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Saggio sulla filosofia delle lingue

Cesarotti, Melchiorre

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires italiennes [3229]
Auteur(s)

Cesarotti, Melchiorre

Datation: 15 mai 1730 - 4 novembre 1808

Poète, traducteur et philosophe italien. Né a Padoue, mort à Selvazzano (près de Padoue). Abbé, il accomplit ses études de théologie et de droit dans le séminaire de sa ville. En 1760, il s'installe à Venise comme précepteur des Grimani et participe à la vie culturelle, en faisant la connaissance de Carlo Goldoni et des frères Gozzi. En 1762, il publie les traductions de deux tragédies de Voltaire (La mort de César et Mahomet) en les accompagnant de réflexions théoriques (Ragionamento sopra il diletto della tragedia e Ragionamento sopra l'origine e i progressi dell'arte poetica). La même année, il lit le Fingal, fausse traduction en prose d'un ancien poème épique celtique, écrite par l'écossais James Macpherson, dont il met en valeur le goût sentimental, matérialiste et primitif par une célèbre traduction en vers de 1763 (Canti di Ossian antico poeta celtico), élargie en 1772, qui sera le livre de chevet de Napoléon. En 1768, il rentre à Padoue où il est nommé professeur de langue grecque et hébraique. L'année suivante, il prononce ses leçons De naturali linguarum origine et De linguarum studii origine, progressu, vicibus, pretio, qui s'inspirent déjà du Traité de de Brosses. Après un Corso ragionato di letteratura greca (1781) et un Saggio sulla filosofia del gusto (1785), il publie son œuvre théorique majeure, le Saggio sulla filosofia delle lingue applicata alla lingua italiana (1785). Entre 1786 et 1794, il publie une traduction en prose commentée de l'Iliade en 10 volumes, suivie en 1795 par une réécriture "modernisée" en vers (La morte di Ettore). Après l'arrivée de Napoléon, il participe personnellement aux institutions républicaines en publiant en 1797 Il patriottismo illuminato et le Saggio sopra le istituzioni scolastiche private e pubbliche, mais les poèmes Adria consolata (1803) et Pronea (1807) témoignent ensuite de l'oscillation de ses positions politiques. Il soigne personnellement la publication à Pise de ses œuvres complètes en 40 volumes (1800-1813).

Titre de l'ouvrageSaggio sulla filosofia delle lingue applicata alla lingua italiana
Titre traduitEssais sur la philosophie des langues appliquée à la langue italienne
Titre courtSaggio sulla filosofia delle lingue
Remarques sur le titreLe titre des deux premières éditions (Padoue, 1785; Vicenza, 1788) était Saggio sopra la lingua italiana. Ce titre a été modifié par l'auteur dans l'édition définitive (Pise, 1800) en Saggio sulla filosofia delle lingue applicata alla lingua italiana.
Période|18e s.|
Type de l'ouvrageEssai de linguistique générale visant à poser des fondements antitraditionnalistes pour la stylistique.
Type indexéLinguistique générale | Stylistique
Édition originale1785, Padoue, Penada
Édition utilisée1969, Milan, Marzorati
Volumétriei + 100 pages, 2730 signes par page.
Nombre de signes275730
Reproduction moderne
DiffusionDeuxième édition: Vicenza, Turra, 1788. Troisième édition: Pise, Società letteraria, 1800.
Langues ciblesItalien
MétalangueItalien
Langue des exemplesItalien, latin, grec, français, hébreu
Sommaire de l'ouvrageAvertissement (17-18). Premiere Partie (19-29). I. Opinions dominantes sur la langue. Suite de propositions qui s'y opposent. II. Du dialecte dominant. III. Différence entre la langue parlée et la langue écrite. IV. Conséquences des théories précédentes: l'autorité de l'usage, de l'exemple, des grammairiens. Conclusion. Deuxieme Partie (31-61). I. Division de la langue. II. Deux sortes de vocables. Développement naturel de la langue. Onomatopée. Rapport entre les lettres et les qualités des choses. III. La méthode de la nature pour nommer les objets visibles. IV. Opérations de l'esprit pour modifier les vocables. V. Troisième source de vocables naturels. VI. Chaque langue dans chacun de ses éléments a une partie matérielle et l'autre partie pour ainsi dire animée. VII. Le double rapport des vocables: beauté et défauts. VIII. Du prix des vocables dans le rapport entre la chose et le son. IX. Du prix des vocables dans le rapport entre la chose et la chose. X. Les noms des idées spirituelles sont tirés des objets sensibles. XI. Prix et défauts des vocables dérivés par rapport au sens. XII. Des vocables à significations multiples. XIII. Evolutions, métamorphoses et vieillissement des vocables. XIV. Corollaires. Nécessité de rafraîchir de temps en temps la couleur de la langue. XV. Des phrases. XVI. Des expressions proverbiales et de leurs sources: la nature, les sciences, les arts, les coutumes. XVII. De la syntaxe: sa matière, sa forme et ses parties. XVIII. Désinences. Concordance. Rection. Construction elliptique, directe et inversée. XIX. Des idiotismes. XX. Le double génie de la langue. Troisieme Partie (63-96). I. Deux sortes de correction grammaticale. II. Conséquences de cette distinction. III. Qualités qui constituent la justesse intrinsèque d'un vocable. Des synonymes. Droits des écrivains. IV. Droit de rajeunir les termes anciens. V. Droit d'élargir le sens des vocables. VI. Utilité de la science étymologique pour bien utiliser les vocables. VII. Droit de forger des termes nouveaux. VIII. La langue nationale; première source de nouveaux vocables. IX. Des mots composés. X. Dialectes nationaux; deuxième source. XI. Langue latine; troisième source. XII. Langue grecque; quatrième source. XIII. Langues étrangères; cinquième source. De l'introduction des termes français. XIV. La nouveauté des phrases dérive de la nouveauté des vocables. Observations critiques sur les métaphores. XV. Avertissements sur les phrases proverbiales. XVI. Discussion sur les idiotismes. XVII. L'analyse qu'il faut en faire. XVIII. Utilité des traductions. XIX. Discussion philosophique sur le génie rhétorique de la langue. XX. Conséquence. QUATRIEME PARTIE (97-119). I. Les reproches des latinistes à la langue italienne sont démentis par son succès. II. La langue italienne est une et commune à toute la nation, malgré la diversité des dialectes. III. Développement de la langue. Sa gloire majeure est due à Florence. IV. Disputes sur le nom de notre langue. V. Le livre de Dante sur l'éloquence vulgaire. VI. Si la langue des trois premiers pères doit être dite florentine ou italienne. VII. Disputes autour du siècle classique de la langue. VIII. Fondation de l'Académie de la Crusca. IX. Imperfections de son dictionnaire. X. Partialité et contradictions dans le catalogue des écrivains approuvés. XI. Raisons qui déterminèrent l'autorité de la Crusca. XII. La révolution des idées par rapport à la langue, et les causes qui la produisirent. XIII. Les abus et les excès. XIV. De la nécessité d'établir une saine et sage liberté. XV. Projet d'une institution italienne sur la langue. XVI. Plan pour connaître la vraie richesse et les vrais besoins de la langue. Compilation de deux dictionnaires différents.
Objectif de l'auteurL'auteur se propose de combattre l'autorité des grammairiens traditionalistes par le biais d'une théorie naturaliste du signe. Selon cette théorie, qui s'inspire explicitement du président de Brosses, les termes ont une beauté naturelle, qui dépend de "l'harmonie imitative" s'instaurant entre leur son et leur référent. Aussi, l'autorité des anciens écrivains n'est plus le seul critère pour juger les faits de style, et la sensibilité de l'"oreille" des modernes peut s'opposer victorieusement à l'"autorité illégitime" des grammairiens.
Intérêt généralLe Saggio constitue la troisième étape fondamentale de la réflexion linguistique italienne après le De vulgari eloquentia de Dante (1305) et les Prose della volgar lingua de Pietro Bembo (1525). Il reflète l'affirmation définitive de l'italien en tant que langue littéraire nationale et en même temps le début de son usage oral même hors de la Toscane. Il s'agit du premier ouvrage "philosophique" sur la langue italienne, qui prend en compte la langue parlée et qui marque ainsi une rupture fondamentale avec la tradition en faveur de l'usage.
Parties du discours
Innovations term.L'ouvrage atteste pour la première fois en italien le mot connotare "connoter" (II, IV; III, III, 2), ainsi que le sens moderne des mots imitativo "imitatif", parlante "locuteur", valore "valeur" (au sens linguistique), frasario "répertoire phraséologique oral".
Corpus illustratifEnviron 250 exemples, surtout en italien et en latin, mais aussi en grec, en français et en hébreu.
Indications compl.
Influence subieLa source la plus importante est le Traité de Charles de Brosses (1765). D'autres ouvrages modernes sont cités ou utilisés: surtout ceux d'Etienne Bonnot de Condillac (1746), d'Antoine Court de Gébelin (1773-1782), de Johann David Michaelis (1762), de Johann Gottfried Herder (1770), de Gabriel Girard (1718), de César Chesneau du Marsais (1730), de Ludovico Antonio Muratori (1706), de Gian Vincenzo Gravina (1706), et de Gian Battista Vico (1744).
Influence exercéeLe Saggio influence profondément, non sans en stimuler la critique, toute la génération romantique qui se prépare à déclencher le Risorgimento italien: de Ugo Foscolo aux rédacteurs du "Conciliatore", d'Alessandro Manzoni à Giacomo Leopardi.
Renvois bibliographiquesBiasutti F. 2002 {p. 1-17}; Brioschi F. 2002; Gensini S. 2009; Marazzini C. 1993 {p. 295-304}; Marazzini C. 1993; Marzot G. 1948; Nencioni G. 1983; Puppo M. 1966
Rédacteur

Nobile, Luca

Création ou mise à jour2007-04