CTLF Corpus de textes linguistiques fondamentaux • IMPRIMER • RETOUR ÉCRAN
CTLF - Menu général - Textes

Straka, Georges. Album phonétique – T02

Avant-propos

Les croquis et les schémas réunis dans cet album
illustrent les articulations françaises et quelques
articulations intéressantes appartenant à d'autres langues
d'une part et, d'autre part, un certain nombre de
faits de phonétique générale parmi les faits les plus
importants. Ils n'ont pas été exécutés d'après des
descriptions théoriques des sons du langage, mais
d'après des documents concrets — palatogrammes,
radiographies, radiofilms, kymogrammes, oscillogrammes,
sonagrammes, etc. — qui représentent
des articulations réelles dans des mots ou phrases prononcés
sous notre contrôle et dont nous reproduisons
aussi un certain nombre en original ; ils font tous partie
de notre collection personnelle ou de celle de l'Institut
de Phonétique de l'Université de Strasbourg.

Une grande partie de cette documentation, mise
sur diapositives, nous sert à illustrer depuis longtemps,
à notre collaboratrice Mme Simon et à nous-même,
nos cours de phonétique générale et de phonétique
française à l'Université de Strasbourg où les
étudiants peuvent s'en procurer aisément les copies
ou photocopies ; certains clichés se trouvent insérés
9dans nos publications. Par ailleurs, de nombreux
croquis et schémas de notre collection ont été présentés,
au cours de ces dernières années, à l'occasion
de nos conférences et communications, dans des universités
étrangères et dans des colloques ou congrès,
et à plusieurs reprises, nous avons communiqué telle
ou telle partie de ces documents à des collègues ou
autres spécialistes qui ont bien voulu nous les demander.

Ainsi, encouragé par l'intérêt que notre documentation
semble avoir rencontré auprès de plusieurs
de nos collègues et confrères, persuadé aussi que les
débutants saisissent et retiennent les descriptions et
les définitions des sons du langage, ainsi que les explications
de phonétique théorique, plus facilement
quand elles sont visualisées à l'aide de tracés, croquis
et schémas appropriés, nous avons cru utile de
rendre accessibles nos documents à tous ceux qui s'intéressent
à notre discipline. Nous les avons mis au
point en les complétant, vérifiant et regroupant en
vue des cours de phonétique générale que nous avons
eu l'honneur et le plaisir de faire à l'université Laval
en 1961 et en 1964.

Nous espérons qu'ils pourront rendre service
aux étudiants de phonétique et de linguistique des autres
universités autant qu'à ceux de Strasbourg et de
Québec, et que, notamment dans les universités où
il n'existe pas de laboratoire de phonétique expérimentale,
les enseignants trouveront quelque intérêt à
puiser dans notre Album les clichés susceptibles d'illustrer
leurs cours de phonétique générale ou de phonétique
française, ou encore les cours d'introduction
10phonétique à l'étude d'autres langues vivantes. De
même cet Album pourra peut-être faciliter le travail
des étudiants ou chercheurs isolés, privés de contact
permanent avec un centre de recherche et de documentation
phonétiques.

Depuis longtemps, nous avons l'intention de publier
un manuel de phonétique générale, mais d'autres
occupations nous ont empêché jusqu'à présent et nous
empêcheront sans doute pendant quelque temps encore
de réaliser ce vieux projet. En attendant, on pourra
se servir au moins des documents qui suivent et qui
correspondent aux principales parties de ce futur manuel.
Ils sont parfaitement compréhensibles, croyons-nous,
sans texte d'accompagnement. Ils sont d'ailleurs
suffisamment annotés, et pour le reste, il suffit
d'observer et de comparer. Souvent les étudiants
de Lettres ne sont pas assez habitués à observer et à
dégager des faits précis de leur observation, or le
maniement d'un album comme celui-ci pourra précisément
contribuer à développer chez eux, nous semble-t-il,
le sens de l'observation qui est absolument
nécessaire à tout phonéticien et à tout linguiste.

Ceux, parmi les utilisateurs, qui voudront cependant
compléter l'examen de nos planches par la
lecture d'un exposé correspondant aux problèmes auxquels
ces planches sont consacrées, pourront se servir
avec profit des ouvrages suivants :

L. Roudet, Éléments de phonétique générale, Paris, 1910
(valable encore en grande partie) ;

M. Grammont, Traité de phonétique, Paris, 1933, 7e éd.
1963, p. 1 à 145 (à utiliser en tenant compte des
11compléments et corrections apportés par J. Chlumsky
dans les Archives néerlandaises de phonétique expérimentale,
t. XI, 1935) et p. 185-228 (chap. L' assimilation) ;

B. Malmberg, La phonétique, collection « Que sais-je ? », Paris,
1954 (à compléter par nos comptes rendus dans le Bulletin
de la Faculté des Lettres de Strasbourg
, t. 34, 1956, et
dans Studia neophilologica, t. 28, 1956) ;

E. Dieth, Vademekum der Phonetik, Berne, 1950 ;

O. von Essen, Allgemeine und angewandte Phonetik, 2e éd.
1957 ;

pour l'aspect acoustique des sons du langage, voir
plus spécialement :

J.-F. Lafon, Message et phonétique, Paris, 1961, et les remarquables
travaux de P. Delattre.

En outre, on pourra consulter parmi nos publications
celles qui traitent les problèmes représentés
par telle ou telle partie de l'Album :

partie I, pl. 2 et 3 : La phonétique au service de la linguistique,
in Brochure-programme du Centre de Philologie romane
de Strasbourg
, 1957 ;

partie II : Respiration et phonation, in Bulletin de la Faculté des
Lettres de Strasbourg
, t. 35, 1957 ;

partie IV : Notes de phonétique générale et française, ibid.,
t. 32, 1954 ; — pl. 29 et 31 : Remarques sur la « désarticulation »
de l's
, in Mélanges Delbouille, Liège, 1964 ; —
pl. 33 et 34 : Le polymorphisme de l'r, in Mélanges
1945
, t. V, Paris, Belles-Lettres, 1947 ; — pl. 35 et 36 :
Notes sur la vocalisation de l'l, in Bulletin linguistique,
Bucarest, t. X, 1942 ;12

partie V : Système des voyelles du français moderne, extrait du
Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, t. 28,
1950 ; — Les voyelles nasales, in Revue de linguistique
romane
, t. 19, 1955 ;

partie VI, pl. 51 et 52 : La division des sons du langage en
voyelles et consonnes peut-elle être justifiée ?
, in Travaux
de linguistique et de littérature
, t. I, Paris, Klincksieck,
1963 ;

partie VIII : La division des sons du langage… (v. ci-dessus) ;
À propos de la question des semi-voyelles, in Festschrift
Hala
, Zeitschrift für Phonetik und allgem. Sprachwissenschaft,
t. 17, 1964 ;

partie IX : La division des sons du langage… (v. ci-dessus) ;
Durée et timbre vocaliques, in Calzia-Festgabe,
Zeitschrift für Phonetik und allgem. Sprachwissenschaft,
t. 12, 1959 ; — L'évolution phonétique du latin au français
sous l'effet de l'énergie et de la faiblesse articulatoires
,
in Travaux de linguistique et de littérature, t. II,
1ère partie, Paris, Klincksieck, 1964 ;

partie X : Naissance et disparition des consonnes palatales, à
paraître dans Travaux de linguistique et de littérature,
t. III, 1965.

De même, nous recommandons, comme complément
de cet Album, les collections de radiographies,
voire de palatogrammes ou labiogrammes, publiées
par B. Hala (tchèque, polonais, voyelles anglaises),
J. Chlumsky (voyelles françaises), J.-D.
Gendron
(français canadien), H. Koneczna (polonais,
russe), K. Ohnesorg (chinois), A. Skalickova
(coréen), H. Wangler (allemand), etc., et
dont la bibliographie figure dans une importante étude
de Mme P. Simon, dans la revue Orbis, t. X, 1961,
13p. 47-68, ainsi que dans sa thèse sur les consonnes
françaises analysées à l'aide de la radiocinématographie
(ouvrage à paraître prochainement).

Pour ce qui est de la notation phonétique, nous
employons, sur les dessins, les deux systèmes les
plus répandus : en premier lieu, les signes de l'alphabet
Rousselot-Gilliéron (appelé parfois « transcription
française ») et en second lieu, entre parenthèses,
ceux de l'Association phonétique internationale, imaginés
par Paul Passy (« transcription internationale »).
Il est nécessaire de connaître les deux notations, la
première étant employée dans la plupart des travaux
de linguistique et de dialectologie françaises, la seconde
notamment dans les publications anglaises et
américaines et en linguistique appliquée à l'enseignement
pratique des langues. Les tableaux représentant
les divers classements des phonèmes sont dressés
intentionnellement les uns en transcription internationale
(planches 40, 48, 49), les autres en transcription
française (planches 50, 54, 59, 60), afin que
les utilisateurs de l'ouvrage s'habituent aux deux. Là
où la place le permettait, nous avons introduit exceptionnellement,
dans un même tableau (pl. 53), les
deux systèmes en ajoutant encore les signes de Boehmer
employés plus spécialement en linguistique comparée
des langues indo-européennes et des langues
romanes. On trouvera dans cette brochure, une liste
de tous les signes particuliers des trois notations, de
Rousselot-Gilliéron, de Passy et de Boehmer, qui figurent
sur les planches, et en regard de ces signes,
en guise d'exemples, des mots tirés de différentes
langues et contenant les sons qu'ils désignent. Pour
les détails, on consultera notamment le fascicule
14The Principles of the international Phonetic Association,
Londres, dernière édition 1949, et notre mise
à jour de la notation française dans les Actes du Colloque
de dialectologie
tenu au Centre de Philologie
romane en 1956 (extrait du Bulletin de la Faculté des
Lettres de Strasbourg
, t. 35, 1957, p. 286-292).

A la fin de l'ouvrage, nous avons cru utile d'ajouter
un petit recueil de kymogrammes, d'oscillogrammes
et de sonagrammes ; il pourra servir d'initiation
à la lecture de ces trois principaux types d'enregistrement
dont l'intérêt est bien connu et que les étudiants
de phonétique et de linguistique doivent savoir interpréter.

La majeure partie des documents publiés ont été
réalisés à l'aide des appareillages de l'Institut de Phonétique
ou du Centre de Radiologie de l'université de
Strasbourg. Cette collection a été complétée par quelques
électro-kymogrammes enregistrés, en collaboration
avec notre collègue, M. Jean-Denis Gendron,
au laboratoire de phonétique expérimentale qu'il dirige
à l'université Laval, tandis que les sonagrammes
proviennent du laboratoire de phonétique de l'université
de Montréal où ils ont été exécutés grâce à l'obligeance
de son directeur, M. l'abbé René Charbonneau.
Nous remercions tous nos collaborateurs, et plus
spécialement nos collègues canadiens, de leur précieux
concours.

Nous avons nous-même dessiné et annoté les
clichés et exécuté les tableaux et les schémas, et nous
15prions les utilisateurs de l'Album de bien vouloir
excuser leurs imperfections techniques.

G. S.
Québec, novembre 1964.16