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Polonicae grammatices institutio

Statorius-Stojeński, Piotr

DomaineGrammaires des langues européennes modernes
SecteurGrammaires des langues slaves: polonais [3445]
Auteur(s)

Statorius-Stojeński, Piotr

Variantes: Piotr Statorius-Stojeński est son nom usuel dans la littérature polonaise, mais plusieurs variantes sont connues: Piotr Stoiński, Petrus Statorius Gallus, Petrus Tonvillanus. En France, la variante Pierre Statorius est aussi utilisée.

Datation: ca 1530-1591

Piotr Statorius-Stojeński, l'auteur de la première grammaire du polonais, était français. Né ca 1530, il fut étudiant dans un collège de pasteurs à Génève et puis à Lausanne. La tradition le rattache à Thionville aux confins de la Suisse et de la France alors qu'en fait il s'avère qu'il était plutôt d'origine normande. En 1556, il fut envoyé en Pologne par la communauté calviniste de Genève, à la demande de François Lismanin. Arrivé à Pińczów, il se lança dans l'enseignement. En 1561, il prit la direction du collège. Il est surtout connu pour avoir rédigé non seulement la première grammaire polonaise, mais aussi pour avoir été l'un des auteurs de la première version de la Bible en langue polonaise. Il est décédé en 1591 à Cracovie en tant que Polonais naturalisé.

Titre de l'ouvragePolonicae grammatices institutio. In eorum gratiam, qui eius linguae elegantiam cito & facile addiscere cupiunt
Titre traduitTraité de la grammaire polonaise. À l'usage de ceux qui souhaitent apprendre vite et sans difficulté l'élégance de cette langue
Titre courtPolonicae grammatices institutio
Remarques sur le titre
Période|16e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire didactique destinée aux apprenants du polonais venant de l'étranger.
Type indexéGrammaire didactique | Grammaire descriptive | Monographie grammaticale
Édition originale1568, Cracovie, Drukarnia Królewska (l'imprimerie royale).
Édition utilisée1568, Cracovie, Drukarnia Królewska (l'imprimerie royale).
Volumétrie216 pages.
Nombre de signes269352
Reproduction moderneIl existe une reproduction phototypique contemporaine qui date des années 80 du XXe siècle: Petrus Statorius, Polonicae grammatices institutio, Cracoviae 1568. Nunc iterum edita R. Olesch, Köln-Wien 1980, Slavistische Forschungen 26.
DiffusionL'ouvrage a paru en une seule édition dans l'imprimerie royale de Maciej Wirzbieta, mais la manière de répartir le contenu adoptée par Statorius a été largement répétée par ses continuateurs, comme par ex. Mikołaj Volckmar, l'auteur de Compendium linguae polonicae publié en 1594, qui s'est même fait traiter de «plagiaire».
Langues ciblesPolonais
MétalangueLatin
Langue des exemplesPolonais. Notons que tous les exemples apparaissant dans l'ouvrage ont leurs équivalents en latin.
Sommaire de l'ouvrageStatorius s'est servi des grammaires latines, notamment de l'Ars grammatica de Ælius Donatus pour disposer les matières. Ainsi, la grammaire commence par une partie consacrée à la prononciation des sons en polonais (DE LITERARUM POTESTATE et genuina earum pronunciatione, p. 7-21). Ce passage abonde en exemples de mots contenant un son donné. Par exemple, pour la première lettre A, on y trouve des informations sur trois voyelles possibles, dont l'une est claire, la deuxième contractée et la troisième nasale, ce qui donne des indications sur la quantité vocalique existant en polonais à cette époque. Comme dans la plupart des autres traditions grammaticales, il n'y a pas de distinction entre le son et la lettre. Par exemple sous la lettre C sont traités quatre sons différents.
La partie suivante, élaborée avec le plus de minutie, est consacrée à la déclinaison des noms (NOMEN, p. 22-93). Elle contient les paradigmes réguliers et irréguliers. Le critère le plus important du classement des substantifs s'avère le genre: l'auteur distingue les noms masculins (p. 22-33), féminins (p. 33-36) et neutres (p. 37). En suivant les grammaires latines, il décrit six cas: Nominativus (N.), Genetivus (G.), Dativus (D.), Acusativus (A ou Ac.), Vocativus (V.) et Ablativus (Ab.). Les tableaux de déclinaison sont précédés par un index inversé. Cette partie fournit aussi quelques informations sur la flexion des adjectifs et la formation des mots.
La troisième partie porte sur les pronoms (DE PRONOMINE, p. 93-103). L'auteur y met en garde les apprenants contre les formes fautives plutôt qu'il ne formule des règles.
Suit un passage sur le verbe (DE VERBO, p. 103-152), beaucoup plus court et moins détaillé que les parties précédentes. En ce qui concerne la flexion du verbe, il est important de noter la présence du duel. On se rend compte aujourd'hui que la répartition des verbes en groupes de conjugaison présentait de nombreuses difficultés à Statorius.
Suivent plusieurs passages relativement courts consacrés à la description, respectivement, des participes (PARTICIPIUM, p. 152-154), des adverbes (ADVERBIUM, p. 154-166), des prépositions (PRAEPOSITIO, p. 166-169), des conjonctions (CONIUNCTIONES, p. 170-173) et des interjections (INTERIECTIO, p. 173). Partout, la flexion occupe la première place.
À la suite d'une courte liste des interjections, l'auteur annonce la fin de l'ouvrage (finis, p. 173). Cependant, après une page blanche apparaît un passage portant sur la syntaxe (SYNTAXIS, p. 175). Ici, l'ordre est le suivant: les constructions nominales (Nominum constructio, p. 175-178), pronominales (Pronominis syntaxis, p. 178-179), verbales (Verborum syntaxis, p.180-216).
Objectif de l'auteurIl s'agit d'un ouvrage à visée tout à fait pratique: Statorius-Stojenski s'est donné pour but de familiariser des étrangers venant en Pologne avec la langue polonaise, de façon – comme indiqué dans le titre – suffisamment claire et concise. Cet objectif est surtout révélé dans une dédicace adressée à Andrzej Dudycz, l'un des étrangers que Statorius a connus: les arrivants en Sarmatie sont comparés aux poissons muets. La création d'une grammaire simple (décrivant le système en entier) se révèle alors une condition indispensable pour qu'ils puissent rester sur ce territoire et relève de l'urgence. Les destinateurs étant ainsi déterminés, la base théorique a été réduite au strict minimum.
Intérêt généralLa grammaire rédigée par Statorius est connue comme la première grammaire de la langue polonaise: elle contient non seulement des explications sur l'orthographe et la prononciation (comme les traités plus anciens de Zaborowski et Parkoszowic), mais elle détaille également la flexion et le système lexical. L'ouvrage est aussi considéré comme la plus ancienne étude sur l'œuvre de Mikołaj Rej (1505-1569), un des fondateurs de la littérature et de la langue polonaises.
Parties du discoursL'ouvrage de Statorius présente 8 parties du discours, décrites dans l'ordre suivant: nom, adjectif (traité pourtant dans le chapitre consacré au nom, comme dans les grammaires latines), pronom, verbe, adverbe, préposition, conjonction, interjection. Les termes désignant les parties du discours n'apparaissent qu'en latin.
Innovations term.Aucune innovation terminologique par rapport aux ouvrages précédents du même type.
Corpus illustratifLes nombreux exemples fournis par Statorius et illustrant son cours sont des mots polonais utilisés par les congénères de l'auteur. Les chercheurs polonais indiquent qu'au moins 70% du lexique polonais qu'il contient a son origine dans Wizerunk własny żywota człowieka poczciwego (La vie d'un homme honnête) de Mikołaj Rej.
Indications compl.La page de titre de l'ouvrage en question n'indique pas de nom d'auteur, mais on retrouve ce dernier dans la dédicace précédant le texte.
Influence subieGrammaire établie selon les canons de la grammaire latine. Statorius s'est inspiré de l'Ars grammatica d'Ælius Donatus, grammairien latin du IVe siècle, dont il a conservé l'ordre du contenu avec quelques modifications. On admet pourtant que même si Statorius a suivi les grammaires latines et les méthodes qu'elles présentaient pour systématiser les matières, la collecte du matériel et le choix des exemples n'appartiennent qu'à lui.
Influence exercéeL'influence que l'ouvrage a exercée sur ceux qui l'ont suivi a été considérable: peu de temps après la mort de Statorius une autre grammaire rédigée par Volckmar a vu le jour. L'auteur de celle-ci a visiblement puisé dans l'ouvrage de Statorius. Il en a fourni un condensé tout en adoptant la manière d'aborder plusieurs problèmes, en conservant la répartition des matières contenues et en utilisant les exemples fournis par Statorius. Un autre successeur de Statorius, Jeremiasz Roter, l'auteur de Schluessel zur Polnischen vnd Teutschen Sprach (Clé de la langue polonaise et allemande, traité paru en 1616) a aussi réussi à résumer l'ouvrage de Statorius avec quelques modifications nécessaires (surtout dans les exemples) pour un destinataire silésien.
Renvois bibliographiquesHandel J. 1935; Jefimow R. 1963; Jefimow R. 1970; Kępińska A. 2006; Kiliańczyk-Zięba J. 2010; Klemensiewicz Z. 1982; Kuraszkiewicz W. & Olesch R. 1986; Łoś J. 1913; Mayenowa M. R. (éd.) 1966; Plebański J. K. 1862; Pollak R. (éd.) 1964; Zwoliński P. 1988
Rédacteur

Krysiak, Patrycja

Création ou mise à jour2018-05