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Grammatica Arabica

Postel, Guillaume

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurGrammaires arabes [4125]
Auteur(s)

Postel, Guillaume

Datation: 1510-1581

L’écrivain et orientaliste français Guillaume Postel (né à Barenton le 25 mars 1510) a connu une existence chaotique et tourmentée. Il a apporté une contribution importante aux études arabes et orientales (voir Kuntz 1981 et Postel 1992). Élève au Collège Sainte-Barbe, il manifeste très tôt un intérêt pour les langues orientales, apprend l’hébreu et s’initie à l’arabe, au ge’ez et au syriaque. De 1535 à 1537, chargé d’acquérir des manuscrits pour la Bibliothèque royale, il accomplit un premier voyage en Orient et séjourne notamment à Tunis et à Istanbul, où il perfectionne ses connaissances en arabe et apprend le turc. Rentré en France en 1537, il est nommé en 1538 lecteur royal pour les langues orientales hormis l’hébreu et publie la même année un ouvrage sur douze alphabets orientaux, Linguarum duodecim characteribus differentium alphabetum introductio (Introduction à l’alphabet de douze langues différentes par leur écriture, Paris, Denis Lécuyer, 1538), qui contient quelques rudiments de grammaire arabe, développés ultérieurement dans la Grammatica arabica (ca 1540). Destitué de sa chaire en 1542, condamné par la Sorbonne pour ses vues peu orthodoxes sur la réconciliation de l’islam et du judaïsme avec le christianisme, il mène dès lors une vie errante, dont on retiendra surtout un second voyage en Orient (Jérusalem, Istanbul, Égypte) en 1549-1550, en quête de manuscrits pour le compte de l’imprimeur Daniel Bomberg; son projet est de donner une édition imprimée du Nouveau testament en arabe et en syriaque. Condamné à de multiples reprises par les autorités ecclésiastiques, il est finalement déclaré dément, et enfermé en 1566 au couvent de Saint-Martin-des-Champs, à Paris, où il meurt le 6 septembre 1581.

Titre de l'ouvrageGrammatica Arabica
Titre traduitGrammaire arabe
Titre courtGrammatica Arabica
Remarques sur le titre
Période|16e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire élémentaire de l’arabe.
Type indexéGrammaire élémentaire | Grammaire pour étrangers | Texte religieux
Édition originaleVers 1540 (non daté), Paris, Pierre Gromors.
Édition utilisée1re éd., vers 1540, Paris, Pierre Gromors.
Volumétrie46 pages non paginées, dont 42 pour la Grammaire proprement dite. 1350 caractères/page environ.
Nombre de signes56000
Reproduction moderne
DiffusionUne seule édition; l'ouvrage a été connu de la plupart des arabisants de la seconde moitié du 16e s. et du début du 17e s., mais a été éclipsé par la Grammaire d’Erpenius.
Langues ciblesArabe classique; l’ouvrage fait parfois état de traits caractéristiques de l’arabe tunisien (dont l’influence est également sensible dans les translittérations), sans que les deux variétés soient toujours clairement distinguées.
MétalangueLatin
Langue des exemplesArabe
Sommaire de l'ouvrageL’ouvrage, non paginé, est dépourvu de divisions internes. Dédicace (f. [1]v - [2]r). Préface (f. [2]r - [3]r). Les lettres et les sons: l’alphabet et les signes annexes (f. [3]r -. [6r]); les «lettres serviles» (morphèmes liés et clitiques: f. [6]r - [7]r); les lettres faibles (f [7]r). Les verbes: verbes sains et verbes faibles (i.e. comportant un /ā/, un /y/ ou un /w/ dans la racine: (f.[7]r - [8]v); verbes transitifs, neutres (i.e. intransitifs) et passifs (f. [8]v - [9]r); temps et modes (f. [9]r); genre, nombre et personne (f. [9]r - [9]v); conjugaison (f. [9]v-[15]r). Le nom: participes actif et passif, formation du duel et du pluriel masculins et féminins (f. [15]v - [16] v); comparatif et superlatif, noms de lieu et de temps, adjectif de relation, nom d’instrument [f. [16]v - [18]r. Les particules: pronoms personnels, démonstratifs et relatifs (f. [18r] - f [19]r); adverbes, prépositions, conjonctions (f. [19]r - [19]v). Annexe: conseils pour la lecture des textes dépourvus de signes vocaliques; noms de nombre; «Notre père» et sourate Al-Fātiḥa (Coran, I) en arabe suivis d’une traduction latine (f. [19]v. [23]v).
Objectif de l'auteurLa «Préface» insiste sur l’importance de l’arabe, pour accéder à un important corpus de textes scientifiques et pour l’activité missionnaire.
Intérêt généralSi l’on excepte celle de Pedro de Alcalá, qui concerne l’arabe andalou, la Grammaire de G. Postel est la première tentative en Occident pour donner une grammaire de l’arabe classique, limitée à la phonographématique et à la morphologie.
Parties du discoursG. Postel reprend la tripartition nom/verbe/particule des grammairiens arabes, soulignant qu’elle est suffisante pour l’arabe, l’hébreu et toutes les langues orientales.
Innovations term.G. Postel utilise tantôt la terminologie latine, tantôt la terminologie arabe (habituellement en graphie originale suivie d’une transcription).
Corpus illustratifTrès limité: les exemples, peu nombreux, sont principalement constitués de mots isolés, et ne dépassent jamais deux mots. Ils contiennent au demeurant plusieurs solécismes.
Indications compl.Considéré comme grammaire d’apprentissage, l’ouvrage présente de nombreux défauts. Les uns sont d’ordre matériel: les caractères arabes, que G. Postel a fait fondre pour l’occasion, sont plus que rudimentaires et souvent illisibles, les tableaux sont rares et confus, et l’ensemble manque de divisions internes. Par ailleurs, sa connaissance approximative de l’arabe classique (même s’il parlait assez couramment, semble-t-il, la langue vernaculaire) ne lui permet pas toujours de distinguer, parmi les informations tirées des sources arabes, entre l’essentiel et l’accessoire, ni de les hiérarchiser de la manière la plus efficace. La Grammaire n’en marque pas moins une première étape dans la grammatisation de l’arabe en Occident.
Influence subieEssentiellement celle de la tradition grammaticale arabe, à travers de petits abrégés courants dans le monde musulman à l’époque, notamment le Kitāb al-Taṣrīf d’al-Zanjānī (13e s.), qui traite de morphologie. G. Postel a eu par ailleurs accès à une grammaire arabe composée par Léon l’Africain, aujourd’hui perdue (Jones 1988, p. 144).
Influence exercéeL’organisation de l’ouvrage selon les trois parties du discours de la tradition arabe a été reprise, avec quelques aménagements mineurs, par Erpenius, et de là s’est maintenue dans les grammaires arabisantes jusqu’au 19e s.
Renvois bibliographiquesDemonet M.-L. 2009; Fück J. 1955 {p. 36-44}; Jones J. R. 1988 {p. 149-158 et 303}; Kuntz M. 1981; Postel C. 1992
Rédacteur

Guillaume, Jean-Patrick

Création ou mise à jour2019-01