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The Structure of Language

Byrne, James

DomaineCompilations, linguistique historico-comparative, linguistique générale, phonétique et phonologie
SecteurLinguistique générale [5346]
Auteur(s)

Byrne, James

Datation: 1820-1897

James Byrne est un linguiste irlandais né à Carlow (comté de Carlow) et mort à Ergenagh, Omagh (Irlande du Nord), le 23 octobre 1897. Il fit ses études à Trinity College, Dublin; il fut doyen de Clonfert (comté de Galway).

Titre de l'ouvrageGeneral Principles of the Structure of Language
Titre traduitPrincipes généraux de la structure du langage
Titre courtThe Structure of Language
Remarques sur le titre
Période|19e s.|
Type de l'ouvrageTraité de linguistique générale.
Type indexéLinguistique générale
Édition originale1885, Londres, Trübner & Co., Ludgate Hill.
Édition utiliséeÉdition originale: 1885, Londres, Trübner & Co., Ludgate Hill.
VolumétrieVol.1: XXX + 504 p.; vol.2: XXVII + 396 p.
Nombre de signes2500000
Reproduction modernePas de reproduction connue.
DiffusionM. Mac Mahon (2000, p. 105) mentionne une seconde édition de 1892.
Langues ciblesL'ouvrage ambitionne d'aborder toutes les familles de langues connues à la fin du 19e s.
MétalangueAnglais
Langue des exemplesCf. langues cibles
Sommaire de l'ouvrageVolume 1: Définitions et explications des éléments du discours (p. 1).
Livre I. Étude déductive de l'effet des causes qui tendent à affecter la structure du langage; Chap. 1. L'excitabilité de l'action mentale (19); Chap.2. L'étendue du pouvoir mental (24); Chap. 3. Les habitudes de pensée et de vie par lesquelles la race s'est adaptée à la région (26); Chap. 4. Les métissages et migrations de la race, le développement de son savoir, de ses arts et de sa civilisation (41).
Livre II. Preuve inductive des causes qui ont déterminé la structure du langage; Chap. 1 / Partie 1. Degrés de rapidité de l'excitabilité mentale propres à différentes races de l'humanité (45); Chap. 1 / Partie 2. Illustrations grammaticales spécifiant la magnitude des éléments de la langue et leur tendance à se combiner, conçues en relation avec la rapidité d'excitabilité de la race (87-502): I. Langues africaines (87); II. Langues amérindiennes (134); III. Langues océaniques, indiennes, de l'Afrique du nord-est et du centre (223); IV. Langues de l'Asie centrale et septentrionale et de l'Europe septentrionale (352); V. Les langues chinoise, indochinoises, tibétaines et syro-arabiques (473)
Volume 2: Livre II (suite). Chap.1 / Partie 2 (suite); V. Les langues chinoises, indochinoises, tibétaines et syro-arabiques (suite, p.1); VI. Les langues indo-européennes (102); Chap.2. Le pouvoir mental conçu en relation avec l'unification des éléments de la langue, à la subjectivité du verbe et au développement du genre grammatical (274); Chap.3. Les traits de la langue qui accompagnent les habitudes de pensée par lesquelles la race s'est adaptée à la région (277-367); Chap.4. La dégradation des flexions et des éléments formatifs; la tendance à l'isolation du thème et le détachement d'éléments de définition et de connexion; les migrations, les métissages, le progrès du savoir, des arts et de la civilisation (368); Appendice: Comparaison des pouvoirs mentaux de l'espèce humaine avec l'intelligence de vertébrés inférieurs (379-395).
Objectif de l'auteurFournir un classement des langues du monde à base psychologique (les mentalités des «races», voir les observation de Whorf, rubrique «Influence exercée») et anthropologique (l'adaptation des «races» au milieu).
Intérêt généralByrne fait l'hypothèse d'une correspondance entre langues et «races» (cf. au 20e s., la théorie de la corrélation entre patrimoine génétique et généalogie des langues de L. Cavalli-Sforza 1994) et impute à celles-ci une «excitabilité»et un «pouvoir mental» variables (en rapport avec la psychologie des peuples de Steinthal, 1860, 1871).
Byrne établit des réseaux de correspondances extrêmement raffinés, comme le montrent (Livre II, chap. 3) les quinze «traits de la langue qui accompagnent les habitudes de pensée par lesquelles la race s'est adaptée à la région»: I. Le développement du sujet et le pouvoir de contrôle (self-direction) de sa propre vie (279); II. La tendance du nominatif à suivre le verbe si la race a peu d'habitude de délibération et de choix (281); III. Le sens de la personnalité du sujet dans le verbe est proportionnel à la conduite de l'action par une volonté autocontrôlée dans le mode de vie auquel la race s'est adapté (285); IV. L'élément de succession temporelle affectant l'être ou le faire dans le verbe est connecté à la racine de même que les processus utilitaires de l'action sont connectés à l'accomplissement de leurs fins, dans le mode de vie auquel la race s'est adaptée (296); V. Le développement du temps accompagne le sens de la succession dans le verbe et la pleine délivrance d'événements intéressants externes aux états et actes du locuteur (303); VI. Développement de modes selon la tendance de la race à se confier à la fortune ou à prendre en charge les circonstances (304); VII. Développement du verbe passif selon la tendance de la race à concevoir l'action dans son achèvement; celui de verbes dérivés selon ce qui donne de l'intérêt à l'acte et à l'état dans la vie (310); VIII. Le verbe tend à suivre ce qu'il régit quand l'action se mène habituellement en considération de l'objet et de la condition (320). IX. Le génitif et l'adjectif précèdent, quand une attention aiguë doit habituellement être accordée à la nature des choses. L'adjectif se développe en fonction des qualités appréciées et utiles délivrées dans la région (323). X. Le mot ou l'élément régissant est d'autant plus étroitement connecté avec le mot régi et les éléments de relation sont conçus avec un sens d'autant plus aigu des deux termes de la corrélation que le savoir-faire est développé dans la race. Le développement d'éléments de relation dans la langue correspond à celui de l'art et de l'ingéniosité dans la race (328). XI. Les éléments de spécification se développent en proportion inverse de la concentration de buts pratiques. Le nombre pluriel dans le nom est favorisé par le savoir-faire en usage et affecte la partie objective ou la substance du nom. L'intérêt pour la nature des objets favorise le nombre duel. La plénitude concrète de l'idée substantive rend nécessaires des auxiliaires dans le comptage (339); XII. La première personne du pluriel ou du duel inclusive est-elle connectée à un besoin d'aide dans la vie de la race? (Byrne déclare la question prématurée!, p. 355). XIII. Le genre tend à se distinguer en masculin et féminin plus la race est dominée par les pouvoirs de la nature (358); XIV. Le degré de synthèse dans la phrase correspond à l'intérêt avec lequel la race considère les résultats; XV. L'articulation des consonnes avec une forte expulsion du souffle correspond à la force de l'intention, leur articulation dure et pleine correspond respectivement à des habitudes laborieuses et actives, leur concurrence illimitée correspond à la polyvalence, leur prédominance sur les voyelles correspond à une plénitude de pensée (361).
L'idée générale est que les caractères distinctifs des langues proviennent (a) d'une disposition de la «race» caractérisée par son «pouvoir mental» et (b) d'une adaptation au milieu, le complément original étant que les observations sur les catégories grammaticales sont mises en relation directe avec ces deux causes combinées (il est à noter que pour que le raisonnement soit cohérent, il faut que le linguiste soit capable de définir des effets du milieu indépendamment des «races» qui y résident ou y migrent). Par ex. le trait IV concerne les systèmes d'aspect/aktionsart, avec l'assimilation de la catégorie morphologique de la télicité à une intention qui guide l'action de l'homme jusqu'à son achèvement.
Même si l'on peut douter de la capacité réelle de Byrne à démontrer de telles correspondances, il faut reconnaître à l'auteur un esprit remarquablement systématique et au moins l'aptitude à formuler certaines hypothèses (en particulier de la forme «Une langue est d'autant plus X qu'on trouve Y dans la mentalité de la race et/ou dans les traits du milieu») qui seront reprises dans la seconde moitié du 20e s. par la typologie fonctionnelle des langues en termes d'universaux implicatifs et d'échelles de marquage (cf. J. Greenberg, B. Comrie, W. Croft, J. Bybee, T. Givón, M. Haspelmath, etc.).
Parties du discoursDans la section initiale, Byrne définit successivement les catégories du discours (sans originalité particulière) sans distinguer entre parties du discours majeures, mineures et catégories morphologiques (genre et nombre, composés et dérivés). À propos de la phrase (§ 22-24, p. 11-12), il esquisse une théorie de la corrélation entre deux ordres «naturels», celui de la pensée et celui de l'expression. Le premier est caractérisé par (1) une idée antécédente à définir, (2) une idée définissante et (3) la combinaison de 1 et 2. Byrne conclut que si l'ordre de l'expression en anglais était du type man good, il correspondrait à l'ordre de la pensée. Il cherche maladroitement à expliquer la disparité en anglais entre les deux ordres «naturels» en supposant que l'ordre Adj-N (good man) exprime la «prévalence habituelle» de l'idée définissante sur l'idée à définir. Cette question était dans l'air du temps, dès que la linguistique a commencé à s'intéresser autant à la syntaxe qu'à la morphologie, et elle a donné lieu dans les années 1930 à des solutions variées chez Bally (1932), dans la grammaire de dépendance de Tesnière et dans la genèse des grammaires catégorielles (cf. Adjukiewicz 1935).
Innovations term.Excitabilité mentale (mental excitability); pouvoir mental (mental power).
Corpus illustratifCompte tenu de la multiplicité des langues abordées, Byrne se contente comme ressources de grammaires de valeur variable qu'il a à sa disposition, ce qui lui a été reproché entre autres par Gabelentz et Whorf (cf. plus bas).
Indications compl.
Influence subieCelle de H. Steinthal (essentiellement 1860 et 1871), indirectement celle de Humboldt (1836).
Influence exercéeByrne a influencé G. von der Gabelentz (1891, 1894) et B. L. Whorf (1956). Malgré son enthousiasme quant à l'ambition des General Principles, Gabelentz (1891, p. 405) formule deux reproches à Byrne: (a) «Il n'a pas assez tenu compte des pressions externes qui favorisent ou entravent le développement d'une langue. Il attribue trop de poids à la disposition spirituelle des peuples et fait trop souvent comme si les conditions historiques dans lesquelles nous les voyons vivre, avaient toujours été identiques; il se simplifie le travail, mais met ainsi en péril ses résultats»; (b) Byrne a fait excessivement confiance à des sources insuffisantes ou peu scientifiques, ce qui affaiblit également son classement.
B. L. Whorf (1956, p. 76-77) reconnaît aussi que les General Principles sont grandioses dans leur conception d'une étude englobant toutes les familles de langues, plus que dans leur réalisation. Il met en relation les deux types de mentalité des peuples dont Byrne fait l'hypothèse, la mentalité à réaction et à pensée rapides et volatiles et la mentalité à réaction et à pensée lentes mais plus profondes et flegmatiques, avec la distinction fondamentale entre personnalités extravertie et introvertie selon C. G. Jung. Les peuples du premier type ont une prédilection pour une morphologie analytique, voire isolante, alors que ceux du second type préfèrent une morphologie synthétique, voire polysynthétique. Whorf se déclare intéressé par cette hypothèse, mais il considère finalement l'entreprise de Byrne comme un coup d'essai, certes déprécié par le recours à des grammaires d'un format peu scientifique, mais qui indique la voix à suivre.
Renvois bibliographiquesAjdukiewicz K. 1935; Bally C. 1965; Byrne J. 1885; Byrne J. 1885; Cavalli-Sforza L. 2001; François J. 2014; Gabelentz G. v. 1894; Gabelentz G. v. 1901; Humboldt W. v. 1974 {[1836]}; Mac Mahon M. 2000 {p. 105}; Whorf B.-L. 1956
Rédacteur

François, Jacques

Création ou mise à jour2015-01