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Mahābhāṣyapradīpoddyota

Nāgeśa

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurSanskrit: travaux pré-paninéens, école paninéenne [4320]
Auteur(s)

Nāgeśa

Variantes: Nāgojī Bhaṭṭa

Datation: Fin du 17e - début du 18e s.

Lettré sanskrit. Sans doute originaire du Mahārāṣṭra, il a reçu une éducation sanskrite à Vārāṇasī dans la plupart des disciplines traditionnelles, en particulier auprès de Hari Dīkṣita, petit-fils de Bhaṭṭoji Dīkṣita, dans le domaine de la grammaire. Il a été protégé par le rājā Rāma de l'Etat de Śṛṅgavera, qui a assuré son existence matérielle et lui a permis de se consacrer totalement à ses travaux intellectuels et ses devoirs religieux. Vers 1720, il aurait refusé une invitation du rājā Savai Jai Singh de Jaipur à participer à la célébration d'un sacrifice védique solennel, en invoquant un vœu de ne jamais quitter la ville sainte de Vārāṇasī. C'est là qu'il assura son enseignement, recueilli notamment par Bhairava Miśra et Vaidyanātha Pāyaguṇḍe, devenant le chef de file d'une école rénovée de grammaire à laquelle se rattachent les maîtres actuels de cette discipline. Son œuvre est immense et aborde les principales disciplines de la tradition sanskrite. Elle est commandée par sa maîtrise de la grammaire.

Titre de l'ouvrageMahābhāṣyapradīpoddyota
Titre traduitLumière de la Lampe sur le Mahābhāṣya
Titre courtMahābhāṣyapradīpoddyota
Remarques sur le titre
Période|18e s.|
Type de l'ouvrageSous-commentaire sur le commentaire intitulé Pradīpa [Lampe] de Kaiyaṭa sur le Mahābhāṣya de Patañjali.
Type indexéCommentaire grammatical
Édition originaleDate de composition: début du 18e s. Edition princeps: Mahābhāsyapradīpoddyota, ed. by Paṇḍit Bahuvallabha Śāstri, Calcutta, Asiatic Society of Bengal. Vol. I, 842, 6 et 60 pages, Bibliotheca Indica New Series, fascicules 939, 948, 958, 962 969, 970, 974, 978, 989; 1899-1901. Vol. II, 1094 et 60 pages, Bibliotheca Indica New Series, fascicules 1000, 1002, 1005, 1011, 1018, 1022, 1029, 1048, 1052, 1063, 1075, 1101; 1901-1904. 210 signes indiens en moyenne par page; pour l'ensemble, 406 600 signes environ.
Édition utiliséeVyākaraṇamahābhāṣyam, avec les commentaires de Kaiyaṭa et de Nāgeśa, édité par Vedavrata, Haryāṇā Sāhitya Saṃsthāna Gurukula Jhajjar (Rohtak), 5 volumes; 1962-1963.
Volumétrie
Nombre de signes
Reproduction moderne
DiffusionNombreux manuscrits dans toutes les régions de l'Inde. Traduction partielle en français: Le Mahābhāṣya de Patañjali avec le Pradīpa de Kaiyaṭa et l'Uddyota de Nāgeśa, traduction par P.-S. Filliozat, Pondichéry, Institut français d'indologie, 5 volumes (adhyāya I pāda 1-3), 1975-1986.
Langues ciblesSanskrit
MétalangueSanskrit
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageEn sa qualité de commentaire du Mahābhāṣya de Patañjali, cet ouvrage en suit pas à pas la structure (voir notice 4311).
Objectif de l'auteurNāgeśa vient à la fin d'une longue tradition de commentaires et de réflexion, sur près de deux millénaires. Son érudition fait qu'il connaît pratiquement tout ce qui a été composé et pensé avant lui, c'est-à-dire une grande diversité d'interprétations souvent conflictuelles. D'autre part beaucoup d'interprétations reposaient sur des idées étrangères au Mahābhāṣya ou franchement anachroniques. Chaque commentateur avait actualisé la réflexion et surimposé une conscience linguistique de son époque sur celle de l'auteur original. L'intention de Nāgeśa est d'opérer une sorte de retour à la lettre de Patañjali. Il part d'un principe: prendre les trois grammairiens Pāṇini, Kātyāyana, Patañjali, comme norme de la conscience linguistique du sanskrit et en cas de conflit entre eux, donner la préférence au dernier. Il applique ce principe à l'interprétation du Mahābhāṣya et par conséquent refuse systématiquement toute interprétation utilisant un matériel ne se trouvant pas dans le texte. Il entend expliquer Patañjali par Patañjali. Il invente dès lors des procédés de critique interne du texte tels que la comparaison de passages multiples, la recherche de tous les emplois d'un mot, de toutes les occurrences d'une idée, la comparaison des contextes. Sa connaissance très intime du texte assure son succès. Et son commentaire, bien que le plus récent de tous, se trouve être le plus nouveau et le plus fidèle. Dépassant parfois son objectif premier, la compréhension littérale du texte, Nāgeśa greffe sur des passages choisis des idées linguistiques ou philosophiques qui ne sont pas sans fondement dans l'original, mais qui sont des éléments de sa propre pensée. Il a, en effet, dans un ouvrage de philosophie du langage, intitulé Vaiyākaraṇa-siddhānta-mañjūṣā [Coffret des conclusions des grammairiens], présenté sa réflexion sur le langage et, en harmonisant cette réflexion avec des idées d'autres écoles philosophiques, tantrisme, śivaïsme du Kaśmīr, etc., édifié un système philosophique où la parole est érigée en principe absolu.
Intérêt généralL'Uddyota de Nāgeśa est un instrument utile à l'étude de la tradition grammaticale indienne entière, par son érudition. Il marque une date dans l'histoire de la littérature de commentaire sanskrite, par le renouveau qu'il a apporté aux méthodes d'interprétation. Il introduit à la pensée originale de son auteur, seulement esquissée ici par allusions, développée dans d'autres ouvrages et révèle, notamment, comment cette pensée se fonde sur l'ouvrage de Patañjali et la réflexion sur la nature du langage.
Parties du discours
Innovations term.
Corpus illustratif
Indications compl.
Influence subieDans le cadre de la littérature grammaticale, Nāgeśa fait preuve d'une très grande originalité. Il n'est sous l'influence d'aucun auteur particulier. Il a fait le choix de défendre telle ou telle thèse d'un prédecesseur, mais après l'avoir soumis à sa méthode d'investigation. Il se signale par son érudition et sa puissance intellectuelle qui le font dominer toute la tradition antérieure. On doit noter cependant quelques influences de pensées sans doute étrangères à la norme patañjalienne. Il considère que c'est un même et unique Patañjali qui est l'auteur du Yogasūtra et du Mahābhāṣya. Cette thèse ne repose pas uniquement sur le nom unique de Patañjali pour les deux ouvrages. Elle repose sur des concordances d'idées remarquables qu'il a mises lui-même en lumière, le concept de substance (dravya) par exemple. Elle reste cependant critiquable et la critique d'aujourd'hui préfère poser l'existence de deux Patañjali peut-être séparés par quelques siècles. Le yoga, genre philosophique auquel il a contribué, l'intéresse d'autant plus que le Vākyapadīya et ses commentateurs en ont subi l'influence et l'ont intégré dans la métaphysique de la parole. Dans ce dernier domaine, pour lequel Patañjali n'offre que des données extrêmement rudimentaires, Nāgeśa a construit un monisme absolu de la parole indifférenciée où il a intégré des influences diverses comme la pensée tantrique, le śivaïsme du Kaśmīr, etc.
Influence exercéeDès son vivant, le prestige de Nāgeśa a dû être très grand. Il a enseigné à Vārāṇasī, centre intellectuel fréquenté par des lettrés de l'Inde entière. Et son enseignement, qui s'est transmis de maître à disciple et – à la manière traditionnelle indienne –, de façon continue jusqu'à aujourd'hui, peut être considéré comme la norme de la conscience linguistique des lettrés (pandits) actuels.
Renvois bibliographiquesRuegg D. S. 1959
Rédacteur

Filliozat, Pierre-Sylvain

Création ou mise à jour2000