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Prākṛtasarvasva

Mārkaṇḍeya

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurSanskrit, prakrits et pali: écoles non paninéennes [4340]
Auteur(s)

Mārkaṇḍeya

Datation: 2e moitié du 16e s.

Mārkaṇḍeya (seul nom courant connu) est un brahmane originaire de l'Orissa (Inde), contemporain du roi Gajapati Mukundadeva (dates de règne: 1559-1568). Sa grammaire Prākṛtasarvasva, comme ses autres œuvres, confirment les talents poétiques que lui attribue la tradition. Représentant de l'école dite orientale de grammaire prakrite (voir Puruṣottama).

Titre de l'ouvragePrākṛtasarvasva
Titre traduitLa totalité (de l'enseignement sur) le prakrit
Titre courtPrākṛtasarvasva
Remarques sur le titre
Période|16e s.|
Type de l'ouvrageForme de type aphoristique (sūtra), comme dans la plupart des grammaires, moyennant ici une originalité: la "métrification des sūtra", les aphorismes étant combinés de manière à former des strophes. Règles phonétiques et morphologiques de formation des mots appartenant au dialecte prakrit de base, la māhārāṣṭrī littéraire, à partir de la norme sanskrite (type "au lieu de… on a… "), puis règles concernant les autres dialectes qui s'écartent de la norme prakrite ainsi établie.
Type indexéRègles grammaticales | Traité de morphologie | Traité de phonétique
Édition originaleComposition: deuxième partie du 16e s. p.C. Édition princeps par S.V. Bhattanathaswami, Vizagapattam, 1912 (réimprimée en 1927).
Édition utiliséeMārkaṇḍeya's Prākṛtasarvasva. Critically Edited with Introduction, Variant readings and useful indices etc., by Dr. Krishna Chandra Acharya, Ahmedabad, 1968 (Prakrit Text Society Series No. XI. Prakrit Grammar Series No. 1).
Volumétrie164 + 252 pages.
Nombre de signes
Reproduction moderne
DiffusionOnze manuscrits utilisés par l'éditeur (apparemment les seuls connus). Diffusion principalement régionale, dans l'est de l'Inde (Bengale et Orissa), à un moindre degré dans le sud. Un seul commentaire disponible, celui de l'auteur lui-même.
Langues ciblesPrakrits
MétalangueSanskrit
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageVingt chapitres (pāda) et un total de 1074 aphorismes. Comme la plupart des autres grammaires du prakrit, celle-ci traite d'abord en détail du dialecte de base, la māhārāṣṭrī (chap. I à VIII; environ 64 %), puis des particularités relatives aux autres dialectes (chap. IX à XX; environ 36%). Le découpage rappelle celui adopté par Puruṣottama; l'équilibre quantitatif n'est pas un souci primordial dans la composition, certains dialectes mineurs ne faisant l'objet que d'un seul aphorisme.
I. Voyelles (52 sūtra) – II. Consonnes simples (25 sūtra) – III. Groupes de consonnes (96 sūtra) – IV. Règles diverses (64 sūtra) – V. Déclinaison (134 sūtra) – VI. Conjugaison (95 sūtra) – VII. Substitution de racines (183 sūtra) – VIII. Particules (36 sūtra). – IX. śaurasenī (158 sūtra) – X. Prācyā (12 sūtra) – XI. āvantī (13 sūtra) – XII. Māgadhī (38 sūtra) – XIII. Śākarī (9 sūtra) – XIV. Cāṇḍalī (9 sūtra) – XV. Śābarī, ābhīrī (10 sūtra) – XVI. Ṭākkī (13 sūtra) – XVII. Apabhraṃśa de variété Nāgara (78 sūtra) – XVIII. Apabhraṃśa de variété Vrācaḍa et Upanagara (12 sūtra) – XIX. Paiśācī de variété Kekayī (21 sūtra) – XX. Paiśācī de variété Śaurasena et Pañcāla (16 sūtra).
Objectif de l'auteurIl est identique à celui de tous les grammairiens du prakrit: donner les règles de formation à appliquer pour dériver le prakrit du sanskrit. D'où deux types d'aphorismes: les uns, généraux, édictent des règles d'ensemble; les autres, spécifiques, concernent un mot individuel ou des ensembles de mots présentant des traits communs. Mais un préambule définit ici clairement le champ de l'étude et prend nettement position sur les catégories admises pour le classement des dialectes prakrits et la terminologie afférente: parlers principaux (bhāṣā, litt. "langue"), parlers secondaires employés sur la scène (vibhāṣā), variétés d'apabhraṃśa (litt. "déviation"; puis, en contexte moyen-indien, terme désignant les prakrits tardifs à l'origine des parlers néo-indiens), variétés de paiśācī (litt. "langue des démons"; forme de moyen-indien attestée de manière très sporadique). Si les catégories elles-mêmes sont connues de la tradition antérieure, le nombre d'éléments qu'elles contiennent a donné lieu à des opinions divergentes. Mārkāṇḍeya justifie les siennes, expliquant, par exemple, pourquoi tel dialecte ne doit pas être considéré indépendamment parce que ses traits distinctifs ne sont ni assez marqués ni assez nombreux. Son propos est donc de traiter de seize parlers, ni plus ni moins: 5 bhāṣā (māhārāṣṭrī, chap. I à VIII, plus les quatre parlers faisant l'objet des chap. IX à XII), 5 vibhāṣā (chap. XIII-XVI), trois variétés d'apabhraṃśa (chap. XVII-XVIII) et trois variétés de paiśācī (chap. XIX-XX).
Intérêt généralPour le traitement des parlers mineurs, l'ouvrage de Mārkaṇḍeya est important. L'unique aphorisme qu'il consacre au parler auḍrī, et la strophe d'illustration que donne son commentaire, ont un intérêt historique pour la connaissance du développement des parlers néo-indiens car l'auḍrī est l'ancêtre de l'actuel oriya (Acharya 1968, p. 91). L'origine géographique de l'auteur et l'époque tardive de son livre ne sont sans doute pas étrangères au fait qu'il met plus l'accent sur les prakrits tardifs que sur les prakrits classiques du drame.
Parties du discoursLes parties du discours et les notions grammaticales considérées par Mārkaṇḍeya sont celles que reconnaît Pāṇini (racine, nom, genre, cas, désinence, nombre, suffixe primaire, composé), mais l'originalité de l'auteur est de dire clairement dans son premier aphorisme qu'il admet intégralement l'enseignement de son illustre prédécesseur à ce sujet (siddhaṃ Pāṇiny-ādeḥ, I.1) alors que les autres grammairiens du prakrit ne se préoccupent nullement de la question et prennent ces données pour acquises.
Innovations term.De même, le souci d'explicitation de l'auteur se manifeste par le soin qu'il met à poser d'emblée les trois groupes traditionnels dont relève le vocabulaire prakrit: mots empruntés tels quels au sanskrit (tatsama), mots issus du sanskrit et dérivés de cette langue par application de règles phonétiques (tadbhava) et mots régionaux (deśī).
Corpus illustratifLe commentaire de l'ouvrage est une mine d'informations très fiable où abondent les exemples littéraires, souvent accompagnés de leur source. Ils sont empruntés aux œuvres classiques du répertoire (poésie, théâtre), mais aussi aux traités de rhétorique. Une dernière catégorie est constituée de citations difficiles à identifier. La richesse du corpus illustratif est l'un des principaux atouts de la grammaire de Mārkaṇḍeya, auteur savant et praticien de la poésie.
Indications compl.Sur le plan linguistique, on observe, par rapport à la norme constituée par Vararuci, quelques innovations dans les paradigmes verbaux (Nitti-Dolci 1938a, p. 110), une place importante accordée au dialecte śaurasenī, nettement distinguée de la māhārāṣṭrī, et un traitement assez complet de l'apabhraṃśa (chap. XVII), considéré en trois étapes (règles diverses; déclinaison; conjugaison).
Influence subieL'auteur mentionne en tête de son ouvrage la liste, non exhaustive, des prédécesseurs dont il revendique l'influence: on y trouve Vararuci, référence obligée en matière de grammaire prakrite, notamment chez les maîtres de l'école orientale, et deux de ses commentateurs les plus importants (Bhāmaha et Vasantarāja), Bharata, l'auteur du Nāṭyaśāstra, à qui l'on doit le premier exposé sur le prakrit et la première liste des dialectes qu'il comprend, et, en outre, deux grammairiens que la tradition présente comme des autorités en matière de prakrit, mais dont nous ne connaissons pas les œuvres (Śākalya et Kohala; le premier, également cité par Puruṣottama, doit être un devancier de l'école orientale). De fait, pour le dialecte principal, la māhārāṣṭrī, traitée dans les huit premiers chapitres, l'influence du modèle fourni par Vararuci est manifeste aussi bien dans l'arrangement des aphorismes que dans leur libellé, souvent repris à l'identique, en sorte qu'on a pu dire de l'œuvre de Mārkaṇḍeya qu'elle constitue une "édition revue et augmentée de Vararuci" (Nitti-Dolci 1938a, p. 36). En outre, l'influence du modèle sanskrit incarné par Pāṇini se fait sentir dans la terminologie et les principes méthodologiques.
Influence exercéeL'influence directe exercée par Mārkaṇḍeya est difficile à mesurer étant donné l'époque relativement tardive où il travaille: en effet, son œuvre marque un aboutissement dans la grammaire du prakrit, et il n'y a guère de livre significatif après lui. Ses meilleurs avocats sont les savants modernes, qui, occidentaux ou indiens, apprécient ses qualités pédagogiques et son érudition (Nitti-Dolci 1938a, p. 127).
Renvois bibliographiquesBanerjee S. R. 1977; Nitti-Dolci L. 1938 {p. 89 et suiv.}; Upadhye A. M. & Acharya K. C. (éd.) 1968
Rédacteur

Balbir, Nalini

Création ou mise à jour2000