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Regole osservanze, et avvertenze

Del Rosso, Paolo

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires italiennes [3231]
Auteur(s)

Del Rosso, Paolo

Datation: 1505-1569

Paolo Del Rosso est un écrivain et traducteur italien, né et mort à Florence. De convictions républicaines, il doit fuir sa ville natale au retour des Médicis en 1530, comme son ami Tolomei. Réfugié d'abord à Naples, où il rédige ses Regole osservanze, et avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana, puis en France (en 1544). Arrêté à Rome en 1553 par les sbires du pape, il est extradé en Toscane et longuement emprisonné dans l'isolement à Pise (aucune visite, aucune sortie, aucun livre…). Assigné à résidence en 1565 et nommé membre de l'Accademia fiorentina, puis libéré le 5 janvier 1566, il est présenté par la propagande médicéenne comme l'exemple de la clémence du duc Côme. Auteur de quelques poésies – dont trois publiées dans le recueil de Tolomei Versi et regole della nuova poesia toscana (1539) –, d'un Comento sopra la canzone di Guido Cavalcanti (1568), de La fisica (Pierre le Voirrier, Paris, 1578), et de plusieurs traductions du latin, dont un guide des antiquités de Rome d'A. Fulvio, Les vies des douze Césars de Suétone, imprimées à l'initiative et aux frais de son ami F. Priscianese, et Les hommes célèbres de la ville de Rome de Pline le Jeune. Membre de l'ordre des chevaliers de saint Jean de Jérusalem.

Titre de l'ouvrageRegole osservanze, et avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana in prosa & in versi
Titre traduitRègles, observations et avertissements sur l'écriture correcte de la langue vulgaire toscane en prose et en vers
Titre courtRegole osservanze, et avvertenze
Remarques sur le titrePas de manuscrit connu, ouvrage publié en l'absence de l'auteur. Le titre a peut-être été modifié par l'éditeur (rajout de in prosa & in versi à la fin?).
Période|16e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire descriptive, essentiellement morphologique, de l'usage toscan du 16e s.
Type indexéGrammaire descriptive | Grammaire didactique
Édition originale1545, Naples, Mattio Cance (rédaction entre env. 1531 et 1544).
Édition utilisée1545, Naples, Mattio Cance (exemplaire de la Biblioteca nazionale centrale de Florence, Palat. 12.B.A.2. 2.14).
Volumétrie42 pages.
Nombre de signes96300
Reproduction moderneÉd. moderne par Pierluigi Ortolano, Pescara, Opera, 2009.
DiffusionOn sait que Varchi avait dans sa grande bibliothèque un exemplaire des Regole osservanze, et avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana, avec la plupart des autres grammaires italiennes de l'époque (v. A. Sorella, Introduzione à L'Hercolano, n. 434). Le peu d'exemplaires aujourd'hui connus (quatre détenus par une bibliothèque publique italienne et deux autres en Angleterre, un à Londres et l'autre à Oxford) indique une diffusion restreinte.
Langues ciblesItalien (toscan)
MétalangueItalien (toscan)
Langue des exemplesItalien (toscan)
Sommaire de l'ouvragePréambule; la voix, les voyelles et les consonnes (classification des lettres), l'énoncé; les parties du discours (avec deux classements des noms, d'abord en généraux, particuliers, animés, etc. puis en communs, de qualité et propres), usage de l'article devant les noms et emploi des différentes formes de l'article; revue des consonnes par ordre alphabétique, avec remarques sur leur parenté et leur redoublement, une attention particulière étant accordée à la fonction du h et à son écriture ou non à l'initiale, section entrecoupée de la conjugaison du verbe havere; genre des noms et marques de nombre; brèves remarques sur la formation du présent de l'indicatif des quatre conjugaisons, contre l'orthographe latinisante (letto non lecto), sur l'importance d'écrire les consonnes simples ou doubles à leur place, sur les pronoms (en particulier egli sujet explétif); développement sur la distinction entre actif et passif, sur les personnes nécessaires au verbe pour qu'un énoncé soit complet, sur la construction du complément indirect, sur l'ambiguïté de certains énoncés (puisqu'aucune marque ne distingue le sujet du complément direct et que ce dernier peut être antéposé); remarques sur l'emploi des pronoms sujets, personnels et démonstratifs; censure de certains mots archaïques; importance des signes diacritiques, les différents accents et la propriété de la langue toscane d'éviter les consonnes finales et les mots oxytons; l'écriture des prépositions a, di, da et in suivies de l'article et la question du redoublement des consonnes dans les prépositions contractées; la ponctuation et la construction de la phrase complexe.
Objectif de l'auteur«Démontrer avec facilité à qui ne possède pas les principes de la Grammaire – c'est-à-dire de l'Art d'écrire bien et correctement soit le latin soit la langue toscane – de quelle façon il faut écrire correctement ce que l'on a bien et correctement pensé» (f. A3).
Intérêt généralPremière grammaire italienne rédigée et imprimée par un Florentin (elle précède de quelques années celle de Giambullari) et à porter en titre l'adjectif toscano. Attestation de nombreux traits de la langue parlée alors en Toscane: gorgia, aversion pour les mots oxytons ou terminant par une consonne (benedicta tue in mulieribusse), etc. Del Rosso est ainsi le premier à expliquer la formation des passés simples en etti (par analogie sur detti, stetti) à côté des passés simples réguliers en ei («Dicono pertanto anchora più volentieri io vedetti ò vero vedei, ch'io vedè & si pûo andare discorrendo per tutte le voci che terminano nell'accento risonante e signoreggiante la voce»), qui permet d'éliminer les deux formes oxytones (première et troisième du singulier) et d'obtenir une conjugaison où toutes les formes sauf la dernière sont paroxytones. Il s'agit de l'une des très rares grammaires italiennes de la Renaissance à ne pas parler de déclinaison des noms (avec celles de Fortunio et de Delminio) et à insister sur la valeur grammaticale de l'ordre des mots dans la phrase. Del Rosso distingue ainsi le mot qui précède et le mot qui suit le verbe (f. C4): «la voce che và innanzi (il verbo)», en général le sujet, ou «persona principale», qui se construit toujours sans particule, et «la voce che và dopo (il verbo)», sauf cas particuliers le complément, ou «persona secondaria», qui se construit soit avec une particule soit sans, comme le sujet. Cela peut être source de confusion si l'intention du locuteur est de ne pas commencer par le sujet: «Il arrive parfois que l'énoncé soit incertain, comme lorsqu'on dit l'Antonina ama Thomaso, car même si l'Antonina est placée devant dans le tissage des mots, et Thomaso après, il se pourrait que l'intention de celui qui a écrit fût de dire que Thomaso est amoureux de l'Antonina et non l'Antonina de Thomaso». Comme son ami Tolomei dans le Cesano, Del Rosso admet que l'italien peut produire des énoncés ambigus, faute de marques distinctives pour le sujet et l'objet direct. Pour lever l'ambiguïté, il appelle personne principale celle qui fait l'action à l'actif ou la subit au passif (c.-à-d. le sujet) et personne secondaire, l'autre (c.-à-d. l'objet): «Ricercasi pertanto alla parola, la persona principale qualunque cosa ella si sia, & la persona appresso secondaria[:] principale si chiama quella, la quale in esso dare ò vero ricevere è quella che opera, secondaria si chiamerà quella verso la quale è operato, ò vero dalla quale è ricevuto» (f. E3). Attention sans précédent aux signes diacritiques (quatre pages: f. Dv-D4v) et à la ponctuation (six pages: f. E3v-F2), art auquel Orazio Lombardelli consacre les premiers traités spécifiques dans le dernier tiers du siècle, ainsi qu'à la construction de la phrase (quatre pages: f. E3v-Fv). Del Rosso est ainsi le premier grammairien italien de la Renaissance à mentionner le point d'exclamation, preuve de son intérêt pour la fonction expressive du langage, attestée également par la place qu'il réserve aux interjections.
Parties du discoursDel Rosso énumère neuf parties du discours: verbe, noms, «vicenoms» ou «lieutenants de noms», mots entre noms & verbes, adhésions des verbes, «mots affectueux», «mots dits par les Latins conjonctions», «mots dits par les Latins prépositions», articles. Le verbe est considéré comme la plus importante, «la vie ou l'âme du discours», sans lequel les autres parties ne peuvent tenir ensemble ni rien signifier. Alors que le verbe est souvent présenté comme l'une des deux parties fondamentales du discours (notamment par Corso), voire «la plus principale de toutes» comme le démontre Ruscelli, seul del Rosso lui accorde le premier rang dans sa revue des parties du discours.
Innovations term.Parola pour verbo (qui calque l'antonomase du latin) et adherenza di parola pour adverbe, ainsi qu'adherenza di nome pour préposition; collisione ‘élision’, combinatione ‘syllabe’, lunetta ‘apostrophe’ et lunettare ‘écrire un apostrophe’, mutolo ‘muet (dit de certaines consonnes)’. Points sospeso (,), dipendente (;), dapperse (:); condoglienza (!) et intromesso pour la parenthèse. Dipendente ‘non indépendant’, indeterminato ‘infinitif’, principale / secondario ‘principal / secondaire (dit des actants du verbe)’, semplice ‘simple (dit d'une phrase)’, soscritto ‘souscrit’, etc.
Corpus illustratifExemples forgés. Très rares citations de Dante ou de Pétrarque.
Indications compl.Livre imprimé en l'absence de l'auteur (et vraisemblablement sans son accord) par le libraire Domenico Gamucci, assisté de Giovanthomaso Cimello qui a remanié le texte (notamment les exemples). Le frontispice est anonyme (c'est aussi le cas de la grammaire de Gaetano et de la première édition de celle de Corso) et le nom de del Rosso n'apparaît qu'à la fin de la dédicace de Gamucci. Même si l'analyse du texte édité en 1545 permet de conclure que la main toscane de del Rosso reste bien présente, on n'a malheureusement plus affaire à l'original.
Influence subieDel Rosso a lu Bembo et Trissino (mentionnés dans le texte) et tiré profit de la fréquentation de ses amis, Tolomei et Priscianese, les deux meilleurs phonéticiens de la première moitié du siècle.
Influence exercéeFaible – peut-être sur Dolce (introduction et caractérisation du verbe), Castelvetro (double articulation des modes), Citolini (distinction des apostrophes suivant que la voyelle élidée est finale ou initiale) et Salviati (suppression de certains mots de la phrase pour en démontrer l'importance syntaxique).
Renvois bibliographiquesEngler R. 1975; Engler R. 1986; Ortolano P. (éd.) 2009 {Paolo Del Rosso [1545]}; Sabbatino P. 1995; Simoncelli P. 1990; Vallance L. 2009
Rédacteur

Vallance, Laurent

Création ou mise à jour2015-08