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Saddanītippakaraṇa

Aggavaṃsa

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurSanskrit, prakrits et pali: écoles non paninéennes [4338]
Auteur(s)

Aggavaṃsa

Variantes: Seul nom courant connu.

Datation: Milieu du 12e s.

Moine bouddhiste birman, qui fit office de précepteur auprès du souverain Narapatisithu (1167-1202 p.C.) dont le règne paisible marqua une période de gloire pour le royaume de Pagan. Auteur du seul Saddanītippakaraṇa [Traité sur la règle des mots]. L'un des trois grammairiens importants de cette langue, avec Kaccāyana et Moggallāna.

Titre de l'ouvrageSaddanītippakaraṇa
Titre traduitTraité sur la règle des mots
Titre courtSaddanītippakaraṇa
Remarques sur le titre
Période|12e s.|
Type de l'ouvrage"Cours complet de pali" (Smith 1928, p. V). Grammaire de la langue du bouddhisme Theravāda attestée dans les écritures canoniques et leurs commentaires.
Type indexéGrammaire complète
Édition originaleDate de composition: 1154 p.C. Première édition imprimée: édition cinghalaise publiée sous le titre The Mahāsaddanīti… revised and edited by Aruggoḍa Seelānanda Thera, Colombo, 1909, 103 + 814 p.
Édition utiliséeSaddanīti. La grammaire palie d'Aggavaṃsa. Texte établi par Helmer Smith, Lund, 1928-1954.
Volumétrie1795 pages (l'édition de la grammaire proprement dite – aphorismes et commentaire de l'auteur – occupe 928 p.; le reste est constitué de concordances, conspectus, et index verborum).
Nombre de signes612480
Reproduction moderne
DiffusionManuscrits en écritures birmane et cinghalaise. Ce fait est en rapport avec la diffusion de l'ouvrage dont on sait qu'il fut composé en Birmanie, puis apporté à Ceylan en guise de présent. Il reçut sur cette île un accueil enthousiaste. Outre le commentaire pali dû à l'auteur lui-même, il a fait l'objet de commentaires birmans (nissaya), dont l'un (du 19e s.) a été utilisé par l'éditeur (Smith 1928, p. VII). L'ampleur du commentaire pali d'Aggavaṃsa pourrait expliquer la maigre activité exégétique à laquelle cette grammaire a donné lieu en pali même.
Langues ciblesPali
MétalanguePali
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageTrois grands chapitres correspondant à un total de vingt-huit sections. Dans la mesure où la rédaction en aphorismes est limitée au dernier, et où l'ouvrage intègre en son sein un recueil de racines, sa présentation diffère de celle des autres grammaires traditionnelles. Le premier chapitre (pada-mālā, sections I à XIV) part de ce qui constitue traditionnellement la première des racines (bhū sattāyaṃ) pour donner, sous la forme d'un commentaire détaillé, un panorama très complet de la morphologie du pali: flexion verbale, flexion des différentes catégories de thèmes masculins, féminins, neutres, problèmes de genre, adjectifs, pronoms, noms de nombre au-delà de 4, infinitif et absolutif. Le deuxième chapitre (dhātu-mālā, sections XV à XIX; Katre 1940) donne la liste des racines appartenant aux huit classes (gaṇa) que reconnaît Aggavaṃsa; elles sont nommées d'après le premier élément de chaque classe, et, à l'intérieur de chacune, rangées en ordre alphabétique d'après la consonne de la syllabe finale, accompagnées de leur(s) sens, et, dans le commentaire, des formes qui en dérivent. Seul le troisième chapitre (sutta-mālā, sections XX à XXVIII) consiste en aphorismes, comme il est d'usage. Il en compte 1347, répartis comme suit: phonétique, sandhi vocalique, consonantique et mixte (191 sūtra, section XX); flexion du nom (355 sūtra, section XXI); emploi des cas (128 sūtra, section XXII: Kahrs 1992); composition nominale (76 sūtra, section XXIII); dérivation secondaire (113 sūtra, section XXIV); verbe (242 sūtra, section XXV); dérivation primaire (242 sūtra, section XXVI). A quoi s'ajoutent les préverbes et indéclinables (section XXVII), qui constituent les deux dernières parties du discours reconnues par les grammairiens indiens, et la discussion des procédés (naya, section XXVIII). L'organisation générale de l'ouvrage explique sa taille imposante et la présence de répétitions, certains points étant traités en plusieurs endroits différents.
Objectif de l'auteurExposer la grammaire, car une connaissance précise des phonèmes et des mots est nécessaire à la compréhension réelle de l'enseignement du Buddha. Ce dernier constitue la norme primordiale et l'autorité suprême dans l'entreprise qui consiste à "purifier" (c'est le terme d'Aggavaṃsa) le pali des sanskritismes qui y sont introduits abusivement sous l'effet de la toute-puissante norme sanskrite.
Intérêt généralConsidérable pour la perception linguistique du pali, à la fois d'un point de vue synchronique et d'un point de vue diachronique, étant donné la doctrine linguistique claire qui est celle d'Aggavaṃsa. Ce dernier prend appui sur les textes palis et s'en prend souvent aux experts en grammaire sanskrite, mais aussi à ses prédécesseurs lorsqu'ils sont du côté de ces derniers. Même si ce parti pris n'est pas toujours appliqué avec toute la cohérence souhaitable (Kahrs 1992, p. 208), il fournit au moins une orientation générale originale. D'autre part, les discussions révèlent une attention inhabituelle aux niveaux de langue et de style ou aux situations d'interlocution, le grammairien distinguant, par exemple, les formes propres au texte sacré et à ses strophes (pāḷi) et celles qui caractérisent les commentaires (aṭṭhakathā), établissant l'authenticité de certaines formes, en rejetant d'autres comme emprunts au sanskrit ou fantômes. Pour l'histoire de la transmission des textes palis, la grammaire d'Aggavaṃsa est un outil inestimable, fournissant souvent, par ses variantes, une tradition parallèle aux leçons des manuscrits, soit qu'elle innove, soit, au contraire, qu'elle conserve des archaïsmes normalisés par les copistes. Dans certains cas, on peut même dire que la grammaire a créé une nouvelle norme qui n'est pas restée sans effet sur ces derniers (von Hinüber 1983).
Parties du discoursSans objet. Parmi les positions originales sur la morphologie, on peut noter le fait qu'Aggavaṃsa ne reconnaît que huit classes de présent (au lieu des dix traditionnelles, valables pour le sanskrit mais non pour le pali): cet avis est motivé par référence aux textes. C'est le même souci de ne pas superposer mécaniquement pali et sanskrit qui conduit le grammairien à décider d'emblée de ne pas traiter le duel dans son ouvrage, à refuser d'inclure à égalité avec les autres désinences celle du datif dans le paradigme des thèmes en -a (elle a, de fait, des emplois particuliers) ou à distinguer les flexions en fonction de la finale du nominatif (et non de la finale du thème).
Innovations term.Terminologie évidemment influencée par celle des grammairiens sanskrits, mais la Saddanīti a l'avantage de fournir un grand nombre de termes et d'enrichir le lexique technique dans ce domaine (cf. conspectus terminorum dans Smith 1928).
Corpus illustratifPosition unique parmi les grammairiens palis, et même, d'une certaine manière parmi les grammairiens indiens: Aggavaṃsa a procédé à un immense travail de collecte d'exemples empruntés au canon et à ses commentaires (strate ancienne et plus récente: aṭṭhakathā et ṭīkā), aux grammaires ou lexiques du pali, ainsi qu'à bon nombre d'ouvrages en sanskrit, d'où un total d'environ 8400 passages cités (index locorum dans Smith 1928). On trouve également des exemples de son cru. Le plus souvent ils sont le point de départ de discussions très fines, qui prennent en compte les critères d'ordre contextuel; le cas échéant, ils conduisent le grammairien à reformuler les règles de ses prédécesseurs (Pind 1995, p. 297).
Indications compl.
Influence subieLe troisième chapitre, rédigé en aphorismes, doit manifestement beaucoup à la grammaire de Kaccāyana, avec laquelle on relève maintes concordances ou parallèles étroits. La matière qui forme le commentaire de Kaccāyana est également largement incluse par Aggavaṃsa. Mais l'adhésion est loin d'être totale, et le premier chapitre (padamālā) a pu passer pour "une critique assez sévère des préceptes de Kaccāyana" et de son école (Smith 1928, p. VI). D'autre part, bien qu'Aggavaṃsa rejette généralement les points de vue des grammairiens du sanskrit, il ne peut rester totalement imperméable à la tradition qu'ils représentent et à leurs modes de pensée (cf. Ojihara 1971 pour des concordances entre Aggavaṃsa et Pāṇini).
Influence exercéeLa grammaire d'Aggavaṃsa a eu ses admirateurs, mais, curieusement, son auteur n'a pas été à l'origine d'une école.
Renvois bibliographiquesBalbir N. 2009; Franke R. O. 1902 {p. 57-64}; Juntunnen M., Smith W. L. & Suneson C. (éd.) 1995; Kahrs E. 1992; Ojihara Yutaka 1971
Rédacteur

Balbir, Nalini

Création ou mise à jour2000