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Elegantiae

Valla, Lorenzo

DomaineTradition occidentale: grec et latin
SecteurGrammaires latines humanistes [1242]
Auteur(s)

Valla, Lorenzo

Variantes: Valla, Laurentius

Datation: 1407 - 1er août 1457

Humaniste italien et philologue érudit, né à Rome. Après avoir appris le grec et le latin avec les meilleurs professeurs (dont Giovanni Aurispa et Leonardo Bruni), il enseigna la rhétorique à Pavie, Naples et Rome. Il fut secrétaire du roi de Naples, Alphonse V d'Aragon, puis du pape Nicolas V, qui le protégèrent dans ses polémiques, suscitées par son agressivité, avec A. Beccadelli (Panormita) et G. F. Bracciolini (Poggio). Auteur de travaux philologiques remarquables: Emendationes sex librorum Titi Livi (livres 21-26) [1446-7], In Nouum Testamentum adnotationes [publiées par Érasme en 1505], De falsa credita et ementita Constantini donatione, d'ouvrages philosophiques: Retractatio totius dialecticae (ou Dialecticae Disputationes: contre l'aristotélisme des penseurs du Moyen Âge), De uoluptate (réfutation des conceptions stoïciennes et épicuriennes du souverain bien), de traductions en latin d'auteurs grecs (Hérodote, Thucydide).

Titre de l'ouvrageDe linguae Latinae elegantia libri VI. De reciprocatione Sui et Suus Libellus
Titre traduitSix livres au sujet de l'élégance de la langue latine
Livret au sujet du caractère réflexif de se et de suus
Titre courtElegantiae
Remarques sur le titreOuvrage désigné généralement sous le titre: Elegantiae.
Période|15e s.|
Type de l'ouvrageSérie d'observations et d'analyses sur des points de syntaxe, de vocabulaire et d'étymologie du latin classique, privilégiant l'usage au détriment de l'appareil théorique.
Type indexéObservations sur la langue
Édition originaleÀ partir de 1430, 3 rédactions différentes entre 1441 et 1449 (Tavoni 1990, p. 172, n. 5); 1re édition: Rome, Johannes Philippus de Lignamine, 1471.
Édition utiliséeLaurentii Vallae opera, Bâle, Henricus Petrus, 1540, [16 p.] + 235 p. + 15 p. [p. 235-249; De reciprocatione Sui et Suus libellus], 3600 signes par page.
Volumétrie266 pages.
Nombre de signes880000
Reproduction moderneLaurentii Vallae opera omnia, Con una premessa di Eugenio Garin, Tomus prior, Bottega d'Erasmo, Turin, 1962 (Monumenta politica et philosophica rariora, Series I, Numerus 5). – Éd du De linguae Latinae elegantiapar S. Lopez Moreda, 2 vol., texte + trad. espagnole (disponible en cédérom), 1999, Cáceres, Universidad de Extramadura. – Éd. critique du De reciprocatione Sui et Suus libellus par Elisabeth Sandström, Göteborg, Acta Universitatis Gothoburgensis, 1998.
DiffusionTrès importante: 59 éditions à la date de 1536. L'ouvrage a donné lieu à de nombreuses adaptations: épitomés et paraphrases: en particulier par Bonus Accursius (épitomé, 1475), Antonio Mancinelli (paraphrases et épitomé), Josse Bade (épitomés, 1501) et Érasme (épitomé, 1529). Il a été également imité, par ex. par Augustin Dathi et Guy Jouenneaux.
Langues ciblesLatin
MétalangueLatin
Langue des exemples
Sommaire de l'ouvrageLettre dédicatoire; Préface. Livre 1 (35 chap.; p. 5-40): analyse de morphèmes (désinences et suffixes) pour les classes suivantes: noms, verbes, gérondifs, supins et participes. Livre 2 (59 chap.; p. 41-79): analyse de l'emploi de certains items des autres classes: pronoms, prépositions, conjonctions, adverbes. Livre 3 (96 chap.; p. 79-117): changements sémantiques provoqués par les variations morphologiques des mots (ex. changement de genre d'un nom en fonction du nombre) et par les variantes dans la construction des verbes; combinaisons possibles de certaines catégories de mots (ex. prépositions, pronoms indéfinis, négations). Livre 4 (116 chap.; p. 117-160): étude comparée de noms (substantifs et adjectifs) jugés sémantiquement proches (ex. libertinus/ libertus, rumor/fama). Livre 5 (104 chap.; p. 160-196): étude comparée de verbes jugés sémantiquement proches (ex. utor/fungor/fruor) et du rôle sémantique joué par la préfixation verbale (ex. appeto/expeto). Livre 6 (64 chap.; p. 196-235): notes critiques sur des définitions de termes données par: Nonius Marcellus, Servius, Macrobe, Aulu-Gelle, Priscien, Donat, Varron, Festus, Boèce, Justinianus, les jurisconsultes; De reciprocatione Sui et Suus libellus: p. 235-249.
Objectif de l'auteurPersuadé qu'on peut à la fois restaurer le latin classique et s'en servir comme d'une langue vivante (Regoliosi 1995), Valla veut en donner une description aussi précise que possible de la langue latine classique, à la fois pour l'emploi des formes et leur construction, avec le souci de ne traiter que des points qui ne l'ont pas encore été (Chomarat 1981, p. 230).
Intérêt généralFaible sur le plan théorique (pas de remise en compte des concepts linguistiques hérités de l'Antiquité, mais on doit à Valla la distinction entre pronom réfléchi et pronom non-réfléchi en latin); fort en ce qui concerne le renouvellement des descriptions de la langue, car il oblige les successeurs à tenir compte des données factuelles.
Parties du discoursPas d'analyse spécifique, ni de remise en cause.
Innovations term.Néant; bien que refusant par principe la terminologie médiévale (par ex. les modi significandi), Valla en retient de nombreux éléments (par ex. antecedens, suppositum, appositum, ante se / post se, etc. [Percival 1976, p. 81-82]).
Corpus illustratifQuantitativement très important, cité relativement précisément; doctrinalement essentiel, car il fonde l'établissement de la règle.
Indications compl.Sur le plan pédagogique, l'ouvrage est d'utilisation difficile en raison du nombre des chapitres (474), de la dispersion de la matière, de la multiplicité des règles portant le plus souvent sur des points de détail (d'où les nombreuses adaptations sous formes de résumés par ses successeurs).
Influence subieRefusant à la fois la tradition scolastique médiévale et l'excès dans le purisme, Valla utilise, non sans les remettre parfois en cause, les grammairiens et commentateurs anciens, en particulier Priscien et Servius; mais ce sont les auteurs classiques eux-mêmes qui doivent être la vraie référence et fournir la matière nécessaire à l'élaboration de la règle: Valla privilégie l'usage et reprend à son compte la distinction quintilienne entre grammatice loqui et Latine loqui, l'élégance se situant dans un domaine qui s'étend de l'usage correct à l'éloquence (Marsh 1979, p. 101, Tavoni 1984, p. 146).
Influence exercéeValla est cité très fréquemment par les humanistes italiens, Nebrija, qui l'introduit en Espagne, Despautère, Linacre. Il est utilisé par Scaliger qui en décortique par le menu certains chapitres; il est "certainement l'auteur le plus cité de la Minerve" de Sanctius (Clerico 1982, p. 64), mais il est sans doute aussi le plus critiqué. Sur le plan théorique, son influence est sans doute plus indirecte que directe, car les Elegantiae ont contraint les successeurs à une approche grammaticale différente, plus respectueuse des données de la langue et de l'usage classique.
Renvois bibliographiquesAx W. 2001; Ax W. (éd.) 2001; Besomi O. & Regoliosi M. (éd.) 1986; Casciano P. (éd.) 1990; Chomarat J. 1979; Chomarat J. 1981 {p. 225-265}; Chomarat J. 1988; Fubini R. 1997; Gensini S. 2009; Grendler P. F. 1989 {p. 170-172}; Ijsewijn J. 1992; Ijsewijn J. 1993; Jensen K. 1990 {p. 51 et suiv.}; Jensen K. 2001; Lardet P. 1992; Laurentius Valla 1998 {E. Sandström éd.}; Marsh D. 1979; Padley G. A. 1976 {p. 17-18}; Percival W. K. 1976; Percival W. K. 2004; Regoliosi M. 1993; Regoliosi M. 1995; Reynolds L. D. & Wilson N. G. 1968; Tavoni M. 1984 {p. 117-169}; Tavoni M. 1990 {p. 172-174}
Rédacteur

Colombat, Bernard

Création ou mise à jour2001 | 1998