Domaine | Tradition occidentale: grec et latin |
Secteur | Grammaires latines humanistes [1255] |
Auteur(s) | Campanella, Tommaso |
Datation: 5 septembre 1568 - 21 mai 1639 Philosophe italien, né à Stilo (Calabre), mort à Paris. Né d'une famille pauvre, Campanella entra dans l'ordre des Dominicains et étudia des matières aussi différentes que la médecine, les mathématiques, le droit, la théologie, la poétique, la rhétorique et la grammaire. La hardiesse de ses vues l'obligea à se déplacer dans toute l'Italie. A la suite d'un complot manqué en Calabre, il fut emprisonné pendant 27 ans. Ami de Galilée et, à la fin de sa vie, pensionné par Richelieu. De son œuvre, très importante, le livre le plus connu est son utopie politique, La Cité du Soleil, qui prône un communisme théocratique. | |
Titre de l'ouvrage | Thomae Campanellae Styl[ensis] Ord[inis] Praed[icatorum] Philosophiae Rationalis Pars prima, Continens grammaticalium libros tres |
Titre traduit | Première partie de la philosophie rationnelle, contenant trois livres de sujets grammaticaux, par Thomas Campanella, originaire de Stilo, de l'Ordre des Prédicateurs (Dominicains) |
Titre court | Grammaticalium libri tres |
Remarques sur le titre | |
Période | |17e s.| |
Type de l'ouvrage | Grammaire philosophique. |
Type indexé | Grammaire spéculative |
Édition originale | Date de composition: 1618. Date de première édition: 1638, Paris, Jean Dubray. |
Édition utilisée | Première partie de la Philosophia rationalis, Paris, Jean Du Bray (Dubray), 1638. Les autres parties sont: la dialectique, la rhétorique, la poétique, l'historiographie. |
Volumétrie | In-4°, 152 pages, env. 1 400 signes par page. |
Nombre de signes | 210000 |
Reproduction moderne | Éd. avec traduction italienne en vis-à-vis et notes, dans L. Firpo éd. Tutte le opere di Tommaso Campanella, Milano, Mondadori, 1954, p. 433-713. |
Diffusion | Ouvrage resté isolé, sans autre édition jusqu'à celle de L. Firpo. |
Langues cibles | Le latin surtout, mais comme représentant d'une langue universelle |
Métalangue | Latin. Utilisation fréquente de ly comme marqueur métalinguistique de citation (ex. ly substantivum). Renvoi à des termes vernaculaires (italiens) (ex. bianco, bianca, bianchi, bianche). Renvois à d'autres langues (par ex. hébreu et arabe pour les lettres, à l'hébreu, au français, à l'allemand, aux dialectes italiens pour montrer la déformations des mots par les langues). |
Langue des exemples | |
Sommaire de l'ouvrage | Livre I (p. 1-92) [les parties de la grammaire et les parties du discours]: chap. 1: de la grammaire en général; chap. 2: parties de la grammaire (lettre, syllabe, mot); chap. 3: l'énoncé, 4e partie de la grammaire; chap. 4: le nom; chap. 5: le pronom; chap. 6: le verbe; chap. 7: le participe; chap. 8: la préposition; chap. 9: l'adverbe; chap. 10: la conjonction, chap. 11: l'interjection. Livre II (93-136) [la syntaxe]: chap. 1: les concordances [= accords]; chap. 2: la construction de l'énoncé: construction des verbes essentiels, des verbes actuatifs [exprimant une action immanente], des actifs, des passifs, de ceux appelés neutro-passifs, de ceux appelés neutres, de ceux appelés communs, des déponents; chap. 3: construction des verbes impersonnels; impersonnels passifs; chap. 4: verbes "serviles" [toujours construits avec un infinitif], infinitif, gérondifs, supins, participes; chap. 5: construction des comparatifs, superlatifs, partitifs, universaux, particuliers et patronymiques; chap. 6: figures. Livre III (137-152) [écriture et lecture]: chap. 1: l'écriture; imitation de la réalité par l'écriture; les caractères; règles de formation des lettres; chap. 2: utilisation des lettres, accentuation, ponctuation; chap. 3: la lecture; chap. 4: récapitulation des domaines de la grammaire; chap. 5: appendice au sujet de l'établissement d'une langue philosophique. |
Objectif de l'auteur | Campanella conçoit la grammaire comme un art "instrumental", c'est-à-dire au service des autres arts, et la subdivise en grammaire "civile" et en grammaire "philosophique". La première, qui relève de l'expérience, recherche l'autorité et l'usage, en ne s'intéressant qu'aux auteurs les plus classiques; la seconde, qui est une science, n'a pas les a priori de la première et doit permettre d'analyser rationnellement les rapports existant entre les mots et les choses. C'est elle qui constitue l'objet essentiel de son étude. |
Intérêt général | Exemple intéressant d'analyse du latin comme langue universelle, sans que l'auteur en tire toutes les conséquences. Il ne fait qu'évoquer in fine les règles qui seraient à inventer pour la création d'un langage philosophique, et sa description du latin reste fondamentalement traditionnelle. |
Parties du discours | Volonté d'en donner une explication philosophique et de réformer la description traditionnelle dans ce sens: par ex. il faut traiter du verbe essentiel avant les autres catégories; noms et verbe définis par rapport à l'essentia et l'actus; le participe (p. 70) défini comme "signifiant l'essence avec son action, ou l'action avec l'essence dont il est l'action"; préposition et adverbe définis comme exprimant des circonstances; l'interjection définie comme oratio confusa et de ce fait s'opposant à toutes les autres parties du discours. |
Innovations term. | Innovations terminologiques: Campanella utilise beaucoup de termes de la philosophie scolastique (par ex. copula, essentia, essentialis, essentialitas, existentialis, praedicamenta, les modi, les causae, etc.) et propose des innovations (par ex. adnomen pour praepositio, servilia uerba, uerba actuantia ou actuatiua, etc.), sans remettre fondamentalement en cause la terminologie traditionnelle (on retrouve par ex. les verbes classés en "ordres" ou les noms traditionnels des 8 figures de construction). |
Corpus illustratif | Exemples forgés; attention portée au lexique; l'explication des auteurs n'étant pas du tout le but de Campanella, les exemples littéraires sont rares. |
Indications compl. | Présentation par argumentation logique: définition, déclaration, corollaire, observation, notandum. Syntaxe: après un exposé des concordances, expliquées sémantiquement, l'examen des constructions est conduit pour l'essentiel à partir d'un classement complexe des verbes, également sur une base sémantique. |
Influence subie | Les grammairiens cités sont peu nombreux: Nonius Marcellus, Varron. Scioppius, Turnèbe, Juste Lipse sont attaqués comme représentants de la "grammaire civile" (p. 3). Surtout des renvois internes à l'œuvre de Campanella (Logica, Metaphysica, Poëtica). Campanella doit à son platonisme le concept essentiel d'essentia (Padley 1976, p. 160) et la conviction qu'on peut, grâce à un langage approprié, opérer une approche correcte des phénomènes naturels. |
Influence exercée | Surtout sur la grammaire philosophique anglaise (en particulier Wilkins 1668). En Italie, la tentative de Campanella reste isolée. On a également soutenu la thèse d'une influence en France, sur Descartes et Port-Royal. |
Renvois bibliographiques | Brekle H. E. 1975; Campanella T. 1954; Firpo L. 1940 {p. 116-119}; Lerner M.-P. 1997; Padley G. A. 1976 {p. 160-179}; Padley G. A. 1985 {p. 331-336}; Pennisi A. 2009; Salmon V. 1969; Salmon V. 1975 |
Rédacteur | Colombat, Bernard |
Création ou mise à jour | 1998 |