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Arcticae horulae succisivae

Bohorič, Adam

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires des langues slaves: slovène [3471]
Auteur(s)

Bohorič, Adam

Variantes: Variante orthographique du nom: Bohorizh, Adam.

Datation: ca 1520-1598

Adam Bohorič est un pédagogue protestant et premier grammairien de la langue slovène. Né près de Brestanica en Slovénie, il est mentionné comme bachelier à Vienne, en 1547; il étudia ensuite à la Faculté des Arts de Wittemberg, où il fut également un étudiant de Philippe Melanchthon. Dans les années 1551-1563, il fut directeur de sa propre école à Krško; entre 1566 et 1582, puis entre 1595 et 1598, il fut directeur de l'école appelée "École des États" à Ljubljana. Dans le CTLF, 4 œuvres d'Adam Bohorič sont décrites: Arcticae horulae succisivae (éd. 1584), Grammatica Latino-Germanico-Slavonica (éd. 1715), Grammatica Latino-Germanico-Slavonica (éd. 1755) et Grammatica Oder Windisches Sprach-Buch (éd. 1758). Il écrivit aussi l'ouvrage (perdu) Elementale Labacense cum Nomenclatura trium linguarum, Latinae, Germanicae et Sclavonicae (ca 1580) et une Otrozhia tabla conservée dans un fragment. Il fut membre de la commission de révision pour la traduction slovène de la Bible (1584). Cet ouvrage stimula la parution de sa grammaire slovène.

Titre de l'ouvrageArcticae horulae succisivae de Latinocarniolana literatura, ad Latinae linguae analogiam accommodata, Vnde Moshoviticae, Rutenicae, Polonicae, Boëmicae et Lusaticae lingvae, cum Dalmatica et Croatica cognatio, facilè deprehenditur. Praemittuntur his omnibus, tabellae aliquot, Cyrilicam et Glagoliticam, et in his Rutenicam et Moshoviticam Orthographiam continentes
Titre traduitPetites heures arctiques perdues sur la grammaire latino-carniolienne, adaptée du modèle latin, à partir de laquelle on peut facilement observer la parenté des langues moscovite [Moshovitica = Moscovitica], ruthène [Rutenica], polonaise, tchèque et lusacienne et aussi celle des langues dalmate et croate. Cet ensemble est précédé de tables contenant les orthographes cyrillique et glagolitique, ainsi que les orthographes ruthène et moscovite.
Titre courtArcticae horulae succisivae
Remarques sur le titreLe titre de base est De Latinocarniolana literatura (grammaire latino-carniolienne), désignant la grammaire de la langue slovène, écrite en Latin; cependant la grammaire est généralement spécifiée par un titre plus particulier Arcticae horulae succisivae ("Petites heures arctiques [hivernales] perdues"), par lequel l'auteur souligne que la grammaire a été écrite à des “moments perdus” durant l'hiver, à la fin de l'année 1583. L'ouvrage a été écrit à des “moments perdus” parce que la principale tâche de Bohorič (et de Jurij Dalmatin) à Wittenberg était alors de faire les corrections de la Bible slovène, qui a été imprimée à la même époque.
Période|16e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire didactique pour une application pratique avec très peu de théorie, destinée spécifiquement à des locuteurs slovènes ayant une bonne connaissance de base de la grammaire du latin et de l'allemand.
Type indexéGrammaire didactique
Édition originale1584, Wittemberg, [Johann Kraffts Erben]
Édition utilisée1584, Wittemberg, [Johann Kraffts Erben]
Volumétrie[XXIV +] 178 [i. e. 176] + 59 [+ XXI] pages.
Nombre de signes305000
Reproduction moderneFac-similé: R. Trofenik, München, 1969 (Geschichte, Kultur und Geisteswelt der Slowenen 4/1); Mladinska knjiga, Ljubljana, R. Trofenik, München, 1970 (Monumenta litterarum Slovenicarum 7). Fac-similé avec une traduction en slovène: Obzorja, Maribor, 1987, traduction par Jože Toporišič.
DiffusionLa grammaire avec une nouvelle rédaction a été éditée deux fois (1715, 1758), et une copie manuscrite (1755) a été également conservée. Dans ces trois cas, la paternité de Bohorič par rapport au projet initial a été supprimée. L'édition de 1715 avec le titre Grammatica Latino-Germanico-Slavonica ex pervetusto exemplari ad modernam in Carniolica Lingua loquendi methodum accomodata, a plurimis expurgata mendis, et Germanicis aucta dictionibus [Grammaire latino-germanico-slovène, adaptée, à partir d'un modèle très ancien, à la façon de parler moderne dans la langue de la Carniole, purgée de très nombreuses erreurs et augmentée de termes allemands] a été élaborée en latin par le moine capucin Hippolytus (Janez Adam Gaiger) et publiée par J. G. Mayr. Dans cette édition, plusieurs exemples latins et slovènes ont été omis, alors que, parallèlement, quelques exemples allemands ont été ajoutés. Le manuscrit de 1755 avec le titre Grammatica Latino-Germanico-Slavonica ex pervetusto exemplari ad modernam in Carniolica lingua loquendi methodum accomodata a été conservé. Il est une version abrégée et modifiée de l'édition de 1715. En 1758, les Jésuites de Celovec ont édité une grammaire additionnelle révisée en allemand sous le titre Grammatica oder Windisches Sprach-Buch [Grammaire ou manuel linguistique wende] avec un petit vocabulaire trilingue ajouté à nouveau.
Langues ciblesSlovène
MétalangueLatin
Langue des exemplesSlovène; les exemples en slovène sont toujours traduits en latin, quelquefois en allemand; cependant ils sont traduits très rarement aussi en croate. Dans l'étymologie des numéraux, sont donnés deux mots en grec.
Sommaire de l'ouvrageIntroduction [Praefatiuncula] (p. *2a-**4b). Cinq tables (1-39): 1. Orthographe cyrillique [de orthographia Cyrilica] (1-10), 2. Orthographe ruthène et moscovite [de orthographia Rutenica et Moshovitica [sic!]] (11-15), 3. Orthographe glagolitique [de orthographia glagolitica] (15-25), 4. Orthographe latine-carniolienne [de orthographia Latinocarniolana] (25-35), 5. Notre Père en six langues slaves (35-39). Étymologie [de etymologia] (40-176): nom [nomen], (40-78), pronom [pronomen] (79-94), verbe [verbum] (94-153), participe [participium] (153), adverbe [adverbium] (154-158), préposition [praepositio] (158-164), conjonction [coniunctio] (164-166), interjection [interiectio] (166), examen de l'étymologie [examen etimologiae] (167-176). Syntaxe [syntaxis] (1-59, [1]-[5]): des noms [nominum] (1-9), des verbes [verborum] (9-52), des participes [participiorum] (52-53), des adverbes [adverbiorum] (53-55), des conjonctions [conjunctionum] (55-58), des prépositions [praepositionum] (58), des interjections [interiectionum] (58-59), examen de la syntaxe [examen syntaxeos] ([1]-[5]). Différentes espèces du métaplasme [de metaplasmi quibusdam speciebus] ([6]). Prosodie ou accentuation [de prosodia seu accentu] ([6]-[7]). Index [index] ([8]-[20]).
Objectif de l'auteurPar l'intermédiaire de cette œuvre, l'auteur veut augmenter le prestige de la langue slovène et prouver son caractère utilisable et sa propagation. La connaissance de la langue slovène permet de comprendre toutes les langues slaves, et pour une meilleure compréhension des différentes écritures, des tables initiales ont été ajoutées. La grammaire voudrait, d'un côté, prouver la correspondance entre la langue slovène et la grammaire latine et, de l'autre, relever des différences notables. En utilisant cette grammaire, des jeunes gens d'origine slovène, à qui est dédiée l'œuvre dans la préface, qu'ils soient d'origine noble ou destinés à recevoir une éducation, deviendront capables de lire et d'écrire correctement en langue slovène. En assumant les devoirs de leurs pères, ils acquerront la compétence de répandre une connaissance élémentaire du langage parmi leurs serviteurs et les autres personnes d'extraction non noble.
Intérêt généralPremière grammaire du slovène. L'ouvrage est étroitement relié à la tradition grammaticale latine; aussi sa partie théorique est-elle réduite à l'essentiel. L'ouvrage est confronté aux problèmes dus au choix de la grammaire latine comme modèle universel de la grammaire dans la description de la langue vernaculaire, mais l'auteur se tire d'affaire avec habileté et originalité. L'“étymologie” (c'est-à-dire le traitement des parties du discours) est précédée d'une présentation des paradigmes des mots fléchis et d'une division des indéclinables selon le modèle latin. Dans la syntaxe, ce qui prévaut, c'est la recherche d'une comparaison des capacités expressives du slovène avec celles du latin.
Parties du discoursSuivant la tradition latine, Bohorič distingue huit parties du discours. L'article [articulus] est traité à l'intérieur du nom [nomen], et le chapitre inclut aussi une étude étendue des noms de nombre. Le nom [nomen] est divisé en nom propre [proprium] et nom commun [appellativum], et ce dernier en substantivum et adiectivum.
Innovations term.Aucune. Bohorič utilise les termes latins traditionnels.
Corpus illustratifDans le chapitre sur l'“étymologie” sont proposés beaucoup d'exemples de mots slovènes, mais ils sont toujours traduits en latin. Dans le chapitre traitant du nom, beaucoup d'exemples sont également traduits en allemand, ce qui n'arrive dans la suite de l'ouvrage qu'exceptionnellement. Quelques exemples seulement sont traduits en croate dans la section des patronymica et dans le chapitre des nombres cardinaux. Quelques exemples manifestent l'influence des grammaires de Melanchthon et de Donat, mais certaines parties de la grammaire montre une possible influence de Johannes Clajus. Dans le chapitre sur la syntaxe, les cas sont traités exactement sur le modèle de la grammaire de Melanchthon; ils sont traduits en latin, et quelquefois aussi en allemand. Dans le chapitre sur l'orthographe, le Notre père est donné en six langues slaves (“cyrillique”, glagolitique, croate, polonais, (bas) lusacien [i.e. serbe inférieure, parlée à Niederlausitz en Allemagne orientale], tchèque et slovène), de même que l'inscription sur la pierre tombale de la reine bosniaque Catherine [Catarina regina Bosnensis].
Indications compl.L'introduction à la grammaire est étendue et ambitieuse. Elle comporte une série d'étymologies pour des noms de lieux et de nations. Par Slavi, Bohorič s'adresse au peuple slovène aussi bien qu'à tous les Slaves, mettant en valeur en outre la portée et l'envergure de la langue qu'il traite. Par le terme lingua Slavica, il réfère quelquefois à la famille des langues slaves, quelquefois au langage slovène. Les langues slaves particulières prises dans ce sens sont des dialecti or sermones du slavon. La langue slovène est quelquefois désignée comme lingua Carniolana. Dans le chapitre sur l'étymologie, quelques courtes listes lexicales slovène-latin-allemand, rangées par ordre alphabétique sont ajoutées à chacune des déclinaisons et conjugaisons. Pour le traitement des cas, l'ouvrage suit le modèle latin. Les formes de locatif et d'instrumental slovène sont décrites comme des variantes de la terminaison des mots, causées par certaines prépositions. Certaines formes des pronoms à l'instrumental avec les prépositions sont expliquées comme adverbes, selon l'analyse de Melanchthon. Selon Bohorič, l'expression de la durée ou de la perfectivité (perfectif vs imperfectif) du verbe est dérivative et sémantique; elle n'est pas une propriété grammaticale du mot. Les deux chapitres sur l'étymologie et la syntaxe sont suivis par une analyse [examen] détaillée d'un exemple du Notre père.
Influence subieLe chapitre sur l'étymologie suit l'exemple des seconde et troisième éditions de la grammaire latine de Melanchthon (i.e. le texte publié en 1540 par Iacobus Micyllus, et amélioré en 1550 by Joachim Camerarius) et une édition (probablement bilingue) de Donat, publiée avant 1540. Certaines solutions adoptées montrent un possible impact de la grammaire allemande écrite par Johannes Clajus (1578). La source directe du chapitre De syntaxi est le second groupe d'éditions de la syntaxe latine de Melanchthon (i.e. le texte publié en 1538 par Vitus Oertelius Winshemius).
Influence exercéeDans cet ouvrage dont le fondateur est théoriquement Bohorič, la rédaction est appelée bohoričica: elle a été utilisée pour écrire le slovène jusqu'au milieu du 19e s. La grammaire de Bohorič dans ces deux versions imprimées a été en usage jusqu'à la fin du 18e s. Elle a certainement eu un impact sur l'addition grammaticale du dictionnaire quadrilingue de Hieronimus Megiser (1592), alors que son impact sur l'addition grammaticale du dictionnaire italien-slovène d'Alasius da Sommaripa (1607) est beaucoup plus difficile à prouver. On peut retrouver la trace des réflexions exposées par Bohorič dans l'introduction à sa grammaire dans bon nombre d'ouvrages postérieurs. Janez Vajkard Valvasor, dans son ouvrage étendu Die Ehre des Herzogthums Krain (1689), a suivi les exemples des 4e et 5e tables de l'orthographe de Bohorič. La première évaluation scientifique de l'ouvrage de Bohorič a été faite par Jernej Kopitar dans sa grammaire de la langue slovène (1809).
Renvois bibliographiquesAhačič K. 2004; Ahačič K. 2006; Ahačič K. 2006; Grdina I. 1999; Hammel R. 2009; Kidrič F. 1925; Pogorelec B. 1984; Pogorelec B. 1984; Pogorelec B. 1987; Simoniti P. 1979; Slodnjak A. 1971; Toporišič J. 1987
Rédacteur

Ahačič, Kozma · Colombat, Bernard (trad.)

Création ou mise à jour2010-02