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Meillet, Antoine. Linguistique historique et linguistique générale. Tome II – T16

De quelques mots français

I
Sur la valeur du mot français jument 11

Un jour, un collègue qui est l'un des connaisseurs les plus
complets, les plus profonds du français, voulait me citer
l'exemple d'un mot que je connaisse bien, mais qui me soit peu
familier et que je n'emploie guère. Le mot qui lui est venu
immédiatement à l'esprit était jument. J'ai été surpris. Car, élevé
dans une région rurale du centre de la France où je retourne
plusieurs fois tous les ans, je connais le mot jument (souvent
sous la forme locale jment) depuis mon enfance ; il m'est familier,
et j'ai le sentiment qu'il n'a jamais cessé d'être pour moi un
terme courant.

Un autre jour, une jeune Auvergnate, tout récemment venue
à Paris, qui était à notre service, me dit, en me montrant loin
dans une rue voisine et du haut d'un sixième étage, un cheval
blessé au poitrail, qui était tombé dans le brancard d'une lourde
voiture : « La jument saigne ». Du point où nous étions, nous
ne pouvions déterminer le sexe de l'animal. Mais, pour la jeune
fille, un cheval de charge était naturellement une « jument ».
Et ceci s'explique : dans les fermes petites et moyennes du centre
de la France, on ne fait pas en grand l'élevage du cheval. La
jument poulinière, ou, dans une ferme plus considérable, les
128deux ou trois juments poulinières, servent au travail de la ferme
et aux convois sur la route. Les mâles, châtrés ou non, sont
réservés aux gens qui, comme les « bourgeois », ou les commerçants
et industriels (meuniers, etc.), ne font pas l'élevage du
cheval.

Si je rapporte ce menu fait, ce n'est pas pour expliquer le
changement de sens qui s'est produit entre lat. iūmentum « cheval
de charge » et fr. littéraire jument « cheval femelle ». Pour
qui connaît la réalité, la condition du changement de sens est
évidente. Pour la jeune Auvergnate il y a du reste à peine changement
de sens du mot latin.

Mais, si l'on veut déterminer avec rigueur la valeur des mots
du vocabulaire français, les faits rapportés sont instructifs. Le
mot jument désigne, pour les trois sujets considérés, la femelle
d'une même espèce animale. Au point de vue zoologique, pas
de différence. Mais aucun des trois sujets n'est un zoologiste, ni
ne pense en zoologiste.

Pour le sujet urbain, le mot jument est un terme rare, sans
valeur précise, et auquel il n'attache une représentation qu'après
avoir réfléchi.

Pour moi, le cas est autre : j'ai été élevé dans une localité
rurale, mais strictement à l'intérieur de ma famille. Je n'ai pas
fréquenté l'école publique jusqu'au moment où je suis entré au
lycée. Le sens littéraire de jument domine donc pour moi, mais
la valeur réelle d'« animal de charge » coexiste ; et je n'ai besoin
de faire aucun effort pour me représenter lajument (bête de
charge) traînant un charroi dans un champ cultivé ou attelée à
la voiture du fermier circulant sur la route : cette représentation
me vient d'elle-même.

Quant à la jeune bonne, les deux notions de « femelle » et de
« bête de charge » sont pour elle inséparables.

On voit par là qu'un dictionnaire n'est faisable que si l'on
circonscrit étroitement les limites de lieu, de temps et de conditions
sociales entre lesquelles s'emploie le vocabulaire décrit.

Le problème qui se pose pour jument et qui est lié à l'origine
du mot se retrouve pour tous les mots. Comme l'a montré le
129regretté Maurice Cahen dans son livre La libation en Scandinave,
les mots n'ont pas un sens pour eux-mêmes : ils n'en ont que
par rapport au groupe social où ils sont employés, aux conceptions
des sujets parlants et à leurs usages.'

On s'imagine souvent que le progrès de la linguistique sortira
de théories nouvelles. Ce qui en réalité est essentiel, c'est
de réaliser un progrès de plus dans la précision des observations.
En toute science il en est ainsi : le progrès des théories est conditionné
avant tout par le degré de précision des observations.
Il a suffi d'une décimale de plus dans l'exactitude des mesures
pour faire découvrir des corps nouveaux dont l'importance pour
les théories de la chimie est capitale. Ce qui fait le plus progresser
la linguistique, c'est de décrire avec une précision nouvelle
les états de langue. On a nécessairement commencé par
envisager les normes linguistiques dans les langues normalisées.
Puis on a envisagé les parlers locaux, mais en les normalisant
au moins mentalement : on y réussit le plus souvent en observant
un sujet unique. Il faut maintenant observer les états de
langue avec leur complexité. Quand on a voulu décrire un vocabulaire,
on a jusqu'ici examiné les mots eux-mêmes ; quand on a
opéré avec le plus de précision, on a réuni des exemples pour
montrer comment le mot est employé ; s'il s'agit d'un terme qui
nomme une réalité matérielle, on a tracé une figure. Tout cela
est sommaire et ne suffit pas à l'étymologie de précision.

Il faudra déterminer en quelle mesure varie la valeur du mot
suivant les sujets parlants. Le mot chien qui, pour un Français
d'aujourd'hui désigne un animal sympathique, auquel l'on
témoigne de l'affection et dont on apprécie les sentiments et
l'intelligence, traduit mal les noms orientaux du chien auxquels
s'attache un sentiment de profond mépris. En France même, le
nom du chien a des valeurs distinctes pour une personne qui a
vécu avec certains chiens et pour une personne qui n'en a vu
que de loin.

Quand les hommes s'entretiennent entre eux, chacun exprime
sa pensée propre, et il est rare que l'un des interlocuteurs entre
dans la pensée d'autrui. Les hommes causent ordinairement en
130suivant leur pensée, sans se soucier de celle des autres. Même les
traités écrits d'une façon exacte et calculée et imprimés par les
savants sont souvent compris d'une manière inexacte. Quiconque
a publié, même en donnant des formules méditées et qui
peuvent sembler rigoureuses, s'étonne de voir ce que deviennent
les formules dans l'esprit des lecteurs. Tout professeur s'est aperçu
que ses élèves le comprennent seulement avec une approximation
grossière. L'insuffisance de l'attention est pour beaucoup dans
ces erreurs. Mais il faut y tenir compte du fait que, pour les
différents sujets, les mots n'ont pas la même valeur. Ce sera un
élément essentiel de la théorie du vocabulaire que de déterminer
le degré d'approximation avec lequel les gens parlant une même
langue emploient les mêmes mots : degré d'exactitude de la
conception, degré de fréquence de l'emploi, valeur affective.
Quand on se sera rendu compte ainsi de l'état de langue réel
dans les langues modernes, beaucoup de faits du passé s'éclaireront
et l'on comprendra mieux l'histoire des langues.

II
Aujourd'hui 12

Toutes les langues romanes ont conservé lat. hodie, de l'italien
oggi au vieux français hui, du roumain azi à hoy de l'espagnol,
hoje du portugais. Mais actuellement le français n'a plus que
l'expression complexe aujourd'hui qui apparaît, au moins en préparation,
dès le XIIIe siècle. Le pléonasme est ici tout étymologique,
car les sujets parlants n'en ont pas conscience : dans
l'expression de la notion d'« aujourd'hui », on a éprouvé autrefois
le besoin de mettre le nom du « jour ». Mais maintenant,
dans aujourd'hui, le sentiment du mot jour a disparu : jour y
est inaccentué ; la construction de au jour n'est plus usuelle ;
hui n'existe plus isolément. Aussi, dans le parler familier, y
131a-t-il depuis longtemps déjà tendance à dire : au jour d'aujourd'hui,
de même que l'italien a oggidì près de oggi.

La tendance à mettre en évidence l'expression de la notion de
jour pour dire « aujourd'hui » n'est pas propre au français et à
l'italien. Partout dans les langues indo-européennes, le nom du
« jour » est en pleine évidence pour « aujourd'hui », tandis
qu'il ne s'exprime guère pour « hier » ou pour « demain ». Le
contraste est saisissant.

Partout on exprime l'idée de « jour » au moyen du nom
même du « jour », accompagné du démonstratif qui indique
l'objet proche. Les formes sont plus ou moins transparentes ;
presque toutes sont fixées, et à la date où elle est attestée, plus
d'une avait cessé d'être exactement analysable. Mais l'étymologiste
ne peut hésiter devant aucune.

Le démonstratif est du groupe de v. sl. , lat. cis ou de celui de
skr. a-, l'un et l'autre groupe indiquant l'objet proche. D'une
part, on trouve v. sl. dĭnĭ-sĭ, lit. šeñdën, got. himma daga, arm.
aysawr, dor. σάμερον, att. τήμερον, et, de l'autre, skr. adyā̆,
lat. hodiē. Pour indiquer l'objet proche (démonstratif de Ire personne),
le latin a renforcé au moyen de h- le thème o- de
démonstratif ; or il a ho-die en face de skr. a-dyā̆, de même que
hic, hoc. Ce détail suffit à montrer que l'expression de « aujourd'hui »
a gardé sa transparence jusqu'à une époque voisine de
l'époque historique.

Le nom du « jour » qui figure dans ces expressions est justement
celui que l'on trouve dans chaque langue : dĭnĭ en slave,
dënà en lituanien, mais une forme voisine de dor. ἁμερα en grec,
la forme même de awr « jour (durée) » en arménien, et dags en
gotique (et les formes correspondantes ailleurs en germanique).
Le persan im rōz est entièrement transparent, avec le nom persan
du « jour », tandis que, tout nouvellement formé qu'il soit, paran
« hier » ne s'analyse pas.

La forme grammaticale sous laquelle figure le nom du « jour »
diffère aussi d'une langue à l'autre. C'est le plus souvent l'accusatif
(qui exprime la durée) : v. sl. dĭnĭ-sĭ, lit. šeñdën et lett.
šùodìen, ion. σήμερον, arm. aysawr ; parfois un génitif : russ.
132sevó-dnja, parfois un instrumental : got. himma daga, v. h. a. hiu
tagu
(d'où la forme réduite hiutu), et sans doute irl. in-diu,
gall. he-ddyw, où rien n'oblige à voir d'anciens locatifs (v.
H. Pedersen, Vergl. Gramm. d. Kelt. Spr., II, p. 79). L'origine de
la forme adverbiale skr. a-dyā̆, lat. h-odiē n'est pas claire. Aucune
des formes ne repose de manière sûre sur un ancien locatif ; le
lituanien oppose, de manière caractéristique, un locatif tel que
rytój « demain » (littéralement « au matin ») à l'accusatif šeñdën
« aujourd'hui » ; de même le vieux slave oppose utrě
« demain » (locatif, littéralement. « au matin ») à dĭnĭ-sĭ
« aujourd'hui » (accusatif).

Ce qui montre que la transparence des formes signifiant
« aujourd'hui » n'est pas fortuite, c'est que les mots signifiant
« hier » et « demain » ne sont souvent pas susceptibles d'être
analysés et qu'on n'y retrouve d'ordinaire pas le nom du
« jour ».

Il y avait en indo-européen un adverbe signifiant « hier » ;
les formes en diffèrent un peu d'une langue à l'autre, par suite
d'alternances indo-européennes ; mais il s'agit toujours d'un
seul et même mot, dans skr. hyaḥ, dans grec χθές, etc. On a
un même type de dérivés dans lat. hes-ternus et dans v. h. a. gestaron.
Le latin a simplement donné à l'adverbe la forme de
locatif usuelle dans les noms tels que Karthaginī, et il a fait herī.
Cet adverbe a été si stable qu'il existe encore aujourd'hui d'un bout
à l'autre du domaine roman. L'allemand a maintenant encore
gestern, et c'est un cas singulier que l'addition constante du nom
du « jour » dans angl. yesterday.

Pour « demain », on ne connaît pas de formes indo-européennes
communes. Mais il est probable que skr. çváḥ et lat.
crās, inexplicables en indo-iranien tout comme eh italo-celtique,
sont anciens. Et les formes nouvelles qui ont été créées ont parfois
cessé de bonne heure d'être analysées, ainsi gr. ἄυριον qui,
on le notera, est un ancien accusatif.

Si les mots pour « aujourd'hui » tendent à demeurer intelligibles
au sujet parlant, c'est que cette notion appelle une insistance.
Le fait s'observe à date moderne comme à date ancienne.
133Quand on parle d'« aujourd'hui », c'est pour appeler l'attention
sur cette portion de la durée qui, étant présente, a une importance
particulière.

La formation d'aujourd'hui et de le jour d'aujourd'hui s'éclaire
quand on la rapproche des faits semblables qui s'observent sur
tout l'ensemble du domaine indo-européen. Le mot « jour »
doit figurer de manière bien apparente dans l'expression ; quand
il devient méconnaissable, on tend à le restituer : l'anglais dit to
day
et le danois i dag. L'expression heutiges Tages de l'allemand
se trouve depuis des siècles, et l'on a aussi : am heutigen Tage
(heut zu Tage). Le polonais dziś « aujourd'hui » est devenu peu
transparent : aussi trouve-t-on déjà dodziśdnia « jusqu'au jour
d'aujourd'hui ».

Ici, l'ensemble des faits indo-européens éclaire les faits
français et italiens. Avant de juger d'un fait particulier, il
importe toujours d'examiner s'il n'a pas de parallèles dans les
langues où se rencontrent des conditions semblables de développement.
C'est un principe de méthode qu'il ne faut pas attribuer
à des conditions spéciales un type de faits qui se retrouve, sous
des formes diverses et de manière indépendante, dans un ensemble
de langues.

III
A propos de « il est vache »
et de « j'ai très faim » 13

Quand a été fixée la terminologie grammaticale pour les écoles
françaises, il a été commis une faute grave : au lieu de marquer
par les termes employés que le substantif et l'adjectif sont deux
espèces d'un même genre, le nom, qui s'oppose à un autre genre,
comprenant une seule espèce, le verbe, on a éliminé le terme,
excellent, de substantif, et appelé nom ce qu'il était usuel d'appeler
134substantif. Du coup, on dissimulait la parenté intime du
substantif et de l'adjectif. Il faut que l'on revienne sur cette
erreur fondamentale, qui implique une faute de doctrine ; le plus
tôt sera le mieux.

Une note, récente de M. Léo Spitzer, sur le type j'ai très faim,
dans la Zeitschrift für Romanische Philologie, L, p. 342-346,
donne occasion d'examiner un cas où, en français, le substantif
s'est rapproché de l'adjectif. Il convient de rechercher de quelle
manière.

Si un nom qui, comme faim, est, de par son origine, et de
par le principal de ses emplois, un substantif, a droit d'être
déterminé par très, c'est qu'il a partiellement pris le caractère
d'un adjectif.

En français, on le sait, la dérivation ne tient qu'une petite
place ; en particulier, on se sert peu d'adjectifs dérivés ; l'usage
que les journalistes et, à leur suite, bien des gens font, actuellement,
d'adjectifs dérivés, généralement « savants », n'est pas
conforme au génie de la langue et résulte de l'influence
qu'exercent l'allemand et l'anglais sur le français de gens peu
cultivés, et souvent sans traditions. Le tour ich bin hungrig, I
am hungry
ne se laisse pas traduire directement en français : on
dit j'ai faim. Je suis affamé a une autre valeur. Par les équivalents
allemand et anglais de j'ai faim, on voit que, dans cette expression,
le nom faim n'a pas la valeur de substantif. Le vieil usage
indo-européen était ici d'employer le type de mots qui, par
excellence, a le rôle de prédicat : le verbe ; et le grec a πεινῶ,
le latin ēsuriō, l'arménien kʻatc̣nam. Le gotique a lui aussi, avec
un tour impersonnel, Rom. XII, 20 jabai gredo fijand þeinana
« έὰν πεινᾷ ὁ έχθρός σου » ou J. VI, 35 þana gaggandan du mis ni
huggrei
« ὁ έρχόμενος πρός με οὐ μὴ πεινάσῃ ». Le russe, actuellement
encore, a mne xočetsja est'. Ces faits montrent quelles conditions
générales ont rendu possible et désirable le tour fr. j'ai très
faim
(ou, de même, fai plus faim que vous). M. Spitzer, dont la
langue maternelle est l'allemand, a le sentiment que, faute
d'avoir un adjectif correspondant àfaim, le français est dans l'embarras :
nullement. Tant que l'on a senti dans faim un substantif,
135il était naturel de dire j'ai grand faim ; mais, depuis que ce
sentiment s'est atténué ou a disparu, on est venu à dire j'ai très
faim
qui apporte une bonne solution.

Au fait que, dans j'ai faim, le mot faim a tendu à ne plus
être senti comme substantif, il y a une raison de forme : en
l'état actuel du français, un nom n'est proprement un substantif
que s'il est accompagné d'un article ou d'une détermination : le
pain est ici
, j'ai acheté un pain, donnez-moi ce pain, je gagne mon
pain
, quel pain apportez-vous ? etc. S'il n'y a pas un article ou un
déterminant, le nom a une valeur générique : je n'ai pas de pain,
ce boulanger fabrique plusieurs sortes de pain, corbeille à pain, il se
change en pain
. Encore, dans tous ces cas, y a-t-il une préposition
qui est une sorte de détermination ; dans la phrase négative
il n'y a pas de pain, la particule de équivaut à un article.

Un nom qui est en général un substantif ne peut s'employer
sans article ou, au moins, sans préposition, que s'il sert de prédicat
dans une phrase nominale : il est maire, il a été élu député,
il a été nommé préfet, etc. Mais alors ce nom ne s'applique à
aucune réalité concrète ; il désigné une qualité, c'est-à-dire que,
par sa fonction, il se rapproche de l'adjectif.

Le français a été amené ainsi à employer beaucoup de ses
substantifs proprement dits pour indiquer des qualités. La langue
populaire est allée très avant dans cette voie : il est chien, il est
rat
, il est cochon, elle est vache, elle est cruche sont des expressions
usuelles. M. Spitzer, loc. cit., parle de il est désordre ; ce qui est
indiqué par là serait, en français normal, il est désordonné ; mais
ce tour ne satisfait pas, parce que pareil emploi de l'adjectif n'est
pas conforme au génie du français. La langue de la réclame
commerciale, qui, de par ses exigences propres, recourt le plus
possible à des procédés expressifs et qui ne s'embarrasse guère du
soin de respecter une tradition que beaucoup de ceux qui la
manient, étrangers ou Français non cultivés, connaissent mal et
ne se soucient pas de respecter, va jusqu'à dire : Cet article est
très mode
.

Les deux types considérés, celui de il a faim, il a sommeil, il
a peur
, et celui de il est chien, il est désordre, ont en commun à
136la fois, en ce qui concerne la fonction, que le substantif ancien
y fait partie du prédicat, et, en ce qui concerne la forme, qu'il
est sans article. Ainsi qu'il a été signalé, ces deux traits sont liés
l'un à l'autre.

Il y a ici un ensemble de faits dont il importerait d'étudier le
développement dans le passé, et de décrire l'extension dans le
parler d'aujourd'hui. Car il s'y manifeste une tendance profonde
de la langue française.137

11. Archivio Glottologico Italiano, 1926, p. 147 sq.

21. Mélanges Antoine Thomas, Paris, 1927, p. 291 sq.

31. Revue de Philologie française, 1931, p. 47 sq.