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Reflexions sur l'élegance et la politesse du stile

Morvan de Bellegarde, Jean-Baptiste

DomaineGrammaires françaises, remarques et traités sur la langue française
SecteurRemarques sur la langue française [2825]
Auteur(s)

Morvan de Bellegarde, Jean-Baptiste

Variantes: «L'abbé de Bellegarde» est le nom de plume de Jean-Baptiste Morvan; il est aujourd'hui souvent désigné (en fait de façon erronée) sous le nom «Morvan de Bellegarde».

Datation: 1648-1734

Né à Piriac, près de Nantes, Bellegarde était prêtre et homme de lettres. Il fut l'ami et l'élève de Bouhours, mais quitta la Compagnie de Jésus, en raison d'un goût trop vif, dit-on, pour la philosophie cartésienne. Il publia un nombre considérable de volumes, souvent répétitifs, mais qui font de lui l'archétype du polygraphe de l'âge classique: il s'intéresse aux questions de morale, d'histoire, de civilité, de spiritualité… On lui doit aussi de multiples traductions, de Pères de l'Église (notamment saint Jean Chrysostome) ou d'auteurs profanes (comme Ésope ou Ovide). Ses dernières années furent particulièrement douloureuses: après avoir vu mourir tous ses amis, il devint aveugle et perdit l'usage de ses jambes. Il vécut alors, dans un dénuement complet et avec une patience admirée de tous, à la Communauté de saint François de Sales.

Titre de l'ouvrageReflexions sur l'élegance et la politesse du stile
Titre traduit
Titre courtReflexions sur l'élegance et la politesse du stile
Remarques sur le titre
Période|17e s.|
Type de l'ouvrageRemarques sur la langue française.
Type indexéObservations sur la langue
Édition originale1695, Paris, André Pralard.
Édition utilisée1695, Paris, André Pralard.
VolumétrieIn-12; 463 pages.
Nombre de signes500000
Reproduction moderneGenève, Slatkine, 1971.
DiffusionPlusieurs rééditions, dont: 2e éd., Trévoux, Nicolas Iustet, 1697; 3e éd., Trévoux, 1700; 4e éd., La Haye, Antoine Van Dole, 1735, etc.
Langues ciblesFrançais
MétalangueFrançais
Langue des exemplesFrançais
Sommaire de l'ouvrage[Epistre] A Messieurs de l'Academie françoise; Préface; Extrait du Privilege du Roy; Expressions naturelles, p. 13; Expressions trop recherchées, p. 19; Expressions vives, p. 26; Termes mal assortis, p. 36; Expressions délicates, p. 52; Termes précieux, p. 60; Phrases imparfaites, ou estropiées, p. 65; Epithétes choisies, p. 71; Epithetes trop fortes, p. 78; Expressions choisies, p. 80; Ce que c'est que parler par phrases, p. 87; Mauvaise construction, p. 95; Des constructions louches, & des équivoques, p. 109; Un Tems mis pour l'autre, p. 118; Termes énergiques, p. 122; Locutions basses, & populaires, p. 130; Termes qui n'expriment pas assez, ou qui expriment trop, p. 138; Construction vicieuse, p. 141; Tours élegans, p. 144; Synonimes vicieux, p. 154; Pléonasmes, ou termes superflus, p. 156; Des Métaphores, p. 159; Locutions métaphoriques, p. 168; Jeux de mots, p. 176; Mauvais arrangement, p. 178; Termes qui ne veulent point de suite, ou de régime, p. 179; Phrases contre la justesse, p. 188; Changement de nombre, p. 190; Expressions figurées, p. 193; Negligence opposée à l'Elegance, p. 205; Termes pris dans des significations differentes, p. 207; Rapport vicieux, p. 208; Tours irréguliers, vifs, & élegans, p. 215; Mauvais rapport des adjectifs avec des substantifs d'autre genre, p. 219; Arrangement contre la justesse, ou contre la netteté du discours, p. 224; Oppositions élegantes, p. 230; De l'usage des prépositions & des particules, p. 239; Suppression vicieuse, des prépositions & des articles, p. 240; Addition vitieuse des prépositions & des articles, p. 243; Termes nouveaux ou que l'on prend dans une nouvelle signification, p. 246; De quel genre est risque, p. 255; Plusieurs substantifs régis par le même verbe, p. 256; Images, Portraits, p. 257; Que aprés davantage, p. 269; Avec quelle circonspection il faut parler de certaines choses, qui pourroient blesser, ou salir l'imagination, p. 271; Termes d'un usage douteux, p. 275; Adjectifs qui ont la force des substantifs, p. 278; Deux participes dans la même période, p. 282; S'il faut dire pueril ou puerile, p. 283; Deux genres differens dans la même phrase, p. 284; Termes de conversation, p. 285; De l'usage & du choix des Proverbes, p. 291; Verbe au singulier aprés plusieurs substantifs, p. 298; Usage élegant de quelques verbes, p. 301; Usage élegant de quelques adverbes, p. 318; Usage élegant de quelques substantifs, p. 321; Usage élegant des adjectifs & des participes, p. 329; Usage élegant des articles, p. 337; Mauvais arrangement, p. 341; Trop de qui & de que dans la même periode, p. 346; Du choix des termes, p. 350; Termes qui ne sont pas encore établis par l'usage, p. 352; Pluriels d'un usage douteux, p. 355; Façons de parler triviales, p. 357; Inutilitez vitieuses, p. 359; Phrases irrégulieres, p. 362; Mauvais usage de la particule de, p. 367; Mots favoris, p. 368; Expressions obscures, p. 371; Du stile sublime, p. 375; Remarques diverses, p. 385; Les expressions doivent être proportionnées au sujet, p. 391; Des Figures, p. 395; Des regles de la Traduction, p. 425.
Objectif de l'auteurBellegarde explique lui-même dans sa préface: «Mon dessein est d'entrer dans le génie de la Langue Françoise, & de rechercher ce qui fait la beauté de certaines locutions qui nous charment, & qui expriment si bien ce que l'on veut dire».
Intérêt généralS'appuyant sur des exemples particulièrement abondants, souvent puisés dans ses propres volumes antérieurs, Bellegarde accorde une attention toute particulière aux questions stylistiques, et livre de longues analyses sur la métaphore, l'euphémisme, les figures, la «netteté», etc. Mais il traite aussi de nombreuses questions purement grammaticales: accords problématiques du verbe ou de l'adjectif, hésitation entre indicatif et subjonctif dans les subordonnées, anaphores pronominales (phénomènes de syllepse et risques d'équivoques), complément de l'adjectif, compatibilité entre «davantage» et «que», dislocations à gauche, concurrence entre «à» et «de», graphie des adjectifs en [il], genre et nombre des substantifs… Son absence dans l'anthologie de J. Streicher est donc injuste: il y avait de plein droit sa place.
Parties du discoursBellegarde balaie de façon méthodique un certain nombre de parties du discours dans une série de cinq remarques successives sur «l'usage élegant»: «verbes», «adverbes», «substantifs», «adjectifs», «participes», «articles». Il parle aussi de «prépositions», de «particules», de «pronoms», de «conjonctions», de «négatives», de «verbe substantif», etc.
Innovations term.Bellegarde se soucie peu de précision terminologique, il écrit en esthète amoureux de la langue et soucieux d'élégance et d'honnêteté plutôt qu'en grammairien technicien et rebutant, d'où un métalangage souvent approximatif, intuitif et subjectif. On lui doit néanmoins quelques trouvailles heureuses, comme l'adjectif «amphibie» (épicène).
Corpus illustratifOutre ses propres livres, Bellegarde cite La Bruyère, Molière, Racine, Boileau, Pascal, Mme de Lafayette, Bouhours, etc.
Indications compl.Bellegarde est moins connu et commenté que d'autres remarqueurs, mais l'abbé Gouget (1740, p. 180) estime que «presque toutes ses remarques sont judicieuses & d'un fort bon goût»; E. Samfiresco (1902, p. 253) classe Bellegarde parmi les «grammairiens obscurs» ou les «personnages qui n'avaient pas autorité en matière de langue»; A. François (1905, p. 80) voit en lui l'un des «grammatici minores»; J.-C. Chevalier (2006 [1968], p. 564) intègre spontanément Bellegarde à la famille des remarqueurs, pour qui il n'éprouve que dédain; G. Siouffi (2008, p. 728) présente Bellegarde comme le symbole d'un «triomphe du “monde”» sur le discours grammatical.
Influence subieParmi les autres remarqueurs, Bellegarde s'inspire surtout de Vaugelas et Bouhours, mais aussi, de façon plus subreptice, de Cassagne; il cite encore Thomas Corneille ou Ménage. H. Sternischa (1913, p. 272) caricature l'apport de Bellegarde quand il propose de voir en lui un simple «propagateur» des vues d'Andry de Boisregard: c'est faire bon marché du conflit idéologique et personnel entre les deux remarqueurs. Bellegarde cite aussi la Grammaire générale et raisonnée d'Arnauld et Lancelot, et la Rhétorique du Père Lamy.
Influence exercéeL'entreprise des remarqueurs est assurément collective. Bellegarde emprunte donc largement à ses modèles, et en retour il a parfois été lui-même exploité ou recopié. Par exemple, Éléazar de Mauvillon (1751, p. 90-91) le cite avec un mélange de respect et de circonspection. Au 19e s. encore, Girault-Duvivier (1830) s'inspire manifestement à plusieurs reprises des Reflexions sur l'élegance et la politesse du stile, mais sans jamais les nommer explicitement, ni même les signaler dans sa bibliographie.
Renvois bibliographiquesBadiou-Monferran C. 2004; Chantalat C. 2003; Crignon P. 2008; Crignon P. 2015; De Gourcuff O. 1888; Denis D. 1998; Dumonceaux P. 1986; Foisneau L. (éd.) 2015; Landy-Houillon I. 1989; Letertre E. 1988; Perrin-Naffakh A.-M. 1998; Pizzorusso A. 1968; Poupart-Lafarge O. 2003; Rickard P. 1992; Seijido M. 2001; Tourrette É. 2005; Tourrette É. 2008; Tourrette É. 2010; Tourrette É. 2011; Tourrette É. 2011; Tourrette É. 2012; Tourrette É. 2012; Tourrette É. 2013; Tourrette É. 2013; Vlassov S. 2004
Rédacteur

Tourrette, Éric

Création ou mise à jour2014-04