans une famille de lettrés et de grammairiens, il semble avoir exercé l'essentiel de ses activités à Bénarès, où il aurait fondé une école grammaticale et tenu un rôle prépondérant dans le renouveau des études pāṇinéennes au 16e s. Auteur de plusieurs ouvrages grammaticaux notamment, outre la Siddhāntakaumudī et son auto-commentaire intitulé Prauḍhamanoramā, le Śabdakaustubha (commentaire de l'Aṣṭādhyāyī, dont seule la portion couvrant les adhyāya 1 à 2.2 et 4 nous est parvenue), ainsi qu'un abrégé de philosophie grammaticale en vers qui a fait l'objet d'un commentaire fondamental par Kauṇḍabhaṭṭa, le Vaiyākaraṇamatonmajjana. On lui doit également des ouvrages dans d'autres disciplines (Mīmāṃsā, Vedānta, Dharmaśāstra, etc.). | |
Titre de l'ouvrage | Siddhāntakaumudī |
Titre traduit | Clair de lune de la vue autorisée |
Titre court | Siddhāntakaumudī |
Remarques sur le titre | |
Période | |16e s.|17e s.| |
Type de l'ouvrage | Gloses grammaticales. |
Type indexé | Commentaire grammatical |
Édition originale | Date de composition: fin 16e s. - début 17e s. 1re éd. sous forme lithographiée: 1811 [Babu Rama]; 1re éd. impr.: 1858 [Madras]. 4 volumes: 1, 720 p. (704 p. pour le texte lui-même); 2) 712 p. (678 p.); 3) 710 p. (657 p.); 4) 886 p. (811 p.); le texte lui-même n'occupe que 5 lignes de 50 s. en moyenne, soit environ 250 signes par p. et env. 132 500 signes pour tout l'ouvrage. |
Édition utilisée | Éd. G. Śarma et P. A. Śarma, Vaiyākaraṇasiddhāntakaumudī, Bālamanoramā, Tattvabodhinī, Delhi 1961 (Réimpr. Motilal Banarsidass 1995). |
Volumétrie | |
Nombre de signes | |
Reproduction moderne | Éd. G. Śarma et P. A. Śarma, Vaiyākaraṇasiddhāntakaumudī, Bālamanoramā, Tattvabodhinī, Delhi 1961 (Réimpr. Motilal Banarsidass 1995). |
Diffusion | Éd. et trad. Vasu, S. C., The Siddhānta Kaumudī of Bhaṭṭoji Dīkṣita, Pāṇini Office, Allahabad, 1906, réed. Motilal Banarsidass, 1982. |
Langues cibles | Sanskrit |
Métalangue | Sanskrit, avec les conventions pāṇinéennes. |
Langue des exemples | |
Sommaire de l'ouvrage | Ouvrage en deux parties totalisant douze sections: première partie: 1) définitions et métarègles (46 règles). 2) Règles de jonction (sandhi) (114 règles). 3) Déclinaisons (290 règles). 4) Formation des mots féminins (88 règles). 5) Kāraka "facteurs d'action" (114 règles). 6) Composés (424 règles). 7) Dérivés secondaires (1066 règles). 8) Réitération (11 règles). Deuxième partie: 1) Dérivation verbale (455 règles). 2) Dérivation primaire (556 règles). 3) Règles védiques (262 règles). 4) Accentuation (327 règles). Le plan de cet ouvrage est fondé dans une certaine mesure sur la distinction phonétique/morphologie et sur un classement des parties du discours (bien que cette notion soit étrangère à la grammaire indienne). |
Objectif de l'auteur | Gloses à visée pédagogique. L'auteur réorganise l'ordonnancement de l'Aṣṭādhyāyī en regroupant les règles selon la nature des opérations (métarègles, phonétique, dérivation nominale, verbale, formation des composés, reléguant en appendice les faits védiques et les règles concernant l'accentuation). Malgré l'agencement pratique du texte, cette réorganisation a pour conséquence de masquer les articulations et le réseau subtil des enchaînements de l'Aṣṭādhyāyī qui constituent précisément l'une des caractéristiques du génie de cette école (notamment le principe de l'anuvṛtti). Bhaṭṭoji Dīkṣita remédie à cet inconvénient en suppléant dans ses gloses tous les éléments nécessaires à la compréhension des règles. |
Intérêt général | La clarté et la précision des gloses de la Siddhāntakaumudī en a fait un instrument pédagogique privilégié. Dès le 12e s., parallèlement à l'approfondissement de la scolastique grammaticale, se manifeste une tendance à la simplification et à la vulgarisation de l'enseignement de la grammaire pāṇinéenne. Elle donne naissance à plusieurs manuels, destinés à des utilisateurs qui ne sont pas nécessairement locuteurs du sanskrit, notamment dans les cercles de grammairiens bouddhistes et jaïnas. Les deux courants, qui ne s'adressent pas au même auditoire, ne s'opposent nullement et sont considérés comme complémentaires. Ainsi, l'autre ouvrage majeur de Bhaṭṭoji Dīkṣita, le Śabdakaustubha, demeure fidèle à l'ordre de l'Aṣṭādhyāyī et à l'exégèse traditionnelle. Éminent grammairien, Bhaṭṭoji Dīkṣita possédait une parfaite maîtrise du système pāṇinéen et une connaissance approfondie des débats auxquels avait pu donner lieu l'Aṣṭādhyāyī, débats dont il fait état dans un auto-commentaire fort savant de la Siddhāntakaumudī intitulé Prauḍhamanoramā. Ce dernier ouvrage, ainsi que le Śabdakaustubha, intègrent dans le commentaire aux règles de Pāṇini l'apport du Mahābhāṣya et des discussions d'écoles sur l'interprétation de Patañjali. |
Parties du discours | Pas d'innovations par rapport à l'Aṣṭādhyāyī et au Mahābhāṣya. |
Innovations term. | |
Corpus illustratif | Les exemples de la Siddhāntakaumudī sont le plus souvent empruntés au Mahābhāṣya ou à la Kāśikāvṛtti, témoignant ainsi de la fixation progressive de la tradition. Les règles sont illustrées à l'aide d'exemples de la langue parlée et, en particulier dans les règles traitant de faits védiques ou d'accentuation, de citations (parfois approximatives) du Veda, principalement le Yajur Veda Noir. |
Indications compl. | |
Influence subie | Le plus ancien remaniement complet de l'Aṣṭādhyāyī est le Rūpāvatāra de Dharmakīrti, un auteur bouddhiste de Ceylan (12e s.?). Les règles relatives au Veda et à l'accentuation sont écartées, de même que les Uṇādisūtra. La Siddhāntakaumudī est surtout redevable, tant sur le plan de l'arrangement des règles que sur celui des gloses, à l'ouvrage de l'un de ses prédécesseurs: la Prakriyākaumudī de Rāmacandra (fin 14e - début 15e s.). |
Influence exercée | Commentée à plusieurs reprises, et ayant fait l'objet de versions abrégées (il en existe trois versions de plus en plus simplifiées), notamment la Laghukaumudī de Varadarāja – sur laquelle se fonde P. S. Filliozat dans son ouvrage Grammaire sanskrite pāṇinéenne. La Siddhāntakaumudī est considérée aujourd'hui encore comme le manuel de référence en matière d'enseignement du sanskrit. La Prauḍhamanoramā et le Śabdakaustubha sont à l'origine de l'important développement du travail d'exégèse du Mahābhāṣya aux 17e et 18e s. |
Renvois bibliographiques | Bali S. 1976; Cardona G. 1999; Filliozat P.-S. 1988; Gode P. K. 1951; Gopal R. 1968; Pinault G.-J. 2009 |
Rédacteur | Haag, Pascale |
Création ou mise à jour | 2000 |