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Grammaire arabe

Silvestre De Sacy, Antoine-Isaac

DomaineTraditions non-occidentales
SecteurGrammaires arabes [4130]
Auteur(s)

Silvestre De Sacy, Antoine-Isaac

Datation: 1758-1838

Arabisant et orientaliste français, principal fondateur de l’orientalisme en Europe, Silvestre de Sacy est né à Paris le 21 septembre 1758, dans une famille de bonne bourgeoisie janséniste. Initié à l’hébreu dès l’âge de douze ans, il apprend également l’arabe et d’autres langues sémitiques, ainsi que le turc et le persan, tout en menant des études de droit. Pourvu d’une charge de conseiller à la cour des Monnaies (1780), il se fait remarquer par plusieurs travaux savants, qui lui valent d’être désigné comme membre associé de l’Académie des inscriptions (1785). En désaccord avec l’orientation que prend le mouvement révolutionnaire à partir de 1792, il se retire à la campagne. En 1795, la Convention thermidorienne, qui vient de créer l’Ecole spéciale des langues orientales, le nomme à la chaire d’arabe; refusant de prêter serment de haine à la royauté, il démissionne mais continue à assurer ses cours de manière informelle. En raison, semble-t-il, de son refus de toute fonction officielle, il ne participe pas à l’expédition d’Egypte (1799); il n’effectuera de fait aucun séjour en Orient. Rallié à l’Empire, il est nommé membre de l’Institut (1803), puis élu à la chaire de persan du Collège de France. Commence alors une brillante carrière, qui se poursuit sans heurt sous la Restauration et la monarchie de Juillet; on en retiendra essentiellement la fondation, avec le sinologue Abel Rémusat, de la Société Asiatique de Paris (1822), dont Silvestre de Sacy est le premier président. Chargé d’honneurs, mais aussi de lourdes responsabilités institutionnelles, il n’en mène pas moins une intense activité de publication et d’enseignement qui lui valent un rayonnement considérable dans toute l’Europe, et un prestige personnel qu’il conservera jusqu’à sa mort, le 19 février 1838, en dépit de ses fortes réticences à l’égard de la nouvelle école historico-comparatiste alors en plein essor. Parmi ses nombreuses publications outre la Grammaire arabe, il faut mentionner son Anthologie grammaticale arabe (Paris, 1829), recueil de 10 longs textes, pour la plupart inédits, de grammairiens et de lexicographes, traduits et commentés, et La quintessence de la grammaire arabe (Paris 1800), édition traduite er commentée de la Alfiyya d’Ibn Mālik, ainsi que des Principes de grammaire générale mis à la portée des enfants (Paris 1799).

Titre de l'ouvrageGrammaire arabe à l’usage des élèves de l’Ecole spéciale des langues orientales
Titre traduit
Titre courtGrammaire arabe
Remarques sur le titre
Période|19e s.|
Type de l'ouvrageGrammaire de l’arabe classique
Type indexéGrammaire didactique
Édition originale1810, Paris, Imprimerie impériale; 2 vol.
Édition utilisée3e édition, 1904, Tunis, Institut de Carthage: réimpression de la 2e édition revue et augmentée par Sylvestre de Sacy (Paris, Imprimerie Royale, 1831), avec remarques et lexique-index de L. Machuel.
Volumétrie2 vol, xviii + 597 et xiv+603+83 p.
Nombre de signes2000000
Reproduction moderneParis, Institut du Monde Arabe, 1986 (réimpression de la 3e édition).
DiffusionLa Grammaire arabe n’a été rééditée après la mort de son auteur qu’en 1905, dans un cadre institutionnel relativement marginal, et en tirage limité. Elle a été connue de l’ensemble des arabisants au moins jusque dans la seconde moitié du 19e s. mais est ensuite quelque peu tombée dans l’oubli, éclipsée par la grammaire de Caspari et ses nombreux avatars.
Langues ciblesArabe classique
MétalangueFrançais
Langue des exemplesArabe
Sommaire de l'ouvrageVolume I. Avertissement de la seconde édition (p. i-iv). Préface de la première édition (v-xij). Table des chapitres de la première partie (xiij-xviij).
Livre I: les éléments de la parole et de l’écriture. Chapitre premier: des sons et des articulations (1-25). Chap. II: de la division des lettres en différentes classes (26-33). Chap III: des voyelles (33-43). Chap. IV: Des syllabes et des signes orthographiques (43-74). Chap. V: Modèle de lecture (77-85). Chap. VI: de l’accent et de la valeur prosodique (86). Chap. VII: de la ponctuation et des abréviations (86-89). Chap. VIII: Des chiffres et signe de numération (89-91. Chap. IX: règles de permutation des lettres alif, wâw et yâ’ (92-118).
Livre II: des différentes parties du discours et des formes dont elles sont susceptibles. Chapitre premier: des parties du discours (119). Chapitre II: du verbe (119-266). Chap. III: du nom et de l’adjectif (266-434). Chap. IV: des articles (434-443). Chap. V: Des mots conjonctifs (i.e. relatifs) et interrogatifs (443-454). Chap. VI: des pronoms (455-466). Chap. VII: des particules indéclinables (466-581). Index des matières (583-590). Index des particules et mots-outils (591-597).
Volume II. Livre III: de la syntaxe. Table générale des matières (viij). Table des chapitres (ix-xiv). Chapitres I-III: généralités (1-16). Chap. IV: règles de dépendance concernant les verbes: emploi des temps et des modes (16-43). Chap. V: règles de dépendance concernant les noms: emploi des cas (43-88). Chap. VI-VIII: cas particuliers (88-95). Chap. IX-XV: syntaxe des compléments (95-227). Chap. XVI-XXI: règles de concordance (227-206). Chap. XXII-XXX: règles particulières à certaines classes de mots (206-420). Chap. XXXI-XXXIV: Règles de construction; ellipse, pléonasme et licences poétiques (420-508).
Livre IV: De la syntaxe considérée selon le système des grammairiens arabes. Chap. I-III: les propositions et leurs parties tant essentielles qu’accessoires (509-504). Chap. IV-VII: les parties essentielles (504-519). Chap. VIII-XIV: les parties accessoires, compléments et assimilés (519-531). Chap. XV-XVI: Règles de construction et de concordance (532-541). Chap. XVII-XXII: Règles de dépendance: rection du verbe et des verbo-nominaux (541-557). Chap. XXIII-XXIV: Rection du nom: annexion et complément spécificatif (p.557-561). Chap. XXV-XXXI Rection des particules (561-572). Chap. XXXII-XLII: Cas particuliers (573-591). Chap. XLIII: Observations générales sur l’analyse grammaticale (592-599).
Notes additionnelles aux deux parties de la Grammaire (600-616). Traité élémentaire de la prosodie et de la métrique arabes (617-672). Index général du vol. II (673-688). Index des particules et mots grammaticaux (679-690). Index des termes techniques du traité de prosodie (691-695).
Appendice (par L. Machuel): Origines de la grammaire arabe (3-10). Vocabulaire des termes techniques de la grammaire arabe (11-65). Addenda et corrigenda (67-84).
Objectif de l'auteurComme l’indique son titre, l’ouvrage est avant tout destiné à l’enseignement, dans le cadre de l’École des Langues orientales: c’était d’ailleurs une obligation pour les premiers titulaires de chaires de composer une grammaire de la langue qu’ils enseignaient. Toutefois, la Grammaire arabe – comme l’enseignement de Silvestre de Sacy en général – vise plutôt à former des philologues que des drogmans ou des diplomates, d’où, notamment, l’appendice consacré à la métrique et le double traitement de la syntaxe: le livre IV a pour but d’enseigner des connaissances «indispensables à quiconque veut entendre les grammairiens, les lexicographes et les scoliastes arabes» (t. I, p. ix).
Intérêt généralUnique tentative pour appliquer le modèle de la Grammaire Générale à l’arabe, la Grammaire témoigne d’une connaissance approfondie et d’un intérêt remarquable pour la tradition grammaticale arabe; Sylvestre de Sacy souligne à de nombreuses reprises la parenté qui existe, selon lui, entre les deux approches. Toutefois, le trait qui a le plus marqué la tradition arabisante postérieure est la précision et la minutie jusqu’alors inégalée de sa description, la clarté de ses explications et la richesse de son corpus.
Parties du discoursSilvestre de Sacy reprend à peu près la liste de la Grammaire générale et raisonnée d’Arnauld et Lancelot, l’adjectif prenant la place du participe (livre II, chap. 1, p. 119); il mentionne un peu plus loin la division tripartite de grammairiens arabes (nom, verbe, particule). Toutefois, le traitement de la morphologie (livre II) repose sur un découpage un peu différent: le nom et l’adjectif sont traités ensemble (chap. 3), un chapitre particulier est consacré aux pronoms relatifs et interrogatifs (chap. 5), et le chap. 7, «Des particules indéclinables», rassemble les prépositions, les adverbes, les conjonctions et les interjections (c’est-à-dire en gros ce que les grammairiens arabes classent dans les particules).
Innovations term.Apparemment pas d’innovations terminologiques, mais il faut signaler que Silvestre de Sacy accorde un soin particulier à donner des équivalents aussi précis et intelligibles que possible à la terminologie arabe traditionnelle, ce qui tranche avec la pratique de ses prédécesseurs (notamment Martellotto).
Corpus illustratifParticulièrement riche et abondant; nombreuses citations du Coran et de la poésie ancienne, mais aussi de textes plus tardifs en prose, alors inédits.
Indications compl.Tout en reconnaissant les grands mérites de la Grammaire arabe, les générations suivantes ont rapidement pris leurs distances avec elle, lui reprochant son inscription dans un cadre théorique jugé dépassé, et sa dépendance à l’égard des grammairiens arabes.
Influence subieOn peut distinguer trois types d’influence subie:
1. la grammaire générale notamment Arnauld et Lancelot, Beauzée et Court de Gébelin, (mentionnés dans l’ «Avertissement» des Principes de Grammaire générale);
2. la tradition grammaticale arabe, essentiellement à travers les traités des 13e-14e siècles, qui présentent une version plus ou moins standardisée de la doctrine;
3. les travaux des arabisants antérieurs, notamment ceux d’Erpenius, ainsi que les Institutiones linguae arabicae de Martellotto (Rome, 1620), que Silvestre de Sacy dit «avoir pris pour guide» pour le livre IV (t. I, p. x); il mentionne également la grammaire de J. Jahn (Arabische Sprachlehre, Vienne, 1796).
Influence exercéeLa Grammaire arabe est, avec la Grammatica critica linguae arabicae de G. Ewald (2 vol., Leipzig, 1831-1833), l’une des deux principales sources revendiquées par Caspari dans sa Grammatica arabica (2 vol., Leipzig, 1844-1848); cette dernière a fait l’objet, pendant la seconde moitié du 19e s., d’un vaste travail collectif de révision et de traduction, dont l’étape finale est la grammaire de W. Wright, dont la 3e édition, révisée par W. Robertson Smith et M. J. de Goeje (A Grammar of the Arabic Language, 2 vol., Cambridge, 1896-1898) et constamment réimprimée, reste aujourd’hui la grammaire de référence pour l’arabe classique (Larcher 2014).
Renvois bibliographiquesBergounioux G. 2001; Dehérain H. 1936; Dehérain H. 1937; Espagne M., Lafi N. & Rabaud-Feuerhahn P. (éd.) 2014; Fück J. 1955 {p. 150-157}; Larcher P. 2014; Larzul S. 2014; Petit-Dutaillis C. 1938; Reinaud J.-T. 1838; Rousseau J. 1980; Salmon G. 1905; Wright W. 1896
Rédacteur

Guillaume, Jean-Patrick

Création ou mise à jour2019-12