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Lefèvre, André. Grammatica portugueza – T03

[Grammatica portugueza]

[Carta do Sr. Lefèvre]

Paris, 26 janvier 1882
21 rue Hautefeuille

Monsieur et cher confrère.

Je n’ai pas voulu vous remercier sans vous avoir lu,
ou plutôt sans m’étre quelque peu familiarisé, à l'aide de
vofre grammaire même, avec lés formes et l’organisme de la
langue portugaise.

J’ai donc suivi, avec attention et plaisir, le developpement
de votre pensée ; et j’ai fait mon profit, au point de
vue de la grammaire comparée, de votre phonétique, de vos
comparaisons étymologiques, de vos beaux travaux sur les
désinenses et les suffixes. Il est impossible, en parcourant vos
nombreux paradigmes de substantifs, de particules et de verbes,
de ne pas admirer cette richesse linguistique qui se manifeste
dans le trone aryen, et qui, après s’étre épanouie en,
IVsept familles d’idiomes indoeuropéens, a su encore faire jaillir
de chaque rameau des floraisons aussi variées, aussi nettement
caracterisées que les sept ou huit filies du latin.

L’intime fraternité de ces belles langues romaines, loin de
nuire à leur originalité respective, en fait seulement comme
un de ces choeurs harmonieux où la varieté des timbres et
des voix accentue l'unité fondamentale du thème et de la mélodie.

Pourquoi, cher monsieur, me sens-je plus voisin de
vous à travers l’Atlantique que de l’Anglais ou de l’Allemand,
á peine separes de Paris par une journée de chemin de fer ?
C’est à la Science du langage de repondre à cette question,
trop négligée des hommes d’état á courte vue. La parenté des
langues, qui est celle des idées, implique necessairement
l'amitié et l'alliance des peuples. Sans aucune pensée de dénigrement
et d’envie á l'egard des autres groupes aryens ou
humains, les membres de la grande société latine doivent
marcher la main dans la main vers le progrès social, et faire
sentir leur poids dans la balance de l’équilibre universel.

Agréez, cher monsieur Julio Ribeiro, l'assurance de mes
sentiments de confraternité.

André LefèvreV