Domaine | Grammaires françaises, remarques et traités sur la langue française |
Secteur | Remarques sur la langue française [2810] |
Auteur(s) | Ménage, Gilles |
Datation: 1613-1692 Né à Angers, Ménage est reçu avocat au parlement de Paris après d'excellentes études de droit. Puis il abandonne le barreau pour des études de théologie à la suite desquelles il entre dans les ordres. D'abord au service de Paul de Gondi, futur cardinal de Retz, Ménage se retire ensuite au Cloître Notre-Dame où il passe les quarante dernières années de sa vie. Il fréquente les Salons, tout en tenant lui-même une assemblée savante (les Mercuriales). Ménage a par ailleurs été tuteur de Mme de Sévigné et de Mme de La Fayette. Membre de l'académie florentine de la Crusca, il n'a pas réussi à entrer à l'Académie française. Il a entretenu de nombreuses relations, souvent complexes, notamment avec Guez de Balzac et Chapelain. Il a cumulé diverses activités: grammairien, étymologiste, poète, historien, jurisconsulte. | |
Titre de l'ouvrage | Observations de Monsieur Ménage sur la langue françoise |
Titre traduit | |
Titre court | Observations sur la langue françoise |
Remarques sur le titre | |
Période | |17e s.| |
Type de l'ouvrage | Remarques sur la langue française. |
Type indexé | Observations sur la langue |
Édition originale | 1672, Paris, chez Claude Barbin, au Palais. |
Édition utilisée | 1675, seconde édition, Paris, chez Claude Barbin, au Palais. |
Volumétrie | In-12; 652 pages. |
Nombre de signes | 851000 |
Reproduction moderne | Genève, Slatkine, 1972. |
Diffusion | L'ouvrage a été refondu en 1673 à Cologne. Il a été copié abondamment à son époque, en particulier chez les Jésuites. Il a aussi donné lieu à diverses contrefaçons (cf. Leroy-Turcan, 1995). Brunot (1966, tome IV, 1re et 2e parties) et Streicher (1936) en citent de larges extraits. |
Langues cibles | Français |
Métalangue | Français |
Langue des exemples | Français, latin, grec, italien, espagnol, allemand, arabe, hébreu, flamand, etc. À cela s'ajoutent de nombreux régionalismes (Anjou, Normandie, Gascogne, etc.) |
Sommaire de l'ouvrage | Epître à M. le Chevalier de Méré (6 p.), Table des chapitres (23 p.), Exergue (tiré de Cicéron), Observations sur la langue françoise (p. 1-593) [349 chapitres correspondant à autant d'observations, parfois très longues et non classées alphabétiquement], Additions et changements (p. 594-609), Table (37 p.), Errata (2 p.), Privilège du Roy (4 p.). |
Objectif de l'auteur | Peu explicités dans l'épître initiale, les objectifs de l'auteur sont doubles: 1) Répondre à la demande du chevalier de Méré, janséniste et ami de Pascal, désireux d'avoir des éclaircissements sur la langue française. 2) Prendre position sur de nombreuses remarques de Vaugelas (1647), en les complétant ou en les corrigeant. Il s'agit pour Ménage de fixer le meilleur usage contemporain, tout en l'inscrivant dans l'évolution du français. Ménage mentionne également dans son épître l'intérêt des étrangers pour le français, ce qui laisse entendre que ses observations ont aussi une finalité pédagogique pour eux. |
Intérêt général | Tout en se situant dans la mouvance des autres remarqueurs, Ménage présente une conception relativement flexible de l'usage: ouverture aux archaïsmes, tolérance pour les néologismes, revendication de la spécificité du langage poétique. De plus, son ouvrage se singularise par une profonde réflexion philologique sur la langue française: éclairages étymologiques incessants; rationalisation de l'usage, notamment par l'analogie; intégration des emplois particuliers, qu'ils soient régionaux, techniques ou figurés; prise en compte des variations diastratiques. |
Parties du discours | L'ouvrage comporte des développements et des éclaircissements sur les parties du discours suivantes: a) Groupe nominal: l'article devant les noms propres; la concurrence entre les articles du, de la et des; l'article contracté ès; l'emploi des numéraux; les incertitudes du genre et du nombre de divers noms; le traitement des noms latins en français. b) Groupe verbal: nombreuses règles sur les verbes irréguliers (variations des radicaux et des désinences); les temps surcomposés; les modes verbaux dans les concessives; les auxiliaires concurrents (il est sorti/il a sorti); la construction de divers verbes (commander, prier…); la distinction entre le gérondif et le participe présent. c) Formes invariables: la spécification du sens de plusieurs prépositions (à, sur, en…); les prépositions locatives devant les noms de ville, de province et de royaume; la répartition entre adverbes et prépositions (dessous/sous…); la formation des adverbes en -ment; les locutions conjonctives circonstancielles; la négation avec que. |
Innovations term. | La terminologie est traditionnelle, tant sur le plan grammatical que rhétorique. Trois tendances terminologiques sont cependant à signaler: (1) Ménage parle en général d'«usage», parfois de «bel usage», mais pratiquement jamais de «bon usage»; (2) les termes «étymologie» et «étymologique» occupent une grande place dans les Observations; (3) Ménage ne répugne pas à employer des termes techniques, même lorsqu'ils sont moins connus, comme «hypocoristique», «métaplasme», «métathèse» ou «pentamètre». |
Corpus illustratif | Les exemples sont extrêmement nombreux, en relation avec l'érudition de Ménage. Celui-ci cite abondamment les auteurs français du 17e s., parmi lesquels prédominent Guez de Balzac, Chapelain, La Fontaine, Racan et Voiture. De même, les auteurs des siècles antérieurs sont très sollicités, surtout Du Bellay, Marot, Ronsard, Rabelais pour le 16e siècle, et Villon pour le 15e siècle. Un grand nombre d'exemples sont également empruntés à des auteurs de l'Antiquité, qu'ils soient grecs (comme Euripide, Lucien et Pausanias) ou latins. Parmi ces derniers figurent des auteurs classiques (Cicéron, Juvénal, Ovide…) et tardifs: Augustin, Isidore de Séville ou Justinien. Il convient enfin de signaler la place non négligeable accordée aux auteurs italiens, cela du 14e s. (Dante, Boccace, Pétrarque) au 17e s. (Marino, Testi). |
Indications compl. | Les Observations de Ménage occupent une place singulière dans la production des remarqueurs du 17e s., en ce qu'elles révèlent un point de vue à la fois mondain et savant sur la langue de leur époque. De plus, elles apparaissent comme un compromis instable entre une entreprise normative et un inventaire philologique, mais aussi sociolinguistique. Ce compromis instable est accentué par l'indécision fréquente que certains comme Bouvier ont reprochée à Ménage dans ses positions. |
Influence subie | Principalement celle de Vaugelas, même si Ménage le critique. On note en outre chez lui des convergences avec Dupleix et La Mothe Le Vayer. Sur le plan grammatical, Ménage montre une réceptivité aux idées de Chiflet et d'Arnauld. Il est aussi très ouvert aux philologues et aux grammairiens du 16e s. qu'il cite beaucoup: R. Estienne, Meigret, Nicot, Pasquier, Peletier du Mans, Ramus. |
Influence exercée | Les Observations de Ménage ont eu une grosse influence sur les remarqueurs ultérieurs qui les commentent largement: d'Aisy, Alemand, Andry de Boisregard ou Th. Corneille. Les lexicographes du 17e s. comme Richelet et Furetière tiennent aussi compte des positions de Ménage. Par la suite, son influence diminuera. Mais au 18e s., les Observations sont encore prises en considération par les grammairiens (d'Olivet, de Wailly) et les lexicographes (Féraud). Au siècle suivant, Wey leur accorde du crédit dans ses Remarques sur la langue française du XIXe siècle, sur le style et la composition littéraire (1845), même s'il les juge dépassées. |
Renvois bibliographiques | Ayres-Bennett W. 2009; Ayres-Bennett W. & Seijido M. 2011; Bonhomme M. 1993; Bonhomme M. & Horak A. 2013; Brunot F. 1966 {vol. 4, 1re et 2e parties}; Demaizière C. 1989; Leroy-Turcan I. & Wooldridge T. R. (éd.) 1995; Samfiresco E. 1902; Streicher J. 1936; Wey F. 1845 |
Rédacteur | Bonhomme, Marc · Horak, André |
Création ou mise à jour | 2014-03 |