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Gendai gohô josetsu

Mikami Akira

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurGrammaires du japonais [4518]
Auteur(s)

Mikami Akira

Datation: 1903-1971

Mathématicien et linguiste japonais; langue maternelle: japonais. Après des études d'architecture à Tôdai, il exerce deux ans à Taiwan, puis enseigne les mathématiques dans le secondaire au Japon de 1930 à 1961. Parallèlement il étudie la philosophie, la littérature, l'histoire. A partir de sa rencontre avec Sakuma Kanae (1941), il se spécialise en japonais et obtient sa qualification universitaire en 1960; il passe alors à l'enseignement de la linguistique dans le supérieur (1961-1971), au Japon puis à Harvard (1970). Auteur d'une dizaine d'ouvrages publiés entre 1953-1970, dont les deux plus connus sont Gendai gohô josetsu et Zô wa hana ga nagai.

Titre de l'ouvrage1. Gendai gohô josetsu. 2. Zô wa hana ga nagai
Titre traduit1. Introduction à la grammaire contemporaine
2. Les éléphants ont une longue trompe
Titre courtGendai gohô josetsu
Remarques sur le titre
Période|20e s.|
Type de l'ouvrageDescription et organisation systématique de la morpho-syntaxe japonaise.
Type indexéGrammaire descriptive | Grammaire systématique
Édition originalePour Gendai gohô josetsu: 1953, Tôkyô, Tôkô shoin. Pour Zô wa hana ga nagai: 1960, Tôkyô, Kuroshio shuppan.
Édition utiliséeGendai gohô josetsu, rééd. Kuroshio shuppan, 4e éd., 1972. Zô wa hana ga nagai, 16e éd., 1986.
VolumétrieGendai gohô josetsu, 13,5 x 19 cm, 410 pages de 546 signes, au total 223 360 signes (caractères chinois et syllabaires). Zô wa hana ga nagai, 13,5 x 19 cm, 268 p, 133 900 signes (caractères chinois et syllabaires).
Nombre de signes357260
Reproduction moderneEditions Kuroshio shuppan, Œuvres complètes, 1972.
DiffusionNombreuses rééditions au Japon, pas de traduction en Occident.
Langues ciblesJaponais standard moderne, écrit et parlé
MétalangueJaponais
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageGendai gohô josetsu: 4 chapitres. Chapitre 1 (p. 1-72): tableau des 9 classes de mots [hinshi], plutôt que parties du discours [bunsetsu], retenues par Mikami: meishi [nom], daimeshi [pronom], dôshi [verbe], keiyôshi [qualitatif], fukushi [adjoint verbal], shôzenshi [mot de jonction recevant la phrase qui précède], kantôshi [interjectif], junshi [auxiliatif de 2e rang], joshi [auxiliatif de premier rang]. Commentaires et révision des critères de classement utilisés par ses prédécesseurs. Chapitre 2 (73-154): distinction entre shukaku [cas principal], shudai [sujet principal ou thème] et shugo [sujet grammatical]. Mikami conteste l'existence de ce dernier en japonais. Chapitre 3 (155-248): présentation des paradigmes des formes verbales et qualitatives et de leurs fonctions: clôture de phrase par éléments corrélatifs [kakari-musubi]; processus de synthèse phrastique [chinjutsu]; aspect; temps, etc. Chapitre 4 (249-364): Constructions simples et complexes: schémas casuels; détermination des mots verbaux et des noms; conjonctifs; adverbiaux; modalités énonciatives; discours rapportés direct, indirect; ponctuation et divers annexes (365-408).
Zô wa hana ga nagai: 3 chapitres et des annexes en guise de conclusion. Chapitre 1 (p. 1-99): exposé de la thèse de la double fonction de la particule post-nominale wa: sa fonction principale est de poser un thème dont la portée va jusqu'à la fin d'une phrase, ainsi constituée en une unité complète; sa fonction secondaire est de signaler les relations sémantiques implicites qu'entretient le constituant thématisé avec les autres constituants de la phrase. Chapitre 2 (100-155): il développe la fonction principale de wa, à partir de nombreux exemples. Chapitre 3 (156-188): il examine d'autres indices de thématisation tels que nara, mo/demo. Dans les annexes (p. 189-268), Mikami répond aux critiques et compare la structure des phrases déclaratives et existentielles en anglais et en japonais.
Objectif de l'auteurSa formation mathématique conduit Mikami à une vision originale de la grammaire du japonais. En raison de sa spécialisation première de mathématicien, Mikami se donne pour but de décrire rigoureusement la langue japonaise et plus spécialement sa grammaire. A cet effet, il s'intéresse avant tout à ses régularités fonctionnelles et systématiques en synchronie.
Intérêt généralMikami propose de nombreux amendements qui améliorent la notation graphique et la métalangue descriptive. Il cherche à dégager la logique des constructions syntaxiques du japonais moderne dans une perspective typologique, en marquant ses points de convergence et de divergence avec les principes et les catégories descriptives des grammaires occidentales.
Parties du discoursMikami considère que la distinction de différentes parties du discours sert essentiellement à unifier la description des lexicographes, l'analyse syntaxique du japonais s'appuyant sur l'unité du syntagme [bunsetsu], plutôt que sur celle du lexème ou mot simple [tango]. Aussi se borne-t-il à reprendre les neuf parties de la classification occidentale, popularisées par Ootsuki Fumihiko, notamment grâce la publication de son dictionnaire Genkai [L'océan des mots] (1889) et adoptées aujourd'hui par les grammaires scolaires.
Innovations term.Mikami utilise trois termes distincts pour différencier la fonction grammaticale de sujet ou shugo [syntagme sujet], le cas morpho-syntaxique de nominatif [shukaku], et la fonction syntaxico-discursive de thème subdivisé en thème principal ou [shudai], et thème secondaire ou [fukudai]. Par ailleurs il propose de décomposer un mot en tenant compte de l'ordre de positionnement des morphèmes liés [junshi], selon qu'ils relèvent de la première ou de la deuxième dimension [ichiji, niji]. Enfin, il remplace le couple verbe actif/passif par le triplet: verbe actif [nôdô], verbe passif [judô] et verbe inactif [shodô].
Corpus illustratifMikami puise une partie de ses exemples dans les écrits contemporains plutôt que dans les textes de langue classique. Mais il fabrique la plupart des énoncés qui vont servir de support à diverses manipulations syntaxiques, comme le célèbre Zô wa hana ga nagai qui sert de titre à l'un de ses ouvrages.
Indications compl.Analyse syntaxique et énonciative: Mikami distingue nettement la position thématique des relations casuelles commandées par le prédicat verbal. Il insiste sur l'absence de toute contrainte subjectale en japonais, ce qui l'amène à réclamer avec force l'élimination de la notion de sujet grammatical [shugo] dans cette langue. Seuls doivent être pris en compte les notions de thème [shudai] et de premier rôle ou premier complément [shukaku]. Le thème se caractérise par sa position en tête de phrase ou d'épisode, une particule postposée telle que wa de portée large, allant jusqu'à la clôture modale de l'énoncé simple ou complexe. Quant au prime complément, il tend à être marqué par une particule postposée, ga le plus souvent, indûment appelée particule casuelle de sujet, par identification avec le sujet grammatical des langues occidentales. Pour Mikami, chaque forme verbale détermine un schéma actanciel fixant un certain nombre de postes hiérarchisés. Le shukaku correspond au premier poste ou complément de rang 1. Mais, à la différence du sujet grammatical, son emploi n'a rien d'obligatoire au niveau syntaxique et il n'entraîne aucune contrainte d'accord avec le prédicat verbal. Plutôt qu'un modèle théorique global, Mikami propose des solutions partielles concernant divers sous-systèmes tels que les types de phrase, la deixis en ko, so, a, les diathèses, etc.
Influence subieAutodidacte, disciple tardif de Sakuma Kanae, Mikami appartient à la lignée des grammairiens du début du 20e s. qui ont cherché à élaborer une grammaire du japonais moderne, conçu comme une langue nationale unifiée, parmi d'autres. A cet effet, il tire parti à la fois des acquis de la tradition grammaticale autochtone portant essentiellement sur la langue écrite classique et des conceptions linguistiques dominantes en Occident, à son époque. Sa formation de mathématicien le pousse à s'intéresser aux régularités formelles des structures linguistiques et à en rechercher l'économie systématique. Ce qui le situe dans le courant des approches scientifiques des langues écrites et parlées, aux antipodes d'une part des préoccupations historiques des philologues cantonnés dans l'étude des textes anciens, et d'autre part des objectifs didactiques des enseignants de la langue nationale dans les écoles japonaises.
Influence exercéeSans faire à proprement parler école, il exercera une certaine influence sur les orientations des recherches linguistiques contemporaines. Son principal disciple et ami sera Teramura Hideo, qui reprendra, approfondira et diffusera plusieurs de ses suggestions originales.
Renvois bibliographiques
Rédacteur

Tamba, Irène

Création ou mise à jour2000